Résumé :

Je remercie la maison d'éditions Heartless pour cette nouvelle lecture. Je ne comprends pas ce qui s'est passé, ce livre a été lu début juin et je l'ai mis de côté niveau chronique... Bizarre. Bref, je rattrape de suite cet oubli. J'avais eu l'occasion de lire le premier livre de Alison Segond : Revanche, dont vous trouverez ma chronique par là. J'ai eu un coup de coeur pour cette histoire et par conséquent, j'avais envie de découvrir un autre récit. Phobies peut être lu indépendamment de Revanche, mais comme indiqué plus haut, si vous désirez le lire, il vaut mieux commencer par le commencement.

Tout est calme au pays de Candy, euh pardon dans le commissariat d'Augusta. Le boucher a été arrêté, ce tueur en série qui avait mis sa vengeance sur une durée extrêmement longue. Alors qu'il fait beau, les oiseaux chantent quand ils le peuvent vu le froid et les morts s'accumulent. Une découverte macabre d'un homme dans sa propre cave, marié depuis peu, les intestins dévorés. Le supplice du rat, vous connaissez ? Allez je suis gentille, il s'agit de mettre un ou plusieurs rats en cage, de la poser sur le ventre d'une personne, de faire chauffer un côté et ouvrir la paroi qui touche l'abdomen. Les rats ont peur et vont tout faire pour fuir ces barreaux : découper, dévorer tout ce qui se trouve sous leurs pattes afin de disparaître. Bref, une scène de crime parfaitement gore pour les enquêteurs qui vont devoir résoudre cette affaire. Ce n'est que le premier d'une liste qui va ne cesser de grandir...

« Dean conduisait un peu trop vite, dérapant sur la route verglacée par endroits. Un nouveau meurtre avait eu lieu – le troisième, en une semaine. À en voir le visage crispé de Megan, elle s'en voulait ; Dean n'en menait pas large non plus. En une semaine, ils n'avaient obtenu aucune piste sérieuse, seulement trouvé des théories. Ils avaient observé les caméras de sécurité de la ville, qui n'en possédait malheureusement que trop peu : les défauts d'une petite ville... Ils avaient tout de même retrouvé de l'ADN sur la scène de crime de Sarah Edwards... »

Le résumé est vraiment intrigant, apportant bon nombre de questions. Est-ce qu'il y a un nouveau tueur en série en ville ? Est-ce qu'il y aurait un micro climat au-dessus de la ville pour attirer les fous dangereux en puissance ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi les morts que l'on retrouve les uns après les autres semblent tous avoir un point commun ? Je n'irai jamais dans cette ville qu'elle existe ou non, car des choses étranges semblent s'y intéresser de très près. Dès le départ, nous avons un meurtre horrible, avec les cris de la victime dans les oreilles. Sa peur est profonde et les rats semblent satisfaits de leur repas forcé. Qui a bien pu tuer un homme chez lui sans que sa femme ne l'entende ? Ils avaient tout pour être heureux, la victime semblait même avoir réussi à surmonter ses propres peurs. Qui lui en voulait à ce point ? Le récit débute très vite et embarque avec lui Dean et Megan dans cette aventure.

L'enquête n'avance pas, pourtant ce n'est pas faute de chercher des preuves, des traces, des indices. Les scènes de tortures, car cela y ressemble beaucoup, sont de pire en pire. Les scènes leur donnent envie de vomir. L'auteur nous épargne tous les détails gore, mais nous pouvons imaginer parfaitement la façon dont les corps sont retrouvés. Le meurtrier DOIT être arrêté et vite ! Malheureusement, rien n'y fait, pas l'ombre d'un indice. Les enquêteurs rament, se prend la tête et les journalistes s'en mêlent. Il y a de quoi devenir complètement fou. Une enquête qui piétine, des enquêteurs qui perdent la tête, des journalistes qui mettent les pieds dans le plat... Tout cela va donner un mouvement de panique si la population n'a rien à se mettre sous la dent. Fou, fous, folle, folles, folie... Ce même mot qui définit la plupart du temps le récit. La folie des actes, le fou qui s'amuse avec ses victimes, la folie meurtrière, la folle ronde des sentiments... Les événements s'enchaînent, se suivent et ne se ressemblent pas. L'enquête est complexe, les morts s'accumulent, les indices sont toujours si peu nombreux, le tueur s'amuse comme un enfant de ses moments de pur bonheur (pour lui bien entendu).

