• Derrière la caméra avec Jean Cocteau (Claude Pinoteau, Monique Bourdin)

     Résumé 

     
    « En 1942, Claude Pinoteau est accessoiriste sur le tournage du Baron fantôme dont Jean Cocteau a écrit les dialogues et dans lequel il joue le spectre du baron. « Mon rôle était de couvrir Cocteau de toiles d’araignées et de poussière. Étrange manière de faire connaissance ! » Pourtant, elle paie. Cocteau fera bientôt appel à Pinoteau. Entre 1948 et 1960, ils tourneront sept films ensemble.
    Richement illustré –photographies, plans de tournage, décors, découpages, dialogues, correspondances –, Derrière la caméra avec Jean Cocteau est l’histoire de cette collaboration en même temps qu’un document exceptionnel sur le cinéma.
    »
     

     Ma chronique

     

    C'est par le biais de la masse critique de babelio que j'ai eu la chance de pouvoir réceptionner ce titre. Il est vrai que personnellement, je connais de nom, sans vraiment savoir ce que cet homme a vraiment fait. Ce qui m'a motivé, c'est mon fils, lorsqu'il a vu cette opportunité, il a été ravi et lorsque nous l'avons reçu, j'ai eu un mal fou à y accéder. Pour info, mon fils entre l'année prochaine en études dans le domaine de l'audiovisuel et forcément il a bien plus de bagages que sa mère.

    Concernant le livre, je vais déjà donner mon avis. Un livre souple, format carré, un toucher doux au départ et dès l'ouverture nous avons des photographies de signatures, de dédicaces. Vint ensuite la magie des mots, celle qui vient du cœur de ceux qui l'ont connu, de ceux qui auraient aimé le connaitre. Enfin, Monique Bourdin le raconte, par interview. Un travail méritant afin de déterminer, d'avoir des mots sur un grand homme qui a trouvé un collaborateur hors pair. Un de ces hommes qui en un regard détermine celui ou celle qui fera le bon geste, le bon travail, qui sera entre ses mains et faire avancer une idée en film.

    Claude Pinoteau, réalisateur de la boum (l'un des rares films que j'ai vu de lui quand j'étais très jeune) a connu et travaillé avec Jean Cocteau durant des années. Un véritable collaborateur technique pour sept films. Il est vrai que de ce côté, les années où les autres films ont vu le jour, je n'ai pas eu la chance de les découvrir, mais en lisant ses interviews, en plongeant au cœur des innombrables photos, j'ai eu le sourire à chaque instant. Derrière la caméra avec Jean Cocteau nous entraine auprès de cet homme bien entendu, mais aussi de Claude Pinoteau. Leurs échanges nombreux, leur collaboration également sont mis en lumière.

    Derrière la caméra avec Jean Cocteau (Claude Pinoteau, Monique Bourdin)


    Des entretiens pris et retranscrits par Monique Bourdin dans son intégralité afin de nous donner plus de corps à ce cinéaste capable de se retrouver devant ou derrière une caméra. Un cinéma unique en son genre. Le livre est complet aussi bien dans les descriptions de leurs échanges par courrier, que les dialogues, agrémentés par de nombreuses photographies d'époques. Les calèches, les tournages, les décors, des dialogues, des plans de tournage ou des dessins (qui devaient probablement être des ébauches) pour ma part c'est un ouvrage qui est complet. En plus de ces œuvres cinématographiques, nous avons plus qu'un avant-gout de sa vie, de ce qui le faisait se lever le matin, comment il en est venu à devenir ce qu'il est devenu. Et là, pour Claude Pinoteau, comme bien souvent la pomme ne tombe jamais bien loin de l'arbre, il accompagnait souvent son père sur les plateaux de tournage. Baigner dans ce monde dès le plus jeune âge peut amener deux choses : vouloir y travailler ou au contraire en être dégouté. Nous comprenons bien qu'il a décidé de suivre ses traces et d'avancer dans le sens qu'il le désirait.

