Résumé :
« À la suite du décès de sa mère, Théo Vince se rend à Paris pour y rencontrer Leoni, un mystérieux personnage et ami de la défunte. Ce dernier lui propose de travailler à son service. Vince est prêt à tout pour sortir d’une existence morne et sans perspective d’avenir.
Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Et si le temps guérit les blessures, la mort s’invite sur un chemin semé d’embûches et de pièges tentaculaires. Quel est le prix à payer pour changer de vie ?
Sans savoir encore dans quel engrenage terrifiant il mettra les pieds, Théo l’apprendra vite à ses dépens. Si le paradis existe, l’enfer n’est jamais très loin. »
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13/20
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Je remercie Jennifer pour sa patience, ainsi que la maison d'éditions pour m'avoir envoyé cette lecture. Maintenant que je l'ai terminé, la couverture a vraiment beaucoup de signification. Il est clair que le rouge évoque forcément le sang, mais dorénavant, cette silhouette représente beaucoup de scènes et d'attente.
Théo Vince est un homme qui se cherche encore. Né sans connaître la douleur, sans connaître le bonheur par conséquent. Sa mère est décédée et il a besoin de trouver un boulot. Une dette, un homme en doit une à sa mère et il va aller le trouver pour du boulot : Leoni. Qui est-il ? Pourquoi il devrait s'occuper de Vince ? Que fait-il dans la vie réellement ? Connaissait-il sa mère ? Théo ne l'a jamais vu chez elle et il ne le connait pas. Pour autant, Vince a besoin de travailler, car même s'il n'est pas sujet à la douleur, il a besoin de manger malgré tout et de payer ses factures. Dès qu'il pose le regard sur le jeune homme, Leoni sait (mais pas le lecteur bien entendu) qui il est. Il l'a toujours su. Vince met le pieds dans une machine géante sans même qu'il ne s'en rende compte.
L'idée de départ est vraiment géniale : un homme qui ne ressent pas la douleur ? Le récit est alterné entre le début de sa naissance et ce qu'il vit avec Leoni et ses hommes. L'ancienne et la nouvelle vie nous montrent tous les aspects de Théo et de la façon dont il a subit sa vie. Lorsque sa mère était enceinte, elle a su que son fils serait différent. Et il l'est. Il ne ressent rien, absolument rien, son corps n'a pas d'envie particulière et lorsqu'il se bat, émotionnellement parlant il n'a pas d'émotion propre. L'école ? Mauvais souvenirs, les filles ? Encore plus, sans compter sur le passé de sa mère. Si on ne parle pas de son père, c'est tout simplement qu'il est aux abonnés absents. Parfait dans ce rôle. Théo est insensible, même lorsqu'il se bat et se fait planter par une belle arme blanche dans le bras : c'est naturel de faire des points à la suite seul, pas un seul tiraillement.
J'ai beaucoup aimé le parallèle entre le passé et le présent, ainsi nous avons un large panel de ce que Théo peut comprendre, apprendre et vit. Il est certain que son père est un point crucial dans le dénouement de l'histoire et le côté malsain est bien présent dans diverses situations. Situations qui ressemble à un vieux polar, ce dont je ne suis pas vraiment adepte. Les mots mafieux ne sont pas écrits, pourtant il s'agit bien de cela : de règles, de secteurs, de domaines, tout est bon pour que les quartiers soient distribués entre les plus gros. Le malsain appelle le malsain et les personnages se retrouvent englués dans leur misère, qu'ils le veuillent ou pas. Mettre les doigts dans un tel engrenage ne peut être que mauvais. Et Théo, qui est un peu niais par moment l'apprend à ses dépends. Il est trop droit pour une vie pareille et cela risque de le bouffer, littéralement.
Léoni est le type de gars qui boit un verre de whisky, tue son homme de main, puis reprend une autre gorgée en écrasant la tête du mort... Voilà, c'est exactement ce genre de type : froid, impitoyable, une brute épaisse qui ne fait confiance à personne et capable du pire, comme du pire. Dans tout cela, il a une famille : une femme, une fille, une vie basée sur de nouveaux secrets. Et puis il y a Jean-Charles, un vieux de la vieille qui prend Vince sous son aile. C'est un personnage qui a un sacré passif et qui n'attend plus rien de la vie. Il ne faut pas oublier Léa la voisine et sa petite Charlie qui vivent comme elles peuvent. Quant à Jeff... la boucle est bouclée finalement.
Le récit est sombre et m'a plus fait penser à un polar qu'à un thriller. Des hommes qui rackettent, des prostituées sur les trottoirs qui mènent à des pièges, des cochons qui mangent tout et rien, des zones d'ombres, des flics pourris... J'aime beaucoup ce qui est sombre, mais ici je n'ai pas réussi à accrocher aux personnages, même en sachant le passé de chacun, sauf pour Jean-Charles qui dévoile beaucoup de sentiments. J'ai beaucoup aimé la manière dont présente l'auteur : les descriptions justes sans s'étaler de trop. C'est juste l'histoire qui a eu du mal à prendre. Théo aurait pu être un super-héros ou non, toujours est-il qu'il est ici à l'opposé de ce qu'il décrit lui-même. Il y a cet aspect de son passé qui m'a dérangé : le côté bagarreur alors qu'adulte il semble vouloir éviter même s'il tombe sans cesse dans des coups fourrés. Je n'ai pas ressenti de frissons comme dans un thriller que je lis habituellement.
Les pièges sont nombreux et pas de chance pour Vince, il met les pieds en plein dedans. Sa vie a été complétement régenté par sa maladie et par un personnage qui même s'il ne s'est jamais présenté a été présent. Les liens entre chaque personnage se dévoilent au fur et à mesure que les scènes avancent. Dès le départ nous sentons que de toute manière le final ne sera que rouge sang. L'auteur ne laisse aucune chance à ses personnages et je n'ose imaginer le sourire de joie au point final de cette histoire. La fin par contre apporte de nombreux éléments et quelques surprises qui n'étaient pas visible du départ.
En conclusion, un récit bien écrit sur un homme dont le passé n'est pas simple. Même si je n'ai pas adhéré au récit, il a de bonnes qualités, tel le personnage de Jean-Charles et les descriptions. De nombreux obstacles interviennent, quelques rebondissements et des surprises aussi.
Extrait choisi :
« 2014
— Tu devrais rentrer chez toi, souffla Théo, qui commençait à se sentir pris de fatigue.
Léa acquiesça d’un hochement de tête. Elle était harassée et avait, elle aussi, besoin de dormir. Sa soirée, ce n’était rien de le dire, avait été rude et elle se demandait encore – sans toutefois trouver de réponse – comment elle avait pu se trouver dans une situation aussi tordue. À la réflexion, elle n’avait fait qu’obéir à Théo, parce que ce dernier l’avait effrayée par la façon brutale dont il l’avait baisée d’abord, et surtout par la manière dont il s’était débarrassé de Jeff ensuite. Sans compter sa capacité à suturer ses plaies sans ressentir la moindre douleur et avec la précision d’un chirurgien expérimenté. Quel type normal pouvait faire ça ? Elle n’en avait pas la moindre idée, et ça la tourmentait. En même temps, elle éprouvait pour Théo une sorte d’admiration qui la tranquillisait, sans qu’elle en comprenne bien les raisons. Peut-être parce qu’elle devinait en lui, par-delà la crainte qu’il lui inspirait, une certaine humanité dont elle se sentait proche. Pourquoi une telle intimité ? Elle n’en avait aucune idée. »
Pas de souci, tu peux trouver ce que tu aimes ailleurs :)