• Les inconnues de l'île d'Orléans, tome 2 : Anceline (Sonia Alain)

     Résumé 

     
    « Mai 1792. La grogne du peuple français envers les aristocrates est désormais intenable. La jeune Anceline Gobeil doit fuir pour survivre, car on la considère comme une traîtresse. Étant au service du baron de Ferrand et de sa famille, elle n’hésite pas à les suivre sur un bateau de marchandises en partance pour Québec. Ils échappent ainsi à une mort certaine, mais devront se bâtir une nouvelle vie en terre inconnue. La baronne, Constance, profite de la traversée pour adopter Anceline en secret et lui attribuer son nom prestigieux, ce qui lui confère la protection réservée à l'élite à bord du navire. L’ancienne roturière doit alors prendre garde à ne pas éveiller les soupçons du capitaine Antoine de Savoie. Heureusement pour elle, un noble passager, Albéric de Grandmaison, intervient en sa faveur. Une fois à destination, Anceline et sa nouvelle famille s’installent sur l’île d’Orléans. Albéric est retenu dans la Vieille Capitale pour des raisons politiques, mais rêve de le rejoindre en secret. Les de Ferrand réussiront-ils à se tailler une place dans cette région inhospitalière ? Le passé d'Anceline, qui trahirait son statut d'intruse parmi son clan richissime, va-t-il finir par la rattraper malgré la distance ?  »

     

     Ma chronique

     

    Deuxième et dernier tome de cette duologie et même si ce n'est pas un coup de cœur comme pour le premier, j'ai adoré cette nouvelle aventure. Il débute comme le précédent, à savoir une famille de noble qui doit fuir la France en pleine Terreur, qui veut survivre. Sauf qu'eux vont déjà y perdre beaucoup avant de pouvoir arriver jusqu'à l'embarcadère. C'est une famille que nous avons vu à plusieurs reprises dans le premier tome, il s'agit des de Ferrand. Le couple et leur fille Anceline se retrouve dans le même bateau, celui de notre cher Capitaine Antoine de Savoie qui avait déjà un rôle dans le premier et en a un nouveau dans celui-là, un peu plus important je dirais même. Anceline connait donc Anne-Françoise ainsi que sa famille, ainsi que le "fiancé" de l'ainée. Une Anceline qui tremble de peur avec tout ce qu'elle a vu, subit et les cauchemars ne s'arrête pas en si bon chemin. Nous voyons donc la traversée par les yeux d'Anceline, avec ses propres suppositions, ses frayeurs et le fait que ce cher Antoine semble connaître son secret, celui dont elle a le plus peur. Ce Capitaine est malgré tout ce que nous connaissons déjà de lui, un gentleman et il est tenace. Il ne lâche rien, absolument rien et va se rendre compte qu'il n'est pas le seul homme à être ainsi. Sauf que lui est un... gentil on dira et que d'autres ne le sont pas. Des rôles où la peur est présente, où les mauvais souvenirs également et où le secret de notre héroïne semble lui pourrir la vie, parce qu'elle ne veut pas être une opportuniste et surtout que les de Ferrand puissent avoir des ennuis.

     
    La nature profonde de Anceline est encore plus douce que Anne-Françoise, mais sauvageonne à sa manière. Elle ne veut faire de mal à personne et cette idée d'être présente, d'être en vie alors que d'autres ne le sont pas, lui fait du ma également. Recommencer à zéro, oui, pour eux trois c'est une obligation, mais le prix à payer est lourd, excessivement lourd. Chaque minute ensemble les ramène à cette fameuse soirée où ils ont tous perdus les uns comme les autres. Chaque minute passée ensemble les aide également à remonter la pente un peu plus chaque jour. Les douleurs psychologiques sont toujours plus douloureuses qu'un bleu ou un coup.Et lorsque vous avez un auteure sadique dans les parages, ce ne sont que le début des ennuis. Alors que nous apercevons un peu de ciel bleu, le cœur est plus léger, pas vrai ? Que nenni, l'effroyable se produit. Entre les souvenirs qui remontent sous la forme de fantômes bien vivants et d'autres bien morts, Anceline et sa famille formée vont devoir se battre un peu plus. Ce n'est pas parce qu'ils sont "nobles" qu'il ne faut pas oublier ce nouveau départ. Se retrouver à plusieurs familles dans e village ou pas loi peut être une aubaine ou au contraire une malédiction. Pour nos personnages, ils verront de tout et saurons vers qui se tourner. L'éducation n'a pas l'odeur de l'argent, nous le constatons en voyant comment les habitants, les villageois, les employés, les patrons, et autres protagonistes réagissent ou agissent. Il suffit parfois de peu pour faire basculer un homme ou une femme du mauvais côté et depuis le premier tome, nous suivons plusieurs personnages dont un qui m'a franchement déçu. Je n'en dis pas plus à ce sujet, il vous faudra le lire pour le découvrir.
     