    Des années plus tard, CLaude Pinoteau rencontre Jean Cocteau et cela deviendra une époque "magique". Le premier sera son assistant, prêt à tout pour trouver ce que veut le second, quitte à le fabriquer. Jean Cocteau dessine, voit les choses d'une manière il sait comment il veut telle ou telle maison par exemple, ce qui lui faut pour avoir LE cachet définitif pour SON film. Une véritable foi dans ce qu'il imagine, Jean Cocteau sait que cela existe et donc il trouvera pas lui-même, par son assistant, par quiconque aura l'audace de chercher plus loin que le bout de son nez. Il s'en suivra ainsi des longs-métrages auxquels Jean Cocteau et Claude Pinoteau ont participé :

    Le Baron fantôme, Serge de Poligny, 1943, 99 min – dialogues : Jean Cocteau ; accessoiriste : Claude Pinoteau
    L’Éternel Retour, Jean Delannoy, 1943, 115 min – scénario et dialogues : Jean Cocteau ; accessoiriste : Claude Pinoteau
    Ruy Blas, Pierre Billon, 1948, 93 min – scénario et dialogues : Jean Cocteau ; accessoiriste : Claude Pinoteau
    Les Enfants terribles, Jean-Pierre Melville, 1950, 107 min – scénario et dialogues : Jean Cocteau ; assistant réalisateur : Claude Pinoteau

    Un petit rappel des films réalisés par Jean Cocteau

    Jean Cocteau fait du cinéma, 1925, 16 min
    Le Sang d’un poète, 1930/1932, 49 min
    La Belle et la Bête, 1946, 96 min
    L’Aigle à deux têtes, 1948, 95 min – avec Claude Pinoteau (régisseur)
    Les Parents terribles, 1948, 105 min – avec Claude Pinoteau (assistant à la mise en scène)
    Coriolan, 1950, 16 min
    Orphée, 1950, 112 min – avec Claude Pinoteau (assistant à la mise en scène)
    La Villa Santo Sospir, 1951, 36 min
    Le Testament d’Orphée ou "Ne me demandez pas pourquoi", 1960, 79 min – avec Claude Pinoteau (collaborateur technique)
    Voyage au pays de l’insolite, 1960, 16 min

    Et voila en recherchant ses collaborations, je me rends compte que j'avais déjà vu la belle et la bête de cette époque et que c'était l'un des meilleurs que j'avais pu voir, quand on imagine les moyens de ce temps. Bref, pour ma part, c'est un ouvrage très complet où j'ai pu apprendre plus sur la vie de ces hommes, de voir autrement la conception d'un film et surtout les échanges entre eux.

    Mon fils était donc fou en voyant le livre arriver, d'ailleurs il l'a gardé dans sa chambre (vu qu'il est mineur, c'est facile de le retrouver, mdr) et vu son enthousiasme, je sais qu'il a adoré. Pour lui, c'est plus le côté exploitation qui l'a intéressé (ce sont ses propres mots). Voir les plans, comprendre les idées qui arrivent d'un coup, les scènes posées, les descriptions, les dialogues, il a dévoré le livre et le garde pas loin de son lit pour revoir certains points. Il m'a également raconté que tel appareil fonctionnait de la même manière maintenant, mais avec plus ou moins de câbles, de longueur, de rails (je vous avoue je n'y comprends rien)

    En d'autres termes, c'est un livre qui plaira aussi bien aux personnes comme moi qui ne sont pas dans le monde de la caméra qu'aux personnes qui sont en plein dedans. Un grand merci pour la lecture qui fut très enrichissante dans tous les sens du terme.

    PS : Avoir Jean Marais, un de mes acteurs préférés en photo entre ces pages et un gros plus à mes yeux (chacun ses gouts bien entendu)

     

     Extrait choisi :   

     

    « Nicole Stéphane et Edouard Dermit, réunis dans une chrysalide de draps, étaient étendus sur le lit, comme deux gisants ; ce drapage effectué par Jean Cocteau était fascinant ; il sculptait cette chrysalide, avec une élégance de gestes, autour de leur corps. On le sentait inspiré par le drapé de sa statuaire grecque. C'était étonnant de voir naître une sculpture vivante avec de simples draps !
    Là résidait le génie artistique de Jean Cocteau.
     »

     

    Derrière la caméra avec Jean Cocteau (Claude Pinoteau, Monique Bourdin)

     

     

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