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Auteur : Noël Boudou
Éditions : Taurnada
Parution le : 13 mai 2021
252 pages
Thème : Thriller
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note :
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Résumé
« Bénédicte et Vincent auraient pu vieillir paisiblement ensemble. Malheureusement, le destin en a décidé autrement, il y a vingt ans…
Vingt ans. Vingt ans à attendre… à attendre que les assassins de sa femme sortent de prison.
Depuis vingt ans, Vincent Dolt n'a qu'une seule idée en tête : venger sa douce Bénédicte…
Depuis vingt ans, seule la haine le maintient en vie.
Mais une vengeance n'est jamais simple, surtout à 86 ans.
Il a vécu le meilleur, il se prépare au pire… »
Ma chronique
Je remercie Joël ainsi que la maison d'éditions Taurnada pour cette nouvelle lecture.
J'en suis arrivée à un point où je sais que lorsque Joël me propose un livre de la maison d'éditions Taurnada, je vais passer un bon moment. Voire un très bon. Ou encore comme pour cette lecture j'en suis toute retournée. Ce récit est un peu différent des autres déjà lu et j'aime, non j'adore tout simplement. L'implication des personnages, la façon dont les événements sont amenés, les échanges entre les protagonistes et ce passé qui se dévoile petit à petit jusqu'à ce point de non-retour.
Il y a 20 ans, Vincent a perdu sa Bénédicte dans d'atroces souffrances. Il n'a rien pu faire, parce qu'ils n'étaient pas ensemble. Ce malheur est un poids sur Vincent qui ne veut qu'une seule chose : se venger, puis en finir avec la vie. Car la vie, il n'en attend plus rien. La vie c'était les moments simples avec sa femme, celle qui a adouci ses jours et ses nuits, celle qui avait toujours le sourire, le mot pour son prochain et la vérité toute nue lorsqu'elle n'aimait pas une personne. Ce qui était rare, extrêmement rare, mais cela est déjà arrivé. Vincent attend, patiemment la sortie de ces bourreaux qui doit s'effectuer dans quelques jours, une semaine tout au plus. Mais Vincent a 86 ans et n'est plus aussi frais et pimpant qu'avant. Et puis il y a ces nouveaux habitants qui débarquent dans son petit village, dans cette rue sans retour qui vient bouleverser le quotidien de notre irascible petit vieux.
C'est un peu celui qui est vu de loin, que personne n'aime aller voir, si ce n'est son neveu qui s'inquiète pour lui et qui s'en fiche de l'argent qu'il pourrait obtenir à son décès. Car Vincent et Bénédicte n'ont jamais eu d'enfant. Et Vincent n'aime pas son neveu, peut-être que c'est vrai, peut-être que c'est juste pour le préserver. Peu importe, c'est l'homme que personne ne veut approcher parce qu'il est aigri, méchant, virulent. Et cela se comprend parfaitement, surtout lorsque nous avons les identités des bourreaux. Comment peut-il encore vivre ainsi ? La vengeance le ronge, tel le cancer qu'on lui a diagnostiqué, ce même cancer qui sera sa fin à lui, s'il ne choisit pas le fusil de son père. La mort n'est qu'une étape, non pas pour retrouver sa femme là-haut, il n'y croit pas, mais plutôt une bénédiction pour qu'il puisse enfin se sentir en paix, une fois qu'il aura achevé son œuvre.
20 ans, c'est long, laborieux surtout lorsque la personne aimée n'est plus à ses côtés. 20 ans à tenir bon, à préparer son plan malgré les courbatures, les os qui craquent, la faiblesse, les tremblements. Oui, il est vieux, il le sait, mais rien ne l'empêchera de trouver un moyen et ces longs mois, il a eu le temps de préparer le minimum. Durant cette semaine où il se ronge les sangs, envoie bouler la femme de son nouveau voisin qui est une montagne de muscles. Et pourtant, pourtant il va se passer quelque chose. Non pas le fait qu'ils soient noirs, mais le fait qu'il arrive à aller s'excuser. Cette nouvelle famille est adorable, prête à l'aider pour ses repas, pour lui apporter de la compagnie, parce que les petits n'ont pas de papy, parce qu'il est seul, parce que... pour tout un tas de raison. France et Bao sont vraiment des personnages adorables qui sont prêts à tellement de choses.
