« Seule, j’étais allongée sur mon lit, fixant les poutres du plafond. Je n’arrivais pas à fermer l’œil. La rencontre qui s’annonçait me hantait. Pourquoi prendre le temps d’un pourparler ? Je repensais à mon mentor, à ce cauchemar que j’avais fait quelques heures plus tôt. Où était-il ? Je me faisais tellement de soucis pour lui, pour James et tous ceux qui les accompagnaient. Pourquoi n’étaient-ils pas encore là ? Est-ce que le capitaine Hary avait vu juste ? Est-ce que ce rêve était une nouvelle vision ? Je restais figée, voyant encore ses images passer devant mes yeux. Grahir faisait face au capitaine et ricanait avec satisfaction. Mon mentor avait les pieds et les mains liés, et Grahir le tenait par les cheveux, le forçant à se courber devant lui. Son visage restait impassible, il ne voulait rien montrer à son ennemi, mais j’avais perçu son angoisse.
 Les premiers rayons commençaient à montrer le bout de leur nez. Anxieuse, je me redressai sur mes coudes. Je me levai, versai un peu d’eau dans une bassine et, avec mes mains, la projetai sur mon visage pour me revigorer. Puis avec une boule au ventre, je me dirigeai vers la place du village pour rejoindre mes compagnons.
 Ils étaient tous là, pas un ne manquait à l’appel, même Lucie. J’étais sûre que c’était Maxi qui l’avait convaincue de me tenir compagnie. Il avait sans doute peur que je fasse une bêtise.
 « Est-ce que ça va, la Fouine ? me demanda Kévin.
 — Oui, mais j’ai un très mauvais pressentiment.
 — Tout va bien se passer, intervint Fallia. Le capitaine Hary a paré à toute éventualité. Et puis les rebelles sont en sécurité dans ce village. C’est toi-même qui as érigé ses fortifications.
 — Je sais, et j’espère vraiment que tu as raison. »