• Miunaha, tome 2 : la brume de l'hiver (Joey Denizart)

     Résumé 

     
    « Pendant que le Nord, encore marqué par le parfum âcre de la bataille d’Hetzel’en, tente de panser ses plaies, Bell Davorn, solitaire et détenteur de secrets précieux, poursuit sa quête vers Miunaha. L’ombre menaçante de la Reine Amana le traque, avide de ses connaissances inestimables. Pendant ce temps, le Roi Theior traverse des terres mystérieuses en quête de légitimité, cherchant à prouver sa valeur en tant que souverain.

    « Que le loup sombre de Gotumn se prépare, car je viens chercher la gloire ! »

    Une nouvelle puissance émerge lentement dans ce paysage tourmenté. La brume de l’hiver, glaciale et oppressante, transforme le monde en un Royaume d’ombres. Sous le manteau de la nuit perpétuelle, les monstres sont désormais libres de se mouvoir sans être entravés par les rayons du soleil. Les ruelles désertes s’emplissent de murmures sinistres, et les âmes intrépides doivent affronter des cauchemars vivants qui rôdent dans l’obscurité.

    Bell pourra-t-il préserver ses secrets, même s’il sait qu’ils pourraient déclencher des cataclysmes incommensurables ? Après tout, dans ce monde impitoyable, chaque vérité a son prix.

    Plongez dans un monde épique où les conséquences de la guerre, la quête de secrets précieux, la recherche de légitimité, et les ténèbres d'un Prêtre du Sang s'entrelacent dans une danse mortelle. »
     

     Ma chronique

     

    C'est de nouveau un coup de cœur pour cette suite ! Un grand merci à l'auteur pour cette lecture qui est enrichissante en tout point. Nous retrouvons les personnages que l'on aime ou déteste (et bon sang, j'en ai un paquet que j'aimerais toujours voir passer au fil de l'épée !), de nouveaux lieux, des pans de passé complet, du présent qui n'est pas joyeux et un avenir sanglant. Dans ce tome, Bell a grandi en un sens, il est devenu plus "désinvolte", pas forcément plus sage, mais il pourrait être comme du chocolat : Suisse. Bell ne veut pas voir le sang couler, ne veux pas être celui qui va détruire l'un ou l'autre des royaumes et par conséquent, il veut rester neutre. Difficile dans de telles conditions de rester en vie, pourtant, avec son charme légendaire (pardon, ça c'est faux) il va réussir à sauver sa peau. De la chance ? Devenu aventurier, Bell n'a plus de royaume, un surnom le poursuit, le Gobelin noir, son but est d'aller vers le Nord (pourtant il fait froid, des moins quinze, moins vingt, pour ceux qui ont la référence) Il est appelé vers ces contrées et s'il avance, il en est encore loin à la fin de ce tome. Pour autant, nous n'avons pas que lui entre nos mains, bien loin de là. Nous retrouvons tous les autres et font également des rencontres.


    Le temps a passé et pendant qu'il tentait de rester en vie sur ces routes d'aventurier avec les compétences qu'il a, nous suivons également le Roi Theior qui doit montrer qu'avec son grand âge (16 ans...) il est légitime d'être les fesses sur le trône. Sa place est, comme pour tout roi et reine, éjectable et il va faire en sorte de prouver qu'il est le digne descendant de sa famille et pas son frère ainé. Encore une histoire de famille qui risque de mal finir, mais pour le moment, son but est de prendre du galon aussi bien dans ses muscles que dans son esprit. AU fil de sa quête, il va faire des rencontres aussi bien exceptionnelles qu'impressionnantes. Le monde crée par l'auteur nous laisse un gout en bouche, un de ceux qui est quelque peu amer de se retrouver le bec dans l'eau et pas avec de gentilles sirènes. L'habit ne fait pas le moine va parfaitement bien entre ces pages. Qui pourrait croire, imaginer, qui pourrait... Ah je ne peux le dire, mais l'auteur avait laisser des miettes de pain, comme le petit Poucet dans cette forêt lugubre, j'aurai dû voir venir ce qui n'est pas une cape rouge ! Dans son aventure, j'ai adoré suivre ses compagnons de route, Yrsa, Loke, Rilke et Rode bien entendu. Chacun d'entre eux montrent des capacités, que se soit en maitrise pour ne pas étriper l'un de ses camarades, en réflexion ou encore en philosophie sur la vie. Des tranches de vie qui nous sont montrés, pour eux mais aussi pour tous les autres personnages qui nous font prendre conscience que la vengeance n'entraîne que de la douleur, du sang, de l’amertume, de la haine. Être indifférent est beaucoup moins fatiguant.

