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Par Gabrielle Viszs le 30 Septembre 2024 à 10:00
Auteur : Ludovic Miserole
Éditions : Mini+/Mplus éditions
Parution le : 15 aout 2024
397 pages
Thème : Polar Historique
disponible sur le site de l'éditeur
fait partie de la série
Le titre ne fait pas tout, pas vrai ?
Résumé
« Rose Keller est sans emploi depuis plus d'un mois. En ce dimanche de Pâques du 3 avril 1768, elle est réduite à mendier sur la Place des victoires, à Paris. En acceptant de suivre, pour un écu, un jeune homme soigneusement habillé qui a besoin de quelqu'un pour un peu de ménage, la jeune femme ne peut se douter qu'elle se dirige tout droit vers l'enfer. Elle ne sait pas encore que l'homme qui vient de l'engager n'est autre que Donatien Alphonse François de Sade, celui que l'on surnommera le Divin marquis... »Ma chronique
Ici il est question de la vie de plusieurs personnages, ou personnes car certains ont réellement vécu. L'auteur a effectué de nombreuses recherches et cela se ressent dans le récit. Cette affaire n'est qu'une goutte d'eau dans la vie de notre marquis qui ne pense pas comme tout le monde, ou plutôt qui n'agit pas comme la bienséance le lui permet. Nous avons bien entendu Rose, le marquis, mais aussi Julie qui cache bien des secrets, Renée-Pélagie la femme du marquis amoureuse malgré tout ce qu'elle sait sur lui et d'autres encore qui nous montre la véritable nature de l'Homme d'une manière générale. L'époque, le 18ème siècle nous montre déjà la misère, la révolution française n'est pas loin, mais pour le moment, le peuple se soumet comme il peut. Marquis ou roi, peu importe tant que chacun y trouve son compte, tant que personne ne parle. Car il s'agit de cela, les gens savent ce qui se passent derrière les portes closes, les fenêtres fermées à triple tour et pourtant... Il suffit qu'une personne arrive à garder le peu de d'honneur pour soi pour réussir à parler, sans contrainte. La difficulté est la même que ce soit maintenant ou avant : pouvoir s'exprimer sans crainte de représailles, sans crainte du regard des autres, sans crainte d'être montré du doigt et mis plus bas que terre, alors qu'ils ou qu'elles sont déjà dans le caniveau. Cette affaire explose aux visage de la famille du marquis, sa femme, mais surtout sa belle-famille et dans le lot, sa belle-mère qui est aussi médisante que mauvaise. Le titre est ce qui fait d'eux des personnes respectables et si pour cela il faut payer, grand bien leur fasse. L'argent ne coule pas à flot, mais il semble résoudre pas mal de choses. Bienvenue dans la noirceur de l'âme humaine !
Au travers des mots, nous en ressentons pas de jugement, uniquement des faits, des pensées, de la construction et surtout une situation très complexe. Sade est un libre penseur, un philosophe à sa façon, un écrivain entre autre, un homme qui a donné son nom à un certain penchant dans l'intimité. Le marquis a beau avoir un titre, il comprend que parfois sa vie peut être en sursis. Nous comprenons également qu'en cette période, tout s'achète... au détriment de l'espoir des uns, de la vengeance des autres, des non-dits par ci ou des doigts pointés autrement. Des faits qui ont malgré tout mis à mal la réputation d'un homme et l'a poussé à des extrémités afin de garder un semblant de sérénité ailleurs, mais pour combien de temps ? Et pour qui, surtout ? La retranscription des lettres, de rapports de santé, de juges nous apportent de nombreux éléments très intéressants. Nous sommes bien dans l'ambiance de l'époque avec l'écriture, les extraits et tout ce qui fait ce premier tome. Les faits sont détestables, pas de doute possible et le pire dans tout cela ? Les conditions dans laquelle ceux et celles qui subissent se font retourner le cerveau. Je n'en dirais pas plus, il faut le lire pour découvrir toute l'horreur psychologique qui s'applique minutieusement sur les victimes. C'est riche en vocabulaire, en descriptions (mais pas trop), en comparatif entre ceux qui ont les moyens de se défendre d'une manière ou d'une autre et le peuple. Quant aux scènes qui font frémir d'horreur vu les actes soulignés, elles sont subtiles, sans voyeurisme avec juste ce qu'il faut pour comprendre jusqu'où est capable la "folie" d'un homme. Je pourrais continuer à vous expliquer certains points, mais il serait bien plus judicieux de lire par vous-même cette histoire afin de prendre connaissance de tout ce que l'auteur est capable de nous faire ressentir entre ces pages.
