• Un automne pour te pardonner (Morgane Moncomble)

     Résumé 

     
    « Avocate en devenir, Camelia est passionnée de crimes non résolus. Ça tombe bien, Rory Cavendish, son ancien bourreau, vient de mourir mystérieusement. Le présumé coupable du meurtre, c’est lui. Lou McAllister.

    Le meilleur ami de Rory. Le garçon qui l’a humiliée il y a dix ans et qu’elle n’a jamais oublié depuis. Camelia saisit cette chance pour résoudre sa première enquête... et satisfaire sa soif de vengeance.

    Lou a toujours été le mouton noir de sa famille, mais il ne s’attendait pas à finir en prison pour meurtre. Du jour au lendemain, le voilà abandonné par tous ceux en qui il avait confiance. La seule personne à pouvoir le sortir de là, c’est elle. Camelia O’Brien.

    La première victime de Rory. La fille qu’il a blessée plus jeune et qui hante ses pensées depuis.

    Lou est prêt à tout pour se faire pardonner ses péchés... et repartir de zéro. »

     

     Ma chronique

    Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu en commun avec quelqu'un d'autre. C'est chose faite et je peux vous assurer que je recommencerais ! Merci à Murmures littéraires d'avoir fait cet essai avec moi, je pense que je l'ai fais autant rire que peur, c'est donc parfait ! Le choix du livre a été sans chercher plus loin, n'ayant jamais lu cette auteurs, je me suis dis qu'en romance psychologique cela devrait passer pas trop mal. Il est vrai que j'en ai lu de la romance il y a loooonnnnnngtemps, mais cela fait bien des années que j'ai du ma avec ce thème et reprendre avec du psychologique, un cas de harcèlement, un meurtre, des secrets et une vengeance potentielle ? Hum, cela me tentait bien. C'est donc avec "un automne pour te pardonner" que j'ai remis le pied dedans. Je ne sais pas si j'en lirais d'autres avant la fin de cette année, mais j'ai fais l'effort (qui ne m'a pas fais grand mal, heureusement). Bref, un tome qui est un premier tome d'une saga, mais si je ne l'ai pas mis dans le titre, c'est pour une raison : la fin de ce livre est sur le "couple" indiqué dans le résumé et les suivants seront en fonction d'autres personnages que nous apercevons. Donc vous pouvez vous arrêter avec celui-là, ou continuer, c'est au choix.


    5 ans auparavant (et non comme indiqué dans le résumé 10 ans...) Camelia a vécu un enfer personnel au sein de son lycée. Elle qui croyait trouver des amis a malheureusement eu le regard de trop : celui de Lou. Celui de ce jeune homme qui a commencé à la regarder comme IL regardait Rory. Et ça, ce dernier ne l'a pas accepté. Camelia a connu le harcèlement scolaire et il lui a fallu des mois pour s'en détacher. Même encore maintenant, elle a toujours un regard en arrière, la peur de le voir apparaitre, ce Rory et sa bande. Une bande de gamins (pour ma part, il s'agit de cela), de gamins friqués qui veulent et se permettent tout, parce que papa (ou maman hein) sont là pour les sortir de la panade. 5 années se sont écoulées et Camelia est en passe de devenir avocate. Sa peur, elle l'a transformé autrement et ne cherche pas à savoir ce qu'ils veulent, même s'ils sont sur le même "campus". Alors, lorsqu'un soir, elle rentre chez elle et qu'une femme l’accoste pour lui parler de Rory. Enfin, lui en parler, lui indiquer qu'il est mort et qu'elle est sur son testament... La bonne blague ! voila que la victime se retrouve sur le testament du harceleur ? La question se pose en même temps qu'elle, qu'a-t-il bien pu encore prévoir comme mauvaise idée ? Alors forcément lorsqu'il s'agit d'un crime, que le testament s'ouvre avec elle et une partie de sa bande, que l'un d'entre eux manque à l'appel car en prison et que la lettre que reçoit Camélia le jour de l'ouverture est particulière... C'est une enquête qui se profile à l'horizon pour savoir QUI a vraiment tué Pamela Rose, euh pardon, Rory.