Le passé de ces personnages n'est pas drôle du tout et chacun a son idée pour la suite des événements. Comment vivre dans un petit village pareil où tout le monde se connaît, où la consanguinité est telle qu'au temps des rois et où la médisance est de mise ? Vincent est également un homme qui a beaucoup de vécu, un passé avant de venir vivre ici, de rencontrer sa Bénédicte, de survivre tout simplement. C'est audacieux de choisir un personnage âgé, fatigué, abimé pour le mettre en premier plan d'une vengeance. Il me fait penser à tatie Danièle version masculin, la langue acérée, l'envie de virer tout le monde pour être seul et en finir au plus vite, emportant avec lui tous ces dégénérés. Et puis il a une arme secrète, celle-là même dans sa cave qui attend, bien sagement, ou plutôt endormie à coups de massue.
Lorsque nous savons ce qui s'est réellement passé pour Bénédicte, la vengeance n'est pas suffisante à mes yeux. Leurs morts devraient être lente, douloureuse et tout ça pour ça ? Car oui, nous savons à la fin le pourquoi elle a subit cela et c'est ignoble. C'est découpé morceaux par morceaux les condamnés sans qu'ils ne s'évanouissent, qu'ils restent en vie le plus longtemps possible pour souffrir. Cette vengeance, Vincent la mérite plus que tout, pour tout ce qu'il a vécu avant et maintenant. La violence est prenante et le peu de détails que nous avons suffit à être de son côté à ce petit vieux. Vieux et prêt à engloutir ces monstres. Je suis prête à l'aider si besoin. Mais ça, Vincent n'aura pas besoin de moi. Il a la volonté de vaincre et saura s'entourer.
Certaines scènes sont terribles par la façon dont les habitants peuvent se retourner contre une personne de leur entourage, mais aussi de part le racisme dont fait preuve certaines autorités, sans oublier les mauvais coups et le sang qui coule inexorablement dans certains événements. Tout s'accélère, les journées défilent, les personnages affluent, les idées fusent et les mauvaises nouvelles tombent les unes après les autres. Il est clair qu'il va y avoir du sport en plus des médisances et des trahisons. Le final est terrible et laisse des traces. J'en frissonne encore des derniers mots, des derniers moments où le doute est toujours permis. Certains faits ne se voient absolument pas venir et vivant dans un petit village qui ressemble beaucoup à celui qui est décrit, je peux vous assurer que certains "phénomènes" sont réalistes. Je pense surtout au fait qu'une personne en couler qui s'était installée, cela a fait du foin chez nos petits vieux. Les cousins/cousines qui sont ensemble (oui oui, cela existe encore, mais bon ce sont des germains bien sur) enfin bref tout cela pour dire que cela donne un côté réaliste à faire peur.
Alors bien entendu je ne vous raconte pas comment tout cela va pouvoir se faire, qui va l'aider, qui va l'enfoncer, comment il va s'en sortir ou non. Et puis ce final, j'en reviens une fois de plus où nous apprenons tellement de choses sur Vincent et ce qui l'avait entouré, sur les répercussions de son passé à ce jour. Lui qui pensait être seul va se rendre compte que la vie est véritablement une bonne comme une mauvaise surprise. Cela fait mal au coeur de refermer le livre en imaginant tout ce qu'il a raté sans le savoir, tout ce qu'il aurait pu découvrir plus tôt, s'il avait su. En conclusion, un récit poignant qui montre la persévérance d'un homme perdu. L'âge n'est qu'un nombre alors que la vie elle est toujours présente, comme la Terre qui tournera toujours et saura apporter son lot, de bonheur ou même de malheur...