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Auteur : Jean-marc Dhainaut
Éditions : Taurnada
Paru le : 08 juillet 2021
250 pages
Thème : Fantastique
disponible sur le site de l'éditeur
et sur amazon
Ma note : 15/20
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Résumé
« Tandis qu'une canicule sans précédent frappe l'Europe, Théo, un jeune lycéen de 17 ans, est terrifié quand il réalise que les photos qu'il vient de faire dévoilent l'horreur et le chaos 21 jours à l'avance… Mais personne ne le croit. Et lorsque, partout dans le monde, le courant disparaît, les avions s'écrasent et que toutes les cloches des chapelles et des églises se mettent à sonner inexplicablement, il est déjà trop tard. Théo est alors loin d'imaginer l'incroyable mission de survie et d'espoir que le destin lui réserve.
Un thriller d'anticipation à la frontière du réel, percutant et chargé d'émotions. »
Ma chronique
Je remercie Joël ainsi que la maison d'éditions Taurnada pour m'avoir proposé cette nouvelle lecture dans le cadre de notre partenariat.
La couverture est sublime, cet effet de jeu de couleurs dans le ciel est vraiment très bien fait !Au départ, j'étais parti sur un thriller pur, alors lorsque je suis arrivée au moment où cela partait un peu loin, j'ai revu ma copie, il s'agit bien d'un fantastique, et donc j'ai mieux compris. Je ne devais pas avoir les yeux en face des trous ce jour-là ! Bref, j'ai bien mieux compris jusqu'où l'auteur voulait aller, parce qu'autrement, j'étais vraiment à côté de la plaque.
Jeune homme de 17 ans, Théo a l'idée du siècle, créer un prisme sur son appareil photo afin d'avoir des photos différentes de ce que nous connaissons. Bonne ou mauvaise idée, Théo se rend compte que ce qu'il vient de créer, en prenant beaucoup de temps, est une vision du monde, 21 jours plus tard. Autant dire qu'il prédit l'avenir avec son appareil photo. si ses amis le prennent pour un fou furieux et lui tournent le dos, ces parents sont très sceptiques et ne le croient pas non plus. Pour autant ils cherchent à savoir ce qui se passe dans sa tête et la chaleur n'aide en rien. Les températures grimpent de plus en plus, allant jusqu'à dessécher les rivières une à une. La nature se dérègle un peu plus chaque jour, les rayons du soleil assomment littéralement les gens, jusqu'à ce que le temps ne devienne plus qu'insoutenable.
Des canicules, nous en avons tous connu. Ici c'est la pire que Théo et sa famille vont connaître. Les températures excessives même la nuit, les chocs thermiques, les gens qui se portent mal, qui se comportent mal même pour une simple bouteille d'eau, car la nature reprend ses droits en limitant tout ce qu'elle peut : eau, nourriture, animaux, électricité et champs magnétique qui détruisent tout sur leurs passages. Le confort que nous connaissons disparait peu à peu, laissant place à une Terre gigantesque où nul ne peut vraiment dire si demain il sera encore en vie. Il suffit de peu pour être sur le chemin d'une bande de motards prêt à tuer n'importe qui pour récupérer ce qui pourrait leur servir et faire qu'ils survivent plus longtemps que des sains.
C'est dans ce monde que Théo va devoir apprendre à vivre, séparé de ses parents et de son petit frère Bastien qui n'a que 10 ans. alors qu'il est emmené par des policiers (ils sont louches tout de même), leur voiture tombe dans un ravin. Par chance il s'en sort, mais n'a plus aucun moyen de rentrer chez lui, de les appeler. La chaleur et tout ce qui stagne au-dessus de leurs têtes rend toute communication impossible, comme celle que nous connaissons. Seules les radios CB ont une chance de passer et encore. Son périple sera douloureux, accompagné d'un homme qui ne croient plus en rien depuis longtemps : Drazic, un ancien de l'armée qui voyait déjà venir les problèmes climatiques, mais que personne pas même sa famille ne voulait croire. Tout comme Théo, dans le fond, ils se ressemblent tous les deux sur ce point et au fil du temps, nous en apprenons plus sur cet homme.