     
    Il est vrai que ce n'est pas un coup de cœur et Sonia sait pourquoi : j'ai eu l'impression d'avoir des redites entre le premier et le second tome, ce qui est logique, vu que nous avons deux lignes parallèles mais avec des personnages différents, qui se rejoignent par moment. Des faits qui nous donnent l'impression de déjà-vu, par chance ce n'est que sur deux ou trois chapitres grand max. Passé ce petit bémol, les événements se succèdent rapidement dans le sens où Anceline ne va pas avoir de véritables journées de repos. Tout comme Anne-Françoise, elle va changer de vie et à deux reprises. C'est un brin de femme qui doit être forte pour les autres et pour elle-même, avec tout ce qu'ils ont subi en plus de cette Terreur, être un homme ou une femme dans son cas à abattre n'est pas de tout repos. La méchanceté gratuite est de mise et s'ils tombent sur les bonnes personnes, ce n'est pas toujours le cas. Surtout quand les révolutionnaires qui étaient déjà dans le premier tome semblent prendre un peu plus le pas dans ce second et apporter beaucoup d'ennuis. Il vaut mieux faire attention à ses fréquentations. Notre jeune femme doit donc faire très attention à ce qu'elle doit dire, faire ou montrer, même si sa "mère" madame de Ferrand adore la titiller dans le bon sens. Elle m'a fait penser à la maman de Gauvin qui cherche toujours à fourrer son enfant quelque soit l'âge qu'il a dans les pattes du sexe opposé, pour y voir déjà des petits-enfants ? Enfin, toujours est-il que ce second tome, nous baignons dans pas mal de confusions, avec ce secret qu'ils doivent porter tous les trois, que Anceline a du mal à s'y faire et qu'elle doit en plus chasser les démons de son passé qui lui reviennent en pleine figure (sans oublier les nouveautés depuis l'embarcation qui la poursuivent, bande de vilains !) Tiens un petit mot sur Antoine : j'ai adoré sa façon de voir les choses, d'aller contre son père bien-pensant et surtout c'est un homme d'honneur !
     
     
    Un tome où les rebondissements sont imposants, où il vaut mieux ne pas s'attacher à trop de personnages et le froid va vous être fatal. La neige, quand j'étais petite, j'adorais jouer dedans, faire des boules de neige, imaginer un ours et entendre mon père le jouer. Sauf que dans la vraie vie, dans ce type de nature, les ours sont pères mais bien en chair et en os et ils sont énormes et avides de chairs fraiches, comme les loups et autres animaux de cet acabit. Les promenades devraient être interdites, je dis cela, juste par précaution. L'Histoire est affolante, les courses-poursuites sont intenses, les moments de calmes bien trop courts et la réalité ne dépasse pas toujours la fiction. Sonia nous entraine sur des chemins périlleux où l'amour est gagnant, mais à que prix ? parfois il y a des pertes humaines, parfois des matériaux, des syndromes psychologiques ou physiques douloureux. La plume est plus acérée par moment, mais il faut bien cela lorsque les personnages sont plus mesquins, mauvais encore et prêts à tout pour obtenir ce qu'ils désirent. Le pouvoir, l'argent n'est rien en pleine forêt et certains auraient dû se poser la question avant de vouloir tenter d'obtenir gain de cause par la force. Les personnages évoluent et il est vrai qu'à cette période, bon sang ! Le manque de communication se fait ressentir, surtout entre deux personnes de sexe opposé. Pas de trio amoureux (j'ai vraiment eu peur à un moment donné que Sonia parte dedans) juste des sensations, des émotions, des sentiments, des ressentiments et du dégout aussi. Nous retrouvons Albéric certes, mais aussi Antoine, Anne-Françoise, Gauvin et Ludovic (mouais lui on aurait pu s'en passer surtout vu la fin du premier tome bien entendu) et tous ceux qui ont fait de cette duologie autant de péripéties.
     