    Un jeu dangereux s'installe à la Sherlock Holmes où Camelia va se retrouver face à ses démons en chair et en os, mais aussi dans ses souvenirs. Des souvenirs qui refont surface où la méfiance est de mise. Comment faire face à l'un de ses harceleurs qui se retrouve dans une position instable, où sa liberté est compromise et où VOUS êtes la seule personne qui serait susceptible de l'en sortir ? Personnellement, je ne m'en occuperais pas ! Camelia veut sa vengeance et se montre féroce. Elle ne lâche rien, car même si elle "n'aime pas" Lou, il est impossible pour elle qu'il soit le tueur de sang froid de Rory, cet être qui a montré des capacités de méchanceté au summum. C'est dans ce jeu que nous découvrons les personnages. Alors oui, nous avons Camelia et Lou, Rory également, mais aussi le frère jumeau de ce dernier, Alastair, Gidéon et bien sur l'ex-copine j'ai nommé Skye. Des êtres vraisemblables avec leurs défauts et ils en ont, mais aussi des qualités (enfin j'avoue que je les cherche encore...) Le fait d'avoir de l'argent les mènent au pouvoir, celui qui peut écraser n'importe qui, se moquer de n'importe qui comme ils le désirent et surtout de faire de qui ils veulent une proie facile. Un système bien rôdé, pour le malheur de Camélia a cette époque de la vie où les futurs adultes se construisent une identité. Camelia a su s'en sortir, mais dans la réalité, combien sont encore dans leur passé ? Elle a donc trouvé une manière de se défaire de cette emprise et a continué sa route coute que coute. Bien entendu les séquelles sont bien présentes et rien ne pourra lui apporter une véritable paix. Ce jeu de piste est dangereux sous bien des critères, plonger au cœur d'un mystère où la mort d'un être mal-aimé au final reste suspecte. Si ce n'est pas Lou, alors il s'agit de quelqu'un d'autre qui est encore dehors. La difficulté pour les personnages de s'en sortir sans une égratignure va être complexe et aucun d'entre eux ne sera véritablement indemne à la fin.

    Chaque personnage a un secret, une honte, un moment qu'il ne voudrait pas que les autres connaissent, une faille. Et c'est là que vient les gouffres dans un "clan". Chacun se tient l'un l'autre, par des mots, des regards, une tenue particulière. Un secret honteux, une vision de l'autre, un peu plus de pouvoir oui  ! Mais pour le reste, la chute sera rude. Beaucoup d'éléments dans cette histoire m'ont plu. Je vais essayer de faire au mieux. Déjà la plume est incroyable. On ressent le travail, la recherche dans le vocabulaire, des exemples de certains livres et je dois dire que j'ai été curieuse de voir d'où était l'auteur. Elle a de très bons appuis et je suis contente d'avoir découvert son style d'écriture. L'intrigue en elle-même est très intéressante et par-dessus tout c'est la psychologie des personnages qui est bien étudié, même s'il m'a manqué des choses. Je reviendrais plus tard à ce qui m'a manqué. Ces jeunes adultes ont tous un passé que nous découvrons au fil des pages. Entre une vie désinvolte cachant un mal-être, une peur de ne pas être reconnu comme imposant, des parents qui payent mais non présents, des parents qui s'en fichent royalement de leur progéniture pour X ou Y raisons, le regard des autres qui malheureusement ne devraient pas être importants l'est à cet âge de construction... Chacun d'entre eux a un destin tracé plus ou moins et une volonté de ne pas montrer ce qu'ils ressentent. Résultat des courses ? Beaucoup de faux-semblants, de cachotteries, de secrets inavouables, de double vie et de bien d'autres choses comme l'utilisation de bonnes poires par exemple. J'ai aimé suivre Lou qui cache bien son jeu durant un temps (à savoir sur peu de pages) car lorsqu'il est confronté aux autres, il a beau faire le dur, ce n'est qu'une guimauve qui risque de finir les pieds devant. Rory qui était très complexe (car nous avons le livre sous plusieurs vues dont la sienne) et c'est intéressant de chercher à le comprendre et voir comment il en a fini. Les références littéraires, j'ai adoré et c'est ce qui m'a mis la puce à l'oreille très vite, trop vite je pense, car une fois que mon choix était lancé, j'ai eu du mal à apprécier.

    J'en viens à ce que j'ai moins aimé, mais je précise de suite, étant une adepte des thrillers psychologique, ce roman est différents et j'ai ressenti des manques. La psychologie des personnages oui, mais celle de Camélia m'a perturbé. Je ne peux en dévoiler plus, mais le pardon (c'est le titre) est bien trop rapide à mon gout, comme certaines scènes dans le château lors de fouille, euh... Il pourrait y avoir n'importe qui qui entrerait à ce moment précis... Je désolais déjà de ce type de scène dans des fantastiques quand il n'y en avait pas besoin, bref. Cela a beau être une romance psychologique, oublier ce qui s'est produit et pardonner si rapidement, non, je n'adhère pas, désolée. Le fait d'avoir trouvé du début (après les 3 premiers chapitres, j'avais dis à murmures Littéraires ce que j'en pensais) ce qui s'était produit était vraiment dommage, trop d'indices pour le coup. Un point par contre n'était pas dans mon esprit, mais comme je ne veux rien dévoiler, il va falloir le lire pour savoir de quoi je parle. J'ai trouvé des incohérences au final : cette fameuse scène donc du dessus, le fait de réussir à s'enfuir ainsi, trouver un appartement sans avoir l'adresse, le piratage (alors là je me suis demandé ce qui se produisait tout de même vu la manière dont les éléments se produisent on dirait dans le désordre). Et puis je suis désolée, mais des passages secrets dont on n'a jamais eu le moindre mot et ce qui en découle. Une petite chose qui est vraiment affaire de gout, mais des mots ou des phrases rayés dans un texte, même si je comprends pourquoi c'est fait, je n'aime pas du tout. Il y a d'autres façons de montrer que le personnage pense quelque chose et ne veut pas le penser par exemple, que le rayer, c'est comme si le texte n'était pas complètement corrigé. (ce qui n'est pas le cas, bien entendu, le texte ne souffre pas de coquilles) Plein de petits détails, car même si ce n'est pas ce qui a fait le livre, cela m'a malgré tout chagriné.

    J'aurai aimé plus de détails sans tomber dans le thriller bien entendu, mais rester dans la cohérence de certains faits. La fameuse nuit de bizutage je suis restée assise ne comprenant pas ce qu'elle faisait là. Bref, si certains points de psychologie m'ont plu d'autres moins. Je n'ai pas réussi véritablement à m'attacher à un personnage, ressentir de la compassion, de la pitié, de la haine aussi, ça c'est certain, mais pas plus. (OK, c'est déjà pas mal en soi, je l'accorde) Les mots de l'auteur pour les passages du passé, pour les visions de chacun sont au plus juste. Les pourquoi semblent futiles et pourtant il s'agit d'un âge où le paraitre est le plus important (je travaille en collège, je le voit déjà, alors au lycée n'en parlons même pas). Ce besoin de reconnaissance coute que coute va faire ressortir le meilleur et surtout le pire de chacun. Nous découvrons des êtres humains qui ne s'arrêtent pas à 'apparence pour certains. Ils vont loin, imaginent loin et surtout le pire n'est qu'un mot pour eux, alors que pour d'autres il s'agit d'une vraie raison de vivre. Vivre le pire, ou donner le pire à un autre. Rory était mauvais, mais qui voulait le tuer ? Qui a réussi ? Qui peut dire réellement si Skye, Gidéon, Lou et Alastair étaient de véritables amis ? Personne ne le peut et l'enquête menée nous prouve bien des choses. Quelques rebondissements m'ont eu et j'en suis ravie, même si pour le coup certains protagonistes ont pris cher. Les vidéos sont souvent ce qu'il y a de mieux comme preuves, pas vrai ?

