Résumé : « Deuxième et dernier volume des Pantins Marionnettistes, le diptyque grand-guignolesque d'une vendetta de masse.
Braham, 1939. Après le drame du château des Roches, Christian s’est réfugié sur l’île de Braham. Il y retrouve une flopée d’anciens ennemis, réunis là-bas pour refonder la congrégation. En quête de vengeance, il s’entoure d’un groupe d’alliés aux multiples compétences : la communauté. Mais l’imminence de la guerre précipite le départ de leurs ennemis. Pour les retenir de force, ils établissent un plan redoutable, visant à isoler l’île du reste du monde. Par un jeu de manipulation des masses et de falsification de l’information, la communauté grandira jusqu’à s’étendre à l’île entière, pour la plonger dans une psychose collective, qui finira par gagner ses instigateurs... » |
16/20 |
Je remercie Samantha pour sa gentillesse ET sa patience. Cela fait un bon moment que j'ai ce volume 2 et je n'avais pas encore sauté le pas. Pour plusieurs raisons dont une principale : une fois ce livre terminé, il n'y en aurait pas d'autre, car c'est le dernier. Je suis quelqu'un qui a du mal à terminer les trilogies, duologie de peur de ne plus pouvoir en profiter après (oui c'est débile, je le conçois dans mes instants de lucidité !)
Bref, un second tome que j'ai pris grand plaisir à découvrir, tout comme le premier volume. L'ile de Braham va nous montrer que les îles ne sont pas toutes paradisiaques. Christian a bien du mal à se remettre des derniers événements, pourtant son esprit vif est toujours bien là. Il rumine une vengeance dans tous ces détails. Les morts que nous avions découvert dans le premier tome ont laissé des proches en vie. Ces derniers veulent savoir qui a fait "cela". Christian va donc faire en sorte que sa vengeance ne se fasse pas sans aide.
Manipulations en tout genre, les personnages ne font que cela, à se demