Résumé :
« Entre une jeune femme dévorée par la jalousie, un gamin boulimique et un neurochirurgien mal embouché, il n’existe a priori aucun point commun.
Pourtant, ils vont croiser la route du même personnage, qui s’amuse à utiliser leurs défauts pour leur faire connaître l’enfer. Le long de son existence, il joue avec les âmes de ses victimes. Jusqu’au jour de sa mort, où il tire sa révérence en laissant un cadeau empoisonné à l’humanité tout entière. »
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18/20
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Je remercie Jennifer ainsi que la maison d'éditions Evidence pour cette nouvelle lecture. Entre la couverture, le titre et le nom de l'auteur, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre.
Que se cache derrière ce titre "Les 7 saisons du malin" ? Rien de plus, rien de moins que les 7 péchés capitaux : l'envie, la gourmandise, la luxure, l'avarice, la paresse, la colère, l'orgueil. Ces fameux pêchés capitaux qui ont déjà été revisités sous plusieurs formes. Ici il s'agit de plusieurs histoires, de nouvelles qui reflètent une tranche de vie d'un personnage qui nous entraîne dans son sillage. De la naissance à la mort, il y a un chemin tracé qui n'est pas sans embûche et qui comporte des instants de vie avec l'un de ses péchés. C'est également sous forme de saison, celle-là même qui comporte le passage de la vie sur Terre : la naissance, l'enfance, l'adolescence, la jeunesse, l'âge adulte, l'âge mûr, la vieillesse.
L'auteur nous embarque dans le périple bien connu de tous, car nous naissons, vivons, mourrons. C'est simple, rapide, efficace avec les émotions qui la composent. Les sentiments sont exacerbés, les envies deviennent des péchés sans s'en rendre compte. L'envie d'avoir ce que l'autre a, que ce soit la maison plus grande, la piscine, la voiture, l'argent, la beauté, un bébé... Cette envie qui va détruire peu à peu le concept même de travailler pour obtenir ce que l'on désire, cette envie qui devient une jalousie maladive allant jusqu'à la destruction même du corps qui éprouve ces sentiments violents. Nourrir de telles pensées n'est jamais sain pour une personne et grâce à Théo, nous allons en prendre conscience un peu plus.
Théofanis Theosphelpemis, appelé la plupart du temps Théo et nous le comprenons aisément, est celui qui va guider chacun des autres personnages sur le chemin dont ils ont déjà mis les pieds. Au commencement, nous avons la naissance, SA naissance, celle de Théo qui va chambouler cette femme qui veut un enfant, un bébé plus précisément. Un enfant c'est trop grand, mais un bébé... C'est ce qu'elle veut, elle envie sa sœur, ses amis, sa hiérarchie, tout ce qui n'est pas elle. Pourtant elle aime d'un amour profond son mari, mais il lui manque toujours quelque chose, ce petit rien qui fait de sa vie un enfer. Ce n'est pas que de l'écrire, ou de le dire, elle va vite se rendre compte que son âme est damnée. Bébé Théo est un ange, ne crie pas, ne fait que des "trucs" de bébés, il vit, il respire, dort, mange, mais il est aussi ce petit être qui a chamboulé la vie de cette femme en transformant son envie en... je n'ai même pas les mots pour décrire plus que cette envie dévorante qui la ronge de l'intérieur.
Cette première étape de la vie nous approche des sombres desseins que nous suivrons au fil des pages. Théo est l'élément essentiel dans chacun, car il est là où il faut. Ne pensez pas qu'il puisse tenter de les remettre sur leur droit chemin, il est là pour prendre, attendant patiemment son dû. De bébé, il va évoluer comme tout être humain, car c'est ce qu'il est, en apparence. L'espoir de réussir à être plus envieux, plus gourmands, plus paresseux, etc... n'est absolument qu'une étape supplémentaire pour signer un pacte avec le diable. des mots, toujours des mots, mais lorsque le sang se mêle à la plume, lorsque le venin devient un poison ardent dans le corps d'une jeune femme enceinte, lorsque la voie de la raison s'étiole dans un discours fait de mensonges... Alors il est là, présent avec ses énigmes, ses paroles, son bon sens dont personne ne veut entendre. C'est bien dommage, car si l'un d'entre eux l'avait écouté, alors peut-être que cette roue du destin aurait été interrompue, qui sait ?
Il ne s'agit pas d'un personnage qui fait le mal, il ne fait que récupérer ceux qui font le mal à leur manière. Ce sont les choix des autres qui les amènent à une fin inéluctable. C'est sombre, inquiétant, mais ô combien réaliste. Ces sentiments si puissants qu'ils peuvent nous amener au bord de la folie, nous faire basculer de l'autre côté, surtout s'il est question de cerises et par conséquent qu'il soit impossible de se calmer sur la nourriture. Des choix que chaque personne fait consciemment, pensant uniquement à leur nombril sans penser aux conséquences, la leur ou celle des autres. La mort est inéluctable, ce n'est pas une fatalité, c'est juste une évidence. On naît, on vit, on meurt, à chacun de faire son propre chemin, de faire de sa vie quelque chose de bien ou non. Il est certain que nous pouvons nous montrer envieux sans pour autant en devenir malade, ou en colère pour une broutille et le rester éternellement.
La veuve noire, ou plutôt la mygale n'a qu'à bien se tenir. Pourtant avoir des amies aurait pu lui être utile, si elle avait écouté. Les cauchemars font partie intégrante de chacune de ces histoires. Qu'ils soient réels comme lorsque les poils dans la main obligent à ne pas travailler, ou juste le moyen de cacher encore plus d'argent ou imaginaires, ces mauvais rêves déterminent souvent ce que nous sommes. Théo est un personnage qui a plus d'un tour dans son sac et sait que la nature humaine lui apportera toujours son tribut à chaque instant de la vie. J'ai aimé la façon dont cette nature humaine est prise en compte, l'innocence n'est rien comparé à la cupidité de chacun. La manière dont Théo s'amuse est celle d'un chat jouant avec une souris : un petit coup par-ci pour vérifier, puis un petit coup par-là pour être certain que l'autre soit sur son chemin tortueux et le coup de grâce est donné. Faust et son pacte ne sont que des éléments susceptibles de nous montrer la voie.
L'écriture est vive, avec une imagination qui nous laisse facilement dessiner la tête de Théo, son apparence, sa patience. Le côté fantastique est à la fois prononcé lors de certaines scènes et leger à d'autres. Les événements s'enchaînent sans temps mort et nous, pauvres lecteurs nous ne pouvons que suivre ce que les personnages subissent de leur plein gré. Il est évident que le côté "passif" du personnage de Théo y est pour beaucoup, il n'est là que parce que les êtres qui sont autour de lui ont été trop loin. Il n'y a que la "dernière" nouvelle qui ne m'a pas emmenée aussi loin que les autres. Le fait que ce soit des politiques sûrement.
En conclusion, un récit fantastique qui nous montre que le diable est en chacun de nous, par notre comportement, nos pensées, nos actes. Il n'est pas uniquement l'autre qui prend n'importe quelle apparence, il fait partie de nous, il est le "ça" de notre inconscience et sans la barrière du surmoi, nous serions comme n'importe lequel de ces personnages : à savoir que nous serions capables de vendre notre âme au Diable.
Extrait choisi :
« Theosphelpemis sourit, et soutint le regard du neurochirurgien. Le colosse baissa la tête, mis mal à l’aise par les yeux vert-jaune qui le fixaient, des yeux semblables à ceux d’un chat.
« Un passage, assurément. C’est ainsi que l’entendent toutes les civilisations. La question véritablement intéressante, c’est : un passage de quoi, vers quoi ?
— Foutaises ! La mort, c’est l’arrêt du fonctionnement du corps, suivi de sa décomposition ! Point, à la ligne !
— Je comprends vos… réserves quant à la création d’une unité de soins palliatifs. Vous vous considérez comme une sorte de super mécanicien et, de votre point de vue, un mourant n’est rien d’autre qu’une machine qui échappe à vos tentatives de réparation. Je vois les choses différemment. Je pense qu’un mourant est un être conscient qui s’apprête à vivre une étape fondamentale de son existence, et je crois pouvoir l’aider dans le franchissement de cette étape. »
Pas dans ma période ^^
Merci pour ton avis, je le note pour plus tard
Cela sera pour plus tard :)