    En conclusion, oui, j'ai trouvé du très bon dans ce tome et du "un peu moins" selon mes gouts bien entendu. L'écriture est fournie, l'enquête même si certains événements (et lieux) m'ont paru trop gros se laisse lire sans problème. Il m'a surtout manqué plus de points à creuser, tandis que d'autres auraient pu être évités à mon sens. Le traumatisme est fort, bien amené et aurait pu être un peu plus développé pour mieux comprendre (car il existe tellement de formes de harcèlement et le peu que nous avons me faisait penser que Camélia ne leur parlerait jamais, hors c'est le contraire) et le pardon trop rapide à mes yeux. Le point que j'ai adoré reste la relation entre Rory et Lou, la façon dont ils ont évolué ensemble, tels des aimants. Le passé dans le regard de l'un et de l'autre nous laisse des instants où leur amitié est plus que cela, leur "amour" n'est pas feint. Ce contact entre eux, cette déchirure également qui ne les a pas laissé indemne. Un amour fou, passionné qui a été parfaitement décrypté du côté de l'un de ces deux personnages par l'auteur.
     

     Extrait choisi :   

     

    « Camelia me regarde, le visage empreint d'une nouvelle et surprenante empathie. Cela m'agace, parce que je ne veux pas qu'elle ait pitié de moi. En même temps, c'est la seule question que je me pose jour et nuit.
    - Tu sais ce que ça veut dire, n'est-ce pas ?
    Je lève les yeux vers elle, silencieux. Je sais que nous pensons la même chose, ais quelqu'un doit le dire à voix haute.
    - Si Rory a laissé des lettres qu'à nous six... Ce n'est pas un hasard.
    Nous nous défions du regard en silence. Je n'ai pas osé lui en parler avant, mais il faut se rendre à l'évidence : Rory se joue de nous. Il l'a impliquée pour découvrir la vérité... et la personne qui l'a tué fait partie de notre petit groupe. 
    »

     

    Un automne pour te pardonner (Morgane Moncomble)

     

     

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  • De la nuit naît l'aurore (Elodie Morgen)

     Résumé 

     
    « À seulement 3 ans, Abygaël a terrassé le cancer qui grignotait vicieusement son cerveau.
    Désormais infirmière, elle s'apprête à faire ses débuts en EHPAD en compagnie de la mascotte de la résidence : l'inimitable chat Tatos.
    Mais son premier jour est loin de se dérouler comme prévu ! Harcelée par des phénomènes étranges, elle en vient à douter de sa santé mentale et craint de replonger dans un cauchemar passé.
    D'où viendra l'espoir ?
    De la réalité… ou du surnaturel ?
    »
     

     Ma chronique

     

    Il existe des moments dans une vie où les doutes vous paralysent.

     

    Il y a des livres comme ça qui ne peuvent pas être noté comme un autre. Parce qu'ils vous font repenser à des moments de votre passé, ou de votre présent. Peu importe les circonstances, mais ce récit a chamboulé une part en moi. Merci à la maison d'édition pour cet envoi. Comme je l'avais indiqué sur insta, il est court (c'est une novella), mais il est intense du départ. D'ailleurs je ne l'ai pas lu d'une traite malgré le nombre de ages, impossible pour moi de continuer à tourner des pages avec des larmes aux yeux. Nous avons toujours un peu de nous dans une lecture, d'autant plus dans une chronique. Pour un auteur c'est toujours un peu plus que cela, car le livre qu'il décide de nous présenter à cette part d'eux qui va rester pour un lecteur au minimum. Plus c'est mieux, c'est certain. Je ne parle pas d'histoire qui défie l'entendement. Je parle de ces mots qui vous touchent parce qu'ils nous ressemblent, parce qu'ils sont humains et que derrière ces quelques pages, il y a des vies. Qu'elles soient réelles ou imaginaires, nous avons toujours un certain ressenti. Pour cette nuit qui devient toujours une aurore, cela ressemble au vent qui chasse les nuages d'une pluie pour apporter un rayon de soleil. Un moment unique qui revient sans cesse, la course du soleil pour se lever ou se coucher. Une vie d'être vivant en somme. Il nait, il vit, il meurt, mais dans ce cycle, nous avons des moments de doutes, des moments de joie et de peine. Nous nous construisons avec le passé, celui de nos ancêtres, de notre famille, de nos propres erreurs et de nos victoires. Chaque minute grappillée pour chaque personne ne signifie pas la même chose et pour cause : nous sommes tous différents, nous attendons tous quelque chose de différent.


    Abygaël a survécu, dans ce récit après avoir vaincu un crabe. Ces petites bêtes que nous enfants, nous attrapions avec ma grand-mère pour les observer ou les manger lorsque nous étions chez elle. Celui-là n'avait rien à voir, si ce n'est que cette bestiole s'accroche à tout ce qu'il trouve. Le cerveau d'Abygaël a gagné cette manche, pour combien de temps ? Ce n'est pas une course contre la montre, il faut se satisfaire de ce que nous récupérons, mais parfois l'envie de hurler nous tiens. Abygaël a réussi ce pari de devenir infirmière et elle se présente pour son premier jour dans cet EPADH, 20 ans après notre histoire sur le covid. Ce même virus qui nous a séquestré chez nous sans condition, qui nous a prouvé que l'humain pouvait être impuissant face à ce  qu'il ne peut voir. Ce premier jour, elle va faire la connaissance d'une de ses collègues de travail, Fatima qui était déjà en place à cette époque et qui a vécu l'horreur de ne pas pouvoir sauver les habitants. Je passe sous silence ce que je pense de cette période qui n'est pas si éloignée que cela de nous (étant dans le domaine du secourisme depuis 20 ans cette année et que j'ai vécu aussi des événements qui nous ont marqué), et je reste sur ce récit. Les années ont passé et Abygaël doit faire ses preuves devant une Fatima qui est usée de voir des jeunes passer dans cet établissement pour ne pas rester. Le travail n'est pas évident, certes, mais il est enrichissant. Les fameux "vieux" qui ne servent à rien, sans eux, pas de passé, pas de présent pour nous, ni d'avenir. Grâce à eux, nous apprenons beaucoup plus sur l'Histoire d'une manière générale, mais surtout sur la nature humaine. Cette même nature mise en avant dans cette novella avec générosité et bienveillance.


    Bienveillance comme l'auteur qui use de mots apportant une certaine nostalgie dans son texte. Je dois bien avouer que je ne savais pas où je mettais les pieds avant de débuter le récit, même en ayant lu le résumé. Le côté fantastique arrive très vite et forcément durant quelques pages nous nous demandons ce qui se passe réellement dans l'esprit de notre petite Abygaël. Un fantastique léger qui m'a fait penser aux premiers épisodes de Ghost Whisperer (oui, j'aime beaucoup cette série) et sans vraiment comment, notre jeune infirmière diplômée va plonger au coeur d'une tristesse qui dure depuis quelques temps déjà. La richesse de ce récit provient des sentiments des personnages dont je préfère laisser le suspense. Nous avons nos pensionnaires qui ont une part importante dans ce récit, avec leur regard, leur esprit et ses fichues maladies qui ne devraient pas exister, comme si la vie n'était déjà pas assez vilaine par moment. Pour mieux en profiter ? C'est émouvant, certaines scènes sont revenues en force dans mon esprit, cette main tenue dans ce lit, l'attente des résultats qui ne sont pas toujours les meilleurs, les choix faits pour éviter d'en dire de trop, la peur perpétuelle de voir revenir ce crabe de malheur qui vous a déjà fait disparaitre des êtres chers et qui s'accroche à vous comme une sangsue. L'histoire est bouleversante, criante de vérité, avec les moments clés d'Abygaël, ce qu'elle a vécu, ce qu'elle va vivre et puis ce qu'elle va devoir transmettre. N'étant qu'une sans cœur, au vu de mon état à la fin de ces mots, je n'ose imaginer celui de quelqu'un de plus sensible que moi.