     

    Miunaha, tome 2 : la brume de l'hiver (Joey Denizart)


    Continuons dans les personnages (il y en a quelques uns que je laisse volontairement de côté pour tout un tas de raisons) je n'aime toujours pas Mitra et encore moins Amana (désolée, ces deux femmes me sortent par les trous de nez et le pardon dans ces conditions ? Je ne compterais pas me venger, rester indifférente, mais le reste...) Deux femmes de pouvoir, comme Ilya (cette dernière je n'arrive pas encore à la cerner comme je le voudrais) qui veulent.. tout. Rien que cela. Tout cela peut signifier tellement, le pouvoir ? Les hommes ? Les femmes ? La terre ? Les couronnes ? Un seul royaume ? Toute la magie ? L'une semble plus "souple" que l'autre, pour autant il faut savoir se méfier des vipères et leurs langues acérées ainsi que les frissons de peur peuvent faire d'elles des armes redoutables. Dans les femmes, j'ai beaucoup aimé Myriann et Blanche. Deux êtres qui sont bien différentes, mais en manque de cette sensation de ne plus être seule. Ionna est un petit oiseau qui doit tout apprendre, un esprit un peu léger certes, mais une manière d'apprendre différemment lui permettant d'absorber certains savoir. Et puis nous avons ces hommes et femmes qui se battent pour leur pays ou pour conquérir le voisin, ceux qui ont été délaissés cherchant le moindre morceau d'or pour survivre, trouver de quoi se soigner. Les monstres ne sont pas en reste, nous en suivons un de près, un de ceux qui sont si forts que le regard est capable de tuer en un instant. Le bien, le mal est difficilement discernable. Chaque personnage joue un jeu qu'il est difficile de vraiment voir clair. Celui qui m'a fait le plus mal au cœur est Luken, il me semble que c'est le seul honnête envers lui-même. Je dirais que les autres devraient apprendre de son humilité.


    Les combats sont difficiles, le sang coule régulièrement. Si vous vous attendez à un simple voyage, il n'en est rien. Chaque personnage a un devoir, une vision, un combat à mener et nous les suivons avec appréhension. Combien de fois mon cœur a battu trop vite lors d'une escale qui ne me plaisait pas ? Combien de fois mes mains ont failli refermer le livre parce que je voyais arriver la mort trop vite ? Les complots sont nombreux, les Dieux du sang montrent le bout de leur nez, enfin presque, la politique des royaumes sans vraiment le vouloir s'impose par moment. L'auteur nous transporte dans un monde où la différence fait peur, où celui qui n'a pas la même tête devrait ne pas exister, où la vengeance fait sa loi, où réfléchir avant d'agir n'existe que pour certains d'entre eux. Tiens, tout cela me dis quelque chose, un parallèle avec notre monde réel où les cas de harcèlements, de tortures mentales et physiques, le racisme et bien d'autres thèmes encore sont bien ancrés et il faut se battre chaque jour pour arrêter tout cela ! Et puis cette brume qui vit, qui s'amuse, emporte avec elle ce brouillard cachant les bêtes les plus monstrueuses. Un hiver rude qui gèle celui ou celle qui n'a pas de murs pour s'abriter, un hiver où les monstres rôdent pour trouver des ouvertures et faire des villages un festin, où les esprits s'amusent avec la volonté des vivants. Ce second tome pose à nos pieds des thèmes forts, surprenant par moment et beaucoup de philosophie sur la vie et sa façon de vivre d'une manière générale. Qui a le droit de vie ou de mort sur un être différent ? Qui est vraiment le monstre ? Et bien d'autres questions qui se forment au fur et à mesure de la lecture.


    Les sept, ce fameux chiffre qui hantent les rêves de Bell, qui semble être sur toutes les langues, les fameux porteurs d'armes... légendaires, comme les dragons qui sont nommés, mais pas encore vu. Tant de légendes que nous avons à notre disposition, tant de passé raconté qui nous montre ce que c'était avant, bien avant que ces guerres soient en marche, ces désert pas si sablonneux, ces rivières pas asséchées. 'ai hâte de voir ce qui va découler de tout cela. Alors même si je reviens sur Bell qui était le personnage principal dans le premier tome, il laisse un peu de place à tous les autres et c'est très appréciable, même si Davorn reste en jeu et que nous comprenons enfin ce qui est sur le cœur de notre héros. Nous pouvons donc avoir le passé de certains et certaines, nous comprenons leur choix de vie, et les liens qui peuvent exister entre eux tous, car il y a toujours une personne commune entre chaque groupe et ce n'est pas forcément la même. Les lieux sont impressionnants de réalisme avec les descriptions. Je n'ai pas eu peur de les lire, elles sont le reflet de ce que l'auteur veut montrer. C'est très facile d'entrer dans son monde, de voir les murs, les forêts, les créatures se dessiner sous nos yeux. Les évolutions des personnages, du mal qui avance, les créatures, j'ai tout adoré et surtout détesté certains ! Je me suis beaucoup attaché à certains d'entre eux, comme Luken, je dois l'admettre, j'ai hâte (oui encore) de voir s'il va comprendre ce que veut vraiment Mitra. Dommage, je ne peux pas la qualifier de sorcière, snif, mais si en fait je peux ! Également Rode qui est un personnage complexe, intéressant et qui cherche à se faire apprécier à sa manière, comme Mel de ce petit village. Des endroits où la peur est partout, où les créatures attirent leur repas dans leur filet ou plutôt crocs, même si parfois c'est une autre arme plus aiguisée qui s'occupe de certains corps.


