Résumé :

Merci à Flammarion Jeunesse pour l'envoi de ce tome 6. Avec mon fils, nous suivons les aventures de Zoé et Gabriel avec beaucoup de joie et aussi d'appréhension. Il a mis du temps à le lire, c'est donc une fois qu'il a terminé que j'ai eu le droit de le découvrir à mon tour. Nous ne fonctionnons jamais de la même manière, parfois c'est moi d'abord, parfois c'est ensemble et là, c'est lui.

C'est la première fois que Zoé et Gabriel ne sont pas ensemble pour longtemps, plusieurs semaines. Chacun d'entre eux doit apprendre à s'en sortir seul, à évoluer dans leur monde qui se rapproche de plus en plus. Tous les deux sont frère et soeur et pourtant, il y a un secret qui les sépare. Leur âme et plus particulièrement celle de Zoé semble plus ancienne qu'elle ne peut l'être pour une petite fille de 12 ans. Si au tout début de la série il y a eu de la légèreté, plus nous avançons, plus la noirceur s'invite à la table de nos petits héros. Petits par la taille, mais pour le reste, il vaut mieux s'accrocher. Retrouver leurs parents, sauver le monde est une vaste épopée. Survivre, faire des choix, tous deux évoluent de manière différente.

On va commencer avec Gabriel, même si le livre débute avec Zoé et la dernière diseuse. Gabriel, lorsqu'il est avec sa petite sœur est LE grand frère par excellence. Il est celui sur qui elle peut compter sans s’inquiéter, fort, il ne montre pas ses faiblesses, ses doutes. Lorsque nous le retrouvons après la bataille de la terre des glaces, il a changé. La mort côtoyée de près, il se cherche. Loin de sa petite soeur, il se rapproche encore plus de son dragon et découvre qu'il est capable du meilleur comme du pire. Son esprit lié, il démarre sur une scène d'action qui fait froid dans le dos, pourtant ce n'est pas la chaleur qui manque. Lorsque l'on parle de la planète qui se réchauffe, je dirais qu'il est un peu en cause. Mon fils a pensé qu'il y avait un semblant de Dragon dans le texte et la manière dont Gabriel se sert de sa fameuse épée pourrait ressembler à ce jeune héros.

Nous parlons juste de ressemblance, car en fait Gabriel est très différent. Son don fusionne, l'emplissant totalement jusqu'à lui faire perdre les moyens. Il doit apprendre à se contrôler, à rester maître de ses émotions tout en sachant que le danger est bien plus proche qu'il ne le croit. Ses compagnons de route ne sont pas en reste. C'est d'ailleurs leur joute verbale qui allège le récit. Nous sentons bien qu'ils s'apprécient, malgré leur différence, que ce soit de race ou de manière de penser. Ils ont tous le même but, protéger les Héritiers et rien ne pourraient les mettre dans une position instable.

J'en viens à Zoé. J'ai trouvé que nous la voyons moins, pourtant le titre laissant penser le contraire. C'est peut-être une idée. Malgré tout, elle murit, énormément et n'en fais toujours qu'à sa tête. Lorsque Haya lui demande d'utiliser l'un de ses pouvoirs sur une araignée, elle s'y refuse. Son coeur est toujours aussi pur et elle ne veut pas faire de mal à quiconque. Pour elle, toute forme de vie est importante et ne doit pas être utilisé à mal escient. Elle a un don particulier, elle est forte, puissante. Elle connaît beaucoup de choses sur la nature en elle-même grâce à sa mère. C'est à la fois un don et une malédiction, car elle n'est pas forcément ce que son apparence peut montrer. Nous le savions déjà dans un autre livre de cette même série, ici cela est encore plus flagrant. Son coeur d'enfant est toujours aussi fort et sa vision des personnes reste positive.

L'histoire avance plus ou moins lentement. Le monde dans lequel les personnages évoluent est dense. Il n'y a pas de place à l'imprévu, l'auteur a fourni de nombreux détails afin de créer la terre qu'ils foulent. Ce ne sont que des enfants, pourtant ils vont devoir accomplir de grandes choses, qu'ils le désirent ou non. Même s'ils veulent récupérer leurs parents, rien n'est facile. Et si pour cela il faut adopter une araignée géante, Zoé n'hésitera pas à le faire, tout est bon à prendre pour les sauver, tous ceux qui sont encore en vie. Car même s'il s'agit d'un livre pour enfant, l'auteur ne cache pas les événements. Lorsque l'un d'entre eux meurt, elle ne le cache pas, use de termes appropriés et montre que la terre ne s'arrête pas pour autant. Il faut savoir continuer à vivre malgré tout, ne pas oublier pour autant ceux qui restent.

(Oui, oui, je sais elle est grosse celle-ci xD)

Le côté fantasy montre cette différence de l'ombre et de la lumière. Il suffit d'un rien pour basculer du côté sombre et plonger au coeur d'un monde sans pitié. La vérité, c'est que Malenfer est un monde qui ouvre des perspectives aux enfants, adolescents sur notre propre vie. Se battre pour vivre, se voir confronter à la mort, aux batailles qu'il faudra toujours donner. Les émotions sont profondes, la peur de perdre un être aimé, un être cher, voir un monde entier s'assombrir à cause d'un seul être. Gabriel et Zoé doivent apprendre de leurs erreurs et aussi écouter pour aller sur le bon chemin. Il est clair que rien n'est facile, car pourquoi écouter une vieille femme aigrie qui ne croit plus en rien pour devenir comme elle plus tard ? Pourquoi écouter des compagnons de route alors qu'avoir son propre dragon et ses pouvoirs pourraient faire de soi un être invincible ?

L'apprentissage est difficile, mais nécessaire. Il faut savoir reconnaitre le bien du mal, même si parfois il faut faire le mal pour obtenir le bien. Sont-ils capables de tout cela ? Sont-ils capables de tout sacrifier pour arriver à leurs fins ? Qui oserait demander cela à deux enfants qui n'avaient au départ qu'une envie : ne pas aller à l'école ? C’est énorme pour leurs épaules, mais grâce à leur courage et leurs amis, ils vont accomplir de grandes choses. Les diverses rencontres avec un lutin, un gros chat, des créatures qui ne sont pas humaines, et revoir leurs amis permet une avancée dans leur sentiment et leur tête.

Un gros plus grâce aux illustrations de Jeremy, on les ADORE !

En conclusion, un tome à la hauteur des précédents, avec plus de combats, de questionnements, de dangers. Il y a de l'espoir qui arrive au bout de la grotte et une guerre qui les attends tous autant qu'ils sont.

« - Ouais, n'empêcher qu'il mériterait une bonne fessée, dit madame Elfie.

- Une fessée ? Se faire botter les fesses en bonne et due forme, voilà ce qu'il mérite ! lança le nain.

- Justement à ce propos, tu ne devais pas botter celles du dragon ? demanda Ysallandrill d'un ton taquin.

- Et c'est ce que j'aurais fait s'il n'était pas parti aussi vite ! grommela le nain avec une parfaite mauvaise foi.

- Bon qu'est-ce qu'on fait ? demanda madame Laurence.

_ Que veux-tu qu'on fasse ? On rentre et on va tous se réchauffer autour d'un bon feu, soupira monsieur Licantropus en assenant un coup de talon à son cheval. »