    Les sujets ne sont pas tous joyeux, mais quelque part il y a toujours cette lueur d'espoir, cette main tendue qui ne vous veut que du bien. La maladie, ou plutôt les maladies, le désespoir de trouver des solutions, la peine de perdre des pensionnaires, l'oubli, le manque de visite, oui, ces sujets sont forts, lourds et rempli de tristesse. Mais l'auteur souffle avec Abygaël cet espoir, celui de croire, d'être présent pour aider, de faire de son mieux, d'apporter cette bouffée de fraicheur à des êtres en mal-être, ou tout simplement oublié de tous. La difficulté n'a pas été que pour ces hommes et ces femmes qui n'ont pu voir personne durant des mois, les soignants ont dû faire face à des obstacles et même sans ce covid, il en ont toujours. L'âge des habitants est un fait et être à la retraite semble ne plus intéresser plus grand monde. Court, mais intense. Je le dis de nouveau, avec cette générosité, cette bouffée d'humanité qui ne nous lâche pas et en lisant l'après récit, nous le comprenons aisément au vu du passé propre de l'auteur. Les émotions sont vives, les sentiments importants et la recherche d'un peu de chaleur sincère sont mis en avant. Rien n'est  simple dans cette histoire, entre la réalité et la fiction, la frontière est mince. Des chapitres très courts qui donnent envie d'aller plus loin et en même temps de pouvoir souffler entre deux. Un chat adorable qui a fait son temps sur les pages entre chapitres et qui nous apporte ces ronronnements régulièrement.

    En conclusion, une novella qui a le mérite d'être juste, de redonner un peu d'espoir tout en gardant une part de fantastique. C'est un récit touchant, empreint de nostalgie, de bonté, de générosité, d'apprentissage, de peur, de lumière. Le monde dans lequel évolue notre personnage principal n'est pas simple, il faut faire des concessions, savoir répondre en gardant son tact. J'ai beaucoup aimé la façon dont le rire s'efface en se souvenant du pourquoi tel ou tel personnage agit d'une certaine manière. J'ai gardé volontairement certains sujets, certains personnages dans le noir, car c'est une histoire qu'il faut vivre et non lire et aucune chronique ne pourra rendre justice à ces mots si vrais. Je ne dirais plus qu'une chose : merci !
     

     Extrait choisi :   

     

    « Elle n'écoute pas la "chose" qui ne se départit pas de son accent ibérique prononcé. Voilà, en attendant, la chose conviendra très bien pour la nommer. La raison d'Abygaël divague. Paralysée, seule sa cervelle tourne à plein régime. Elle réfléchit, mais ne tire rien de rationnel.
    Peut-être qu'en la touchant, Abygaël découvrirait que c'est en réalité sa vision qui pose problème ? Il s'agit de l'explication la plus logique à laquelle elle a abouti. Cette matinée initiatique dans la blouse d'une infirmière diplômée n'aura pas été de tout repos. Abygaël est épuisée par la somme d'informations qu'elle a reçue. Elle a mobilisé trop de ressources : son cerveau se venge.
    Après tout, ce ne serait pas la première fois ! Sa matière grise avait attiré toutes les attentions dans son enfance, développant sa vocation par la même occasion. Avec les heures qu'elle avait passées à l'hôpital pour éradiquer le crabe entre ses neurones, elle avait côtoyé nombre de blouses blanches. La petite fille déterminée qu'elle avait été avait choisi le métier de ses rêves : infirmière.  »

     

    De la nuit naît l'aurore (Elodie Morgen)

     

     

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