    Il y a une part de naïveté dans certains personnages qui m'agacent et je suis certaine que ce n'est qu'un visage qu'ils veulent bien montrer.
    J'ai trop envie de les secouer, de taper dedans comme si c'était une fourmilière et de leur dire allez, montre ton vrai visage ! Tout n'est  que faux-semblants et chaque passage important (autant dire quasiment tout le tome) nous apporte matière à penser qu'il faut se méfier de tout le monde. Je ne m'attends pas à une fin heureuse pour tous, ça c'est certain, il faut comprendre que l'auteur ne doit pas aimer certains de ces personnages, comme nous lecteurs du dimanche qui nous attachons à ceux dont se serait bien d'éviter. Pour le moment, je croise les doigts ! Concernant le final, je suis restée assise (oui, je suis polie tout de même !) Je voyais venir, mais je me suis dis non, pas ça, allez Joey, tu  ne vas pas oser. ARF !!!! Je vais croiser les doigts une fois de plus pour que ce ne soit que comme avec la vampire, hein, parce que... parce que je ne veux pas de ça. Oui, c'est moi qui décide, mdr je ferais avec, mais se serait bien que cela fasse comme Games of Thrones. En fait, il ne faut s'attendre à rien, tout simplement parce que l'auteur nous fait des revirements de situations, des personnages si complexes (et tordus par l'esprit) qu'il est difficile de savoir qui va rester en vie et surtout combien de temps ? Je pourrais continuer encore n peu, voire beaucoup, j'ai tellement de choses à dire, comme ces sacrifices pour Theior pour assurer une paix fragile qui montre bien que l'âge n'a rien à voir avec la connaissance, au contraire, les épreuves sont seules juges.

    En conclusion ? 555 pages de fantasy dévorées et j'en veux encore et pourtant la police d'écriture est petite. Des illustrations de folies, des cartes, des décors, le travail est phénoménal ! Des rebondissements, de l'action, du sang bien entendu, des complots, des quêtes de pouvoir, de paix, de protection, de sécurité, des thèmes forts mis en valeur sur la différence quelle qu'elle soit (couleur de peau, parlé, région, différences physiques...) Des rois et reines qui restent en place, qui sont déchus, qui doivent se battre pour leur royaume, pour rester en vie. Des rencontres improbables qui les font grandir. Meros que nous suivons quelque temps avec plaisir. Et puis les villages qui subissent, les villes qui se divisent, les ragots, les traitrises, le pouvoir fait tourner la tête à bien des hommes et femmes de chaque branches. Et bien entendu cette menace qui prend un peu plus de terre chaque jour et qui arrive à en prendre plus que prévu. La peur est omniprésente et le croquemitaine n'est pas toujours celui que l'on croit. Des héros qui savent se battre autrement qu'avec une épée ou tout autre arme, des langues qui se délient et se faire passer pour un fou pourrait être la solution, mais cela fonctionnera jusqu'où ? J'ai hâte de continuer cette aventure et de voir jusqu'où l'auteur va bien pouvoir nous amener.


     Extrait choisi :   

     

    « — C'est un beau collier que vous tenez là... puis-je le voir ?
    La femme ouvrit les yeux et vit le visage du jeune homme. Malgré le fluide dans ses yeux, le liquide sombre sur ses joues et sur les contours de sa bouche, elle fut éblouie par sa beauté. De ses mains tremblantes, elle déposa le collier dans la paume de l'étranger.

    — Un bouclier, une épée, une lance, des dagues, une hache, une masse et un arc... C'est  tout ce que la Lumière protège. Vous, vous n'êtes rien, vous n'existez pas... La Lumière, comme vous l'appelez, ne viendra pas vous sauver. 
    — La Lumière nous protégera... répéta la femme. Elle mettra fin à cette tuerie... 
    — Empêcher cette tuerie ? répéta-t-il avec un sourire en coin. La Lumière nous a donné du pouvoir pour tuer...
    »

     

    Miunaha, tome 2 :

     

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