En conclusion ? Le bien, le mal, la morale, l'argent, le pouvoir, les relations, l'envie, la vengeance, le Sade... Nous ne pouvons fermer les yeux sur certains personnages, ou personnes comme vous le désirez, l'oncle, le valet, le religieux, le médecin, l'avocat, la famille de Julie... Chacun des personnages a un passif qui parfois le renvois dans ses pénates. Parfois nous avons également la tête qui fait non violemment en comprenant qu'il vaut mieux taire que défaire. Mais qui a bien pu apprendre à certains d'entre eux que le silence est ce qu'il faut dans pareille situation ? Qui compte arrêter un jour ces hommes comme le marquis si personne n'ose parler ? L'histoire est vivante, on vibre avec eux, surtout avec Julie, pardon Rose de te mettre en second plan, mais Julie m'a énormément touché avec ce qu'elle vit depuis trois ans et ce qu'elle continue de vivre d'ailleurs. C'est précis et cela est difficile de détourner le regard des mots qui nous entrainent dans la noirceur des âmes. Ce ne sont plus les ruelles de Paris ou d'Arcueil dont il s'agit, mais bien de la nature profonde de l'être humain. Et cette "enquête", cette affaire, bien qu'elle aie réussi à faire du tort à la famille de notre cher marquis de Sade ne va pas non plus l'arrêter. L’histoire ne se termine pas à Rose. De nombreuses Julie risquent de se soulever et de montrer au grand jour toute l'infamie qu'un seul homme est capable de faire, avec le soutien des autres. J'ai hâte de découvrir comment l'auteur va bien réussir à faire mieux dans le prochain tome !
Extrait choisi :
« Sade s'agace.
- Qui vous dit que je les hais ? Ce ne sont pas les femmes que je déteste. Ce sont toutes les créatures de la Terre, moi compris. Cette haine qui me consume me fait mépriser la morale et me rend plus lire. Je vis avec intensité. Mais tout cela, vous ne pouvez pas le comprendre. J'éprouve un sentiment de puissance quasi divine lorsque ces corps sont à ma merci. Ils sont à moi. J'ai le droit de vie ou de mort sur eux. Point d'esprit emprisonné par des règles. Point de bienséance. Tout n'est qu'une jouissance à l’état pur.
- Votre jouissance. Votre plaisir. Tous ces jeux ne tournent qu'autour de votre petite personne. Vous rendez-vous compte que vous risquez de tout perdre ?
- Cessez de vous alarmer ! Il en a toujours été ainsi. C'est la loi du plus fort. Les puissants font ce que bon leur semble et les gueux n'y trouvent jamais rien à redire à condition de les gratifier de quelques monnaies sonnantes et trébuchantes. »
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Par Gabrielle Viszs le 29 Septembre 2024 à 15:05
" Rose Keller est sans emploi depuis plus d'un mois. En ce dimanche de Pâques du 3 avril 1768, elle est réduite à mendier sur la Place des victoires, à Paris. En acceptant de suivre, pour un écu, un jeune homme soigneusement habillé qui a besoin de quelqu'un pour un peu de ménage, la jeune femme ne peut se douter qu'elle se dirige tout droit vers l'enfer. Elle ne sait pas encore que l'homme qui vient de l'engager n'est autre que Donatien Alphonse François de Sade, celui que l'on surnommera le Divin marquis... "
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