J'ai beaucoup apprécié Drazic qui a toujours de bons conseils. L'armée n'a pas fait de lui un héros, il s'en fiche, il est revenu pour sa fille et sa femme. Les circonstances ont fait qu'il est seul dorénavant, mais en trouvant Théo, il s'est souvenu de qui il était vraiment et de ce qu'il peut apporter. Les conseils, l'aide providentielle sans rien demander en retour, si pour Théo c'est étrange, il ne va pas cracher non plus dessus. Drazic ne fait rien sans surveiller les alentours auparavant. Se cacher, raser les murs, ne pas se faire voir sont des principes auxquels il veille et fait prendre conscience à ce gamin pour lui qu'il faut survivre en évitant de se montrer. La recherche du petit frère est comme jouer à cache-cache. Ils n'arrivent pas à se trouver, pourtant ils passent au même endroit, mais pas au même moment. Drazic a su retrouver sa lumière grâce à Théo et redonner de l'espoir à ce jeune homme qui pensait avoir tout perdu. Et son passé ne peut que nous aider à l'apprécier encore plus.
Cette part d'humanité montre qu'il n'y a pas que les clans de méchants qui pillent, violent et tuent sur leur passage, il y a également des gens qui même sous la peur de ce qui se passe, s'entraident. Rien n'est évident, faire confiance est forcément difficile dans ce contexte, mais cela redonne de l'espoir pour ceux qui pensent avoir tout perdu. Savoir qu'il y a des personnes prêtes à tenter de survivre en donnant de soi est une lueur dans cette noirceur. Car l'autre part de l'humanité qui ne veut que commander, prendre les armes et détruire pour survivre, cela ne durera pas bien longtemps. L'écriture à ces moments est dans le ton : vive, cruelle, détaillant sans tomber dans le gore ou le trash. Seule la vision est mise en avant, sans dentelle.
Théo qui avait des projets pour son avenir doit tout revoir, comme tout le monde. Survivre, retrouver des proches, sans voitures, sans téléphone, juste avec ses pieds et un sac à dos. Lorsque trois semaines avant les premiers symptômes de la maladie de la planète, il était traité de fou par tout le monde, que ce n'était qu'un affabulateur, mais au final, il avait raison. Comment ? Nous le savons déjà. Pourquoi ? Par chance ? Son instinct de survie est décuplée lorsqu'il sait que son frère est en vie, que Drazic lui apporte son soutien. C'est difficile, oui, mais il y a forcément quelque chose au bout de cette voie. Ce personnage est à la fois intéressant dans son système d'apprentissage et énervant de vouloir tout tout de suite. Le danger guette tout le monde, aussi bien les gens que la nature. C'est très facile de se dire que ce qui se passe peut arriver : je parle bien du dérèglement climatique et non d'un appareil qui nous montre l'avenir.
De nombreux rebondissements agrémentent le texte sous une pluie de chaleur intense. L'atmosphère est lourd, nous ne savons pas ce qu'ils vont tous advenir et forcément ce scénario ne va pas faire que des heureux, moi la première. Le côté fantastique, c'est malheureusement ce que j'ai eu du mal à intégrer dans l'histoire. Je trouve que tout ce qui se passe déjà est énorme et très bien expliqué, très bien amené. Cette part fantastique, bien que j'adore habituellement était de trop, pour moi. Cet avenir pourrait bien survenir plus vite que prévu au vu de ce que nous faisons déjà subir à la planète. C'est vraiment très réalisme et intéressant d'imaginer ce que nous serions capable de faire dans ce cas.
En conclusion, un livre que j'ai apprécié, un peu moins que d'autres de chez Taurnada, mais juste avec le petit plus fantastique (même s'il est léger). La roue tourne et j'ai été contente de voir que la vengeance a été acquise sans lever le petit doigt. C'est un récit qui fait prendre conscience du fait que nous devons faire encore des efforts. Les drames font murir, tout comme les épreuves. Drazic est vraiment le personnage le plus attachant à mes yeux au vu de tout ce qu'il a subi et ce qu'il va faire : une abnégation totale pour un jeune homme qu'il ne connaissait pas.
« « Pourquoi ils ont fait ça ? »
Drazic s'approcha de lui et s'accroupit à sa hauteur.
« La nature humaine, mon gars. Elle ne tarde jamais à se réveiller quand c'est le bordel. Je crois qu'on a tous basculé dans l'horreur. On a vu ça des dizaines de fois dans les films, dans les bouquins. Le même scénario banal à quelques nuances près. C'est la merde.
_ Et il va se passer quoi, maintenant ?
_ J'en sais rien. Pour sortir de ce merdier, on n'a plus qu'à croire au meilleur qui se trouve au fond de la pire raclure. Même le plus gros des abrutis sur terre a un jour pleuré, alors qui sait, peut-être que l'un d'eux sauvera le monde. Gardons espoir.
_ Garder l'espoir ? Vous me parlez d'espoir maintenant ? Espèce de gros con.» »