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Contes de mauvais augures (Lucas Lavarenne)

 

Contes de mauvais augures (Lucas Lavarenne)Contes de mauvais augures (Lucas Lavarenne)

 

Disponible sur Amazon

 

Le sanctuaire de Nienor, braconnage à Saline (C. Nouvel, L. Major)

Auteur : Lucas Lavarenne

187 pages numérique (epub)

Thèmes : Contes, nouvelles

*******

 

 

Résumé :

« Cruelles, amères ou abjectes, quatre nouvelles où la malchance tutoie le mauvais sort, n’augurant rien de bon...
--- Le paquet de cigarettes ---
Walter est pressé, Walter est furieux, Walter a le fisc aux fesses. Heureusement, le Libérateur est avec lui… mais Walter fume, et parfois, cela n’a rien d’anodin.
--- L'étrange plaisir des fiancés ---
Yoko et Hiruko s'aiment, se chérissent, flamboient tous deux. Depuis peu, leurs ébats trouvent toutefois d'étranges échos, dont les conséquences pourraient bien leur échapper...
--- Entre Bleu et Vert ---
« La montagne, c’est une lunatique, une filoute qui vous taquine quand ça lui prend », leur avait dit le gardien. Pourtant, Gabriel et Lucien ne l’avaient pas écouté, s’élançant vers le sentier qu’une brume obscure recouvrait lentement.
--- L'appartement ---
D’ordinaire, l’appartement était vide lorsque Brigitte venait y faire le ménage. Ce jour-là, une vieille connaissance avait toutefois décidé de l’y retrouver, la replongeant dans les immondices d’un passé plus sale que l’enfer.
   » 

 
 

La bête du Bois de Boulogne (Christine Béchar)

16/20

 

Je remercie l'auteur pour m'avoir fait parvenir son recueil de contes il y a un petit moment de cela. La couverture va parfaitement avec l'ambiance des histoires. D'ailleurs, il y en a 4 qui, bien que différentes, ont toutes un point commun : la bizarrerie. J'aurai pu écrire le glauque, la noirceur profonde des personnages et des situations, mais non, je préfère largement ce mot de bizarrerie, car elle est vraiment globale sur les quatre récits.

 

Qui a besoin d'une cigarette ou Le paquet de cigarettes. C'est la première du recueil et la seule dont je n'ai absolument pas compris le sens. Walter est un homme d'affaires qui oublie de bouger régulièrement. Entretenant une maîtresse, il a le regard baladeur, quand ce n'est pas ses mains. Accro au café et aux cigarettes, il risque l'ulcère : le fisc est à ses trousses ! Son entreprise est trop propre, pas la moindre erreur humaine dans les comptes, ce qui est fortement improbable. Il va faire appel à un homme, le libérateur, afin de l'aider à tromper le fisc. En attendant sa venue, il décide de s'acheter un paquet de cigarettes. Ce dernier va lui coûter très cher. Dans le même temps, Bruno, un homme qui prend soin de lui, ressent de drôles de douleurs dans le torse. Elles sont horribles et lui font perdre connaissance. À son réveil, les douleurs semblent l'avoir laissé de côté. Il va donc pouvoir aller travailler. Deux hommes que tout oppose et pourtant il y aura un point commun. Je suis complètement passée à côté, car je n'ai compris ni la morale ni le pourquoi ce final. Je cherche encore et je suis tombée sur un plaisir particulier.


L’étrange plaisir des fiancés, raconte la vie de deux jeunes gens qui s'aiment plus que tout. Leur passion les amène à un plaisir qui leur fait tout oublier. Tous deux travaillent du plus juste afin de subvenir à leur besoin. Lors d'une union un peu plus mouvementée, une lampe est réduite en miettes. Coïncidence ? Forcément, elle se trouve juste à côté d'eux. Les mots sont sensuels, la douceur est intense si ce n'est le final qui m'a fait rire. Pour ceux et celles qui l'ont déjà lu, non je ne suis pas folle. Le déroulement de l'histoire est amusant et laisse une part à un côté fantastique qui me plaît beaucoup. Au fur et à mesure des pages défilant sous mes yeux, nous suivons leur histoire en nous disant que le cerisier est une très bonne idée. Toutes les suppositions sont bonnes à prendre et le mystère reste entier. Comment cela peut-il bien se passer ? Et pourquoi ? Toujours est-il que Yoko et Hiruko s'aiment tant que cela ne peut aller que jusqu'à la mort.