J'ai beaucoup aimé revoir Lexi et Trenton, les personnages du premier. On voit l'évolution, leur ressentiment, leur nouvelle vision de la vie. Les peurs, les doutes, les espoirs aussi. Ils ont une place importante dans cette histoire et j'ai apprécié que l'auteur les intègre dans cette vie après le tueur en série, après le boucher et pendant ce nouveau moment de dur labeur. Ils ont beaucoup souffert et cette souffrance est encore mise à l'épreuve. En parlant de douleur, Megan et Dean en ont déjà fait les frais par le passé et cela continue.

« Elle préférait fuir cette situation embarrassante, et le plus vite serait le mieux.

— Alors, t'as encore fait des tiennes ? s'empressa de demander Lexi.

— Je ne cherche pas les problèmes, protesta Megan. Ils me trouvent tout seuls. Lexi ricana en faisant sa marche arrière puis en sortant du parking. Après une bonne minute de silence confortable, elle reprit la parole :

— J'ai remarqué votre petit jeu, à Dean et toi. Megan se crispa et garda le visage tourné vers la vitre, faisant mine d'observer le paysage. Elle appréhendait cette conversation depuis des semaines et faisait tout pour l'éviter... jusqu'à présent. Apparemment, le délai s'était écoulé...  »

Ce sont des personnages qui ont vécu des choses difficiles. Megan se sous-estime tous les jours, toutes les heures, ne cessant de se comparer à Lexi. Le fait de voir un psy semble lui faire du bien, mais en même temps elle ne cesse de revoir ce qui s'est passé il n'y a pas si longtemps que cela. Tirer sur un homme n'est jamais évident, même pour sauver un innocent. C'est un cauchemar récurent qui ne cesse de la hanter. Par contre, elle a un humour assez particulier, avec toutes ses phrases ou idées sur ses pulls et ses tee-shirts. Sans qu'elle s'en rende compte, elle mise dans le mille, c'est assez drôle. Dean est protecteur, très protecteur, son passif est lourd et ses nuits ne sont pas tranquilles. Il revoit souvent son impuissance à aider ses compagnons.

Du départ, lui a le béguin pour elle. Cela se voyait déjà dans "Revanche". Ici c'est plus fort et il a du mal à résister. Il a de l'humour qu'elle écoute d'une oreille, trop focalisée sur ses propres problèmes. Il faut dire qu'elle attire la poisse. C'est monumental ! Un ex-détenu qui veut lui faire la peau la retrouve en pleine ville et ce n'est qu'un exemple de ce qu'elle va vivre en plus de l'enquête et de ses idées noires. Entre les deux cela pourrait coller, sauf qu'il y a cette enquête, ce tueur qui semble les narguer. Ce monstre les connaît, aussi bien les victimes que les enquêteurs, la ville tout entière semble être dans ses petits papiers. Les angoisses, les peurs les plus profondes, les phobies sont au cœur de ces crimes.

Par contre, j'ai trouvé le tueur en série dès le 4ème chapitre, cela n'a cessé de me tarauder et finalement c'était bien cela. L'impression ne m'a pas quitté à cause d'un détail (dont bien sûr je tais ici). Dommage, j'aurai aimé plus de suspense de ce côté. Peut-être que le fait d'avoir vu plusieurs films et lu pas mal de thrillers avant m'a fortement aidé. Même si le thriller a une grande importance et que le côté psychologique est bien amené, la romance a une place trop grande à mes yeux. Contrairement à "Revanche" où c'était plus léger, l'auteur insiste à chaque instant entre les deux.

En conclusion, la romance a trop pris le pas sur le côté thriller, mais j'ai beaucoup aimé l'enquête et sa résolution, ainsi que toute la psychologie et la maîtrise de ses phobies qui nous empêchent de vivre correctement.