     
    En conclusion, un second tome qui ne suit pas le premier, mais qui est en parallèle de la première histoire, donc nous avons quelques plans qui sont repris. Des personnages qui vont et viennent, qui font leur vie malgré les aléas, malgré leur ressentiment, leur fuite, leur peur. Les émotions sont présentes, les secrets aussi et la noblesse du cœur est bien plus importante que celle d'un titre. L'histoire d'Anceline est différente, plus brute de part son passé, le choix d'avoir accepté d'aider les de Ferrand et de devenir quelqu'un d'autre à plusieurs reprises. Sa vie prend un sacré tournant. Son courage est immense et pour cela il lui fallait un "adversaire", que dis-je un homme capable de voir au-delà de ce quelle peut donner en apparence. Je suis ravie d'avoir la fin tant attendue pour elle et ceux qui restent. Sur ce, je vous souhaite une bonne découverte !
     

     Extrait choisi :   

     

     « Anceline figea net dans son élan, étonnée par le comportement inattendu du capitaine. Elle pinça les lèvres, suspicieuse. Elle n'avait pas l'intention de se faire berner si facilement, si c'était le but inavoué de cet homme. L'absence de sourire chez la jeune femme n'aida pas à alléger l'atmosphère, et Antoine en fut déçu. Il aurait aimé parvenir à la dérider un peu, mais Anceline de Ferrand n'était pas prête à lui pardonner. Il en eut la confirmation lorsqu'elle s'adressa de nouveau à lui.
    — Certes, je vous suis reconnaissante de m'avoir secourue lorsque j'étais aux prises avec les insurgés au moment d'embarquer à bord de votre goélette, mais là s'arrête ma gratitude. Nous n'avons rien en commun, vous et moi, vous le savez.

    Mais ? la coupa Antoine avec un déplaisir évident.
    Elle lui lança un regard noir en retour. L'expression taciturne de l'aristocrate lui déplaisait.
    Mais je ne vous apprécie pas, lâcha-t-elle d'un ton qui le prit de court. »

     

     

     

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  • Les inconnues de l'île d'Orléans, tome 1 : Anne-Françoise (Sonia Alain)

     Résumé 

     
    « Mai 1792. Après avoir été prise en chasse par des révolutionnaires en furie, la famille de Grandmaison quitte la France in extremis, laissant derrière elle ses terres, sa fortune et ses titres de noblesse. Fuyant à bord d’un bateau de marchandises, elle arrive quelques semaines plus tard à Québec, avant de finalement élire domicile à l’île d’Orléans. Pour Anne-Françoise, c’est un soulagement de se retrouver loin du monde qu’elle a connu, croyant enfin avoir échappé au mariage arrangé par son père avec l’infâme Ludovic Clifford.
    Or, après une visite au magasin général qui tourne mal, la jeune femme prend conscience qu’il ne sera pas si facile de faire sa place parmi les habitants du petit village. Comble de malheur, son prétendant revient la traquer en commettant des gestes plus perfides les uns que les autres pour forcer leur union.
    Heureusement, Gauvin Lebrun et ses proches, des insulaires voisins, prendront Anne-Françoise sous leur protection et tenteront de lui apporter leur aide.
    Mais cette aristocrate, arrachée à leur passé et inconnue de tous, pourra-t-elle un jour trouver sa place sur cette île majestueuse qu’elle peine à apprivoiser ?  »

     

     Ma chronique

     

    Il s'agit d'une lecture perso que j'ai lu début décembre et je ne sais pas pourquoi j'ai attendu pour écrire ma chronique, comme pour celle du tome suivant. Bref, me voici avec un coup de cœur pour ce premier volet de cette duologie  en pleine Terreur Française. Enfin le début, nous sommes en France et la Grande Terreur est bien en place. Les Nobles se font massacrer les uns après les autres et il leur faut fuir rapidement, tous autant qu'ils sont. Si certaines familles sont malheureusement bonnes avec leurs employés, cela ne suffit pas et seule la fuite est capable de les sauver. C'est le cas de la famille Grandmaison qui doit échapper à ses assaillants. Bertrand le père est odieux, ne pense qu'à récupérer le plus de possessions possible, mais il emmène malgré tout avec lui sa femme et ses enfants. Si vous saviez pourquoi, cela va vie vous faire déchanter. Albéric est virulent vis-à-vis de son père parce que ce dernier est tout sauf un homme bon, surtout qu'il a décidé de "vendre" sa fille ainée au plus offrant qui n'est autre qu'un homme exécrable. Albéric est protecteur envers ses frères et sœurs, ainsi que leur mère, mais si le père avait pu être oublié sur les quais du port, j'en aurais été très heureuse. Pourtant ce n'est  pas faute au fils ainé d'avoir assommé le père pour l'embarquer dans les valises. Bref, notre famille se voit échapper de peu au sort funeste de la plupart des nobles de l'époque et se retrouvent avec d'autres familles sur le bateau de marchandises du Capitaine Antoine de Savoie qui aura pas mal de rôles à jouer dans cette duologie.