« – Mon Hiruko… J’ai peur que… tu sais… objecta-t-elle sans pour autant le repousser.
Une fois de plus, il lui expliqua que leurs ébats n’avaient rien à voir  avec  leurs  mésaventures.  Finissant  par  entendre  raison,  elle l’enlaça, et – avant d’aller travailler –, ils s’unirent lentement. Elle avait les plus belles fesses qu’une femme n’ait jamais eues, se dit le jeune homme en les voyant onduler. Du bout des doigts, il les frôla, ivre de ce contact sublime. L’instant d’après, il vint. Seul. 
Troublé  que  Yoko  ne  l’ait  pas  suivi,  il  la  dévisagea  avec inquiétude.
– Ne t’en fais pas, lui glissa-t-elle dans le creux de l’oreille. J’ai du mal à oublier mes vilaines idées, c’est tout… Ne t’arrête pas, s’il te plaît. »


Après ce beau rouge passion, nous suivons Gabriel et Lucien, deux randonneurs, deux amis pour la vie qui ont décidé de se retrouver Entre Bleu et Vert. Depuis de nombreuses années, ils partent souvent en randonnées, parcourir des endroits qui sont à la fois beaux et complexes. Arrivés au début du trajet, un refuge est déjà présent. Ce qui est étrange, car tout le monde sait (enfin je l'espère) que les refuges sont sur les chemins et non au début. Les deux hommes vont y faire la connaissance d'un vieil homme qui semble bien connaître les lieux. Un chemin parcouru d'embûches les attend. La montagne peut être parfaite, mais elle cache aussi de sombres secrets. Ces mêmes secrets qui, une fois remontés à la surface risque de bien donner du fil à retordre à nos deux amis. Il suffit d'un rien, d'une distillation pernicieuse d'un inconnu pour que tout déraille.


Il vaut mieux mettre tout à plat lorsqu'il en est encore temps, autrement cela peut donner des situations comme dans ces montagnes et ce n'est franchement pas joli. J'ai beaucoup aimé le final avec le vieil homme, son sourire discret et ses derniers mots apportent un peu plus de lumière. Et dire que tout avait commencé comme dans L’appartement. D'accord, pas exactement comme ce qui arrive à Brigitte, mais Lucien et Gabriel ont un passé commun qui n'a rien à envier à notre femme de ménage. Depuis presque 5 ans, cette femme effectue des ménages dans un appartement où personne ne vit. Obnubilée par la propreté elle travaille énormément dans ces lieux. Les meubles sont disposés de telle manière qui est difficile d'accéder à la poussière, des objets un peu partout qui gêne plus qu'autre chose, mais le propriétaire, passé par l'agence qui l'emploie, a bien demandé à ce que tout reste tel que. Un jour, alors qu'elle fête son 5ème anniversaire, elle se retrouve face à son passé.

 

La saleté est un point crucial entre les personnages, les années sont passées sans pour autant soulager l'un ou l'autre. Si elle a oublié ce qui s'est produit il y a bien longtemps, l'autre personne non. Il n'a eu de cesse de ruminer. Elle n'a pas la vie qu'elle pensait, pourtant elle s'accroche à ce qu'elle connaît : le propre. Lui a toujours vécu dans le sale. Les circonstances de leur rencontre sont très bien expliquées, le pourquoi du comment aussi. C'est une histoire qui m'a beaucoup touché, ressemblant étrangement à un harcèlement que beaucoup d'enfants peuvent vivre. Rien ne s'oublie, rien ne se perd. Travailler sur soi est un luxe que certains ne peuvent pas. La petite phrase : "la roue tourne" prend tout son sens ici. Car si elle a bien tourné, les conséquences peuvent être graves.

 

« Abasourdis,  ils  hésitèrent  une  nouvelle  fois  à  s’arrêter  là :  à défaut d’avoir résolu leurs problèmes, pareille bagarre leur avait au moins  calmé  les  nerfs  –  quant  au  reste,  ils  en  discuteraient  plus tard.  Mais  sans  crier  gare,  les  mots  de  Pierrot  leur  revinrent derechef,  plus  puissants  que  jamais,  comme  indélébiles.   Pas  de compassion  pour  qui  refuse  de  te  croire,   résuma  Lucien.   Les certitudes  se  passent  de  preuve,   rumina  Gabriel.  Les  sermons  du vagabond  portaient  en  eux  une  force  vive,  féroce,  qui  leur interdisait d’en rester là.»

 

Ces quatre récits (même si pour le premier je suis à côté de la plaque) apportent tous un élément important. Derrière chaque mot écrit, il y a un ou plusieurs personnages qui a souffert, qui souffre encore ou qui veut faire souffrir. D'ailleurs, côté écriture, j'aime beaucoup la plume de l'auteur, un brin sarcastique par endroit, plus sérieux à d'autres, humoristique aussi. La douleur d'un rejet, d'un geste, d'un mensonge, d'une idée reçue peut être fatale. Le pardon n'est pas facilement donné. Bien que certains passages soient plutôt glauques, j'ai eu le sourire très facile. L'auteur ne tombe pas dans la facilité en appuyant là où cela fait mal. Nous le savons, nous le découvrons. Les faits arrivent les uns après les autres sans nous mettre véritablement dans la déprime. Ces récits nous permettent de nous poser de nombreuses questions. C'est une très belle découverte pour ma part.
 

Contes de mauvais augures (Lucas Lavarenne)

 

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V
Ah oui, il a l'air effectivement très intéressant ce recueil !
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D
Je ne suis pas convaincue que ce soit pour moi mais heureuse que tu aies aimé ta lecture
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