     
    Albéric, Anne-Françoise, Philomène et Joseph sont les "enfants" de cette famille que nous découvrons un peu plus à chaque page tournée. Bertrand le père, Jeanne la mère et Hubert l'homme à tout faire doivent totalement changer de vie. En partant pour l'île d'Orléans, ils ont tout quitté et doivent recommencer à zéro. Si pour Philomène et Joseph, les plus jeunes, c'est facile, pour Anne-Françoise c'est plus compliquée. Son éducation de jeune femme à marier est véritablement dans l'optique d'être une dame. Mais pour survivre à leurs besoins, elle va évoluer et modifier son comportement. Être hautaine n'est pas forcément dans ses gênes, disons que sa manière d'être est précieuse, mais pour autant elle a un cœur bon et veut bien faire. Apprendre à faire des confitures, du jardin, du pain sont des priorités dans leur nouvelles vies, car les hivers sont rudes. Et qui parle d'hiver, il faut penser à se chauffer également. Albéric prend son envol, il est souvent absent dans ce tome et nous en savons déjà avec des éléments disposés un peu partout dans le récit, et encore plus dans le second. Quant à Jeanne, la mère, elle va devoir se "salir" les mains, mais cela ne la rebute pas. J'aurai adoré en savoir plus sur elle et sa propre famille, car elle tient très bien les rênes de celle qu'elle a crée et son caractère, face à son mari est, je ne dirais pas parfait, mais j'ai adoré la façon de lui tenir tête à ce bourricot. Il n'y a pas d'autres mots pour un homme capable de vendre sa famille pour des terres, de la puissance, des titres de propriétés, bref pour tout et rien. Hubert est un personnage que j'ai beaucoup apprécié, qui connait sa propre valeur et celles de ceux dont il sert (on peut enlever le père dans le lot bien entendu).
     
     
    Une nouvelle vie, dans des lieux où la noblesse est mal vu et nous allons la prendre de plein fouet. Sans même chercher à les connaître, cette famille va subir quelques outrages de l'époque et cela aurait pu continuer longtemps si la famille Lebrun n'avait pas mis leurs nez dans cette affaire. Un certain Gauvin qui a déjà un passé compliqué, une maman qui est adorable et n'hésite  pas à prendre soin des siens et des autres sans compter qu'elle pousse pas mal dans un certain sens. Une femme que j'adore et qui va se lier d'amitié avec Jeanne. Les complicités qui vont se créer entre leurs enfants en bas âge et la mère d'Anne-Françoise font très plaisir à voir. Ils arrivent à voir au-delà de l'apparence et savent se souder les uns envers les autres. Une histoire qui aurait déjà pu être simple, des familles qui doivent disparaitre de la France (nous suivons également celle des de Ferrand sur le bateau et nous les entrevoyons par endroit), recommencer à zéro dans un nouveau pays, avec de nouvelles lois, des problèmes en vue, un statut différent, du travail à profusion, des sentiments naissants. Oui, mais voila, avec Sonia, rien n'est aussi simple (oui je sais déjà c'était complexe ce que je vous offrais). Nous avons le père qui est au abonné absent pour bien des raisons, tout comme Albéric, la présence de Gauvin Lebrun qui titille quelque peu, la société qui commence à penser que les nobles français n'ont rien à faire cela et devrait peut-être les pourchasser aussi, la révolution française commence à faire bouger les choses partout dans le monde, sans oublier que pleurnicheur de Ludovic Clifford de mes... bref, arrive à tenir le cap. Méchanceté, trahison, faux-semblants, la vie si simple que Jeanne aurait voulu pour ses enfants est devenue difficile.
     
     
    Un tome où il est impossible de se dire que tout est calme. Entre les poursuites meurtrières du départ, les divers rebondissements de la part du passé des personnages, de leur ressenti, de leur vécu, de leur présent et de cet hypothétique avenir de se retrouver entre les pattes d'un fou... C'est tout bonnement renversant ! Le suspense est au rendez-vous et il ne faut pas s'attendre à un long fleuve tranquille, loin de là. Je crois avoir lu tous les livres de Sonia et aucun n'est calme. c'est ce que j'aime dans sa plume, elle est incisive par moment, tout en rondeur à d'autres, apportant un nouveau souffle, de la fluidité, du charme et surtout elle cherche toujours à se rapprocher au plus près des faits réels. Bien entendu, lorsqu'elle dévie, ils sont indiqués en fin de livre, vous ne pouvez pas les louper. Partir de l'Histoire avec un grand H et se retrouver sur une famille qui va tout changer. Je ne parle pas de changer le monde, mais changer sa vie, celle de faire un reset, de recommencer à zéro et de montrer ce dont les Hommes et Femmes de bonnes volontés sont capables de faire : Travailler, ouvrir leurs bras, devenir quelqu'un d'autres et de meilleurs pour la plupart d'entre eux, ouvrir leur cœur. Bien entendu, les rebondissements ne sont pas tous bienvenus, ça je peux vous le garantir, Sonia sait ce que j'ai pensé à chaque fois et heureusement j'évite les gros mots. Tout s'enchaîne, entre les mauvaises nouvelles, les fermetures de portes, le froid qui s'installe, les mesquineries... Les cadeaux de Noël ont intérêt a vraiment être beaux ! C'est aussi des moments où Anne-Françoise ainsi que sa famille vont apprendre les choses simples de la vie. C'est amusant et émouvant de tous les voir évoluer d'une certaine manière, plus ou moins rapidement à leur environnement.
     
     
    Gauvin et sa famille sont des gens bien, plein de bonnes volontés, protecteurs envers eux-même. Les regards, les soupirs, les renfrognements, les batailles diverses, un mariage qui pourrait être forcé, des disparitions, des feux déclenchés, des coups de feu et la peur de perdre un être cher. Tout cela n'est que le haut de l'iceberg ! L'aventure dans laquelle nos personnages et donc nos principaux Gauvin et Anne-Françoise est compliquée. Eh oui, une fois de plus ! Entre leur différence de rang, le fait que  Gauvin est un homme, bourru de surcroit, travailleur, n'ayant pas peur de se salir les mains, parlant souvent trop fort au caractère trempé, vivant au village depuis... si longtemps et son passé qui le hante sans cesse... Et puis Anne-Françoise qui est une fleur délicate, fragile, douce, mais démontrant un caractère de feu par endroit, réussissant à se sacrifier à plusieurs reprises pour sa famille. De nombreux bâtons dans les roues, de nombreuses embûches pour les imaginer peut-être un jour dans un bel avenir. Mais avant tout cela, il va falloir surmonter de sacrés obstacles et la première sera sa propre peur. Nous ressentons toutes les émotions, tous les sentiments fortement aussi bien avec eux deux qu'avec les autres personnages. La fuite, le fait de changer de vie va leur donner des aperçus et surtout leur apprendre à ce qu'il faut faire et ne pas faire. Un apprentissage dur, mais nécessaire et de surcroit, il démontre également la capacité de chacun à s'adapter aussi bien aux gens qu'au climat.
     
     
    En conclusion, un premier tome qui a été un coup de cœur monumental. Une histoire de famille qui doit tout quitter, faire des choix les forçant à se séparer par moment pour assurer le mieux aux plus jeunes. Une histoire qui aurait pu arriver à n'importe quelle famille de noble à cette époque où la vie n'était plus aussi précieuse pour le peuple. Le côté historique est admirablement bien fourni et la romance prend sa place, certes, mais les personnages n'ont pas de gestes qui ne vont pas en adéquation avec le récit. Des personnages qui évoluent en se collant le plus possible à la réalité. C'est une plume envoutante et entraînante que j'ai eu entre les mains. Du début à la fin, nous avons le cœur qui palpite, les mots prêts à sortir d'entre les lèvres pour râler (hum en fait ils sont sortis chez moi) et une fin digne de ce nom ! J'adore quand un plan se déroule sans accroc et vous me connaissez à force, je vous recommande de découvrir ce titre avec un immense plaisir.
     

     Extrait choisi :   

     

     « — Qui est cet homme ? répliqua-t-il d'un air bourru en désignant Gauvin du doigt, sans même répondre à la question que sa sœur lui avait posée.
    Anne-Françoise fulmina davantage. Son frère se comportait comme le dernier des crétins et faisait preuve d'un manque embarrassant de savoir-vivre.
    — Il s'agit de l'un de nos voisins venus nous prêter main-forte pendant votre absence, à père et à toi, dit-elle avec froideur. Sans son aide, ainsi que celle de sa famille et de ses amis, nous n'aurions probablement rien pour passer l'hiver, poursuivit-elle d'un ton accusateur, ni nourriture ni bois pour nous chauffer. La moindre des choses serait que tu te montres poli avec lui, termina-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
    Albéric perçut la réprobation évidente de sa sœur avec une acuité dérangeante. Il était vrai qu'il avait été parti durant une longue période, sans songer à ce qu'il advenait des siens... »

     

    Les inconnues de l'île d'Orléans, tome 1 : Anne-Françoise (Sonia Alain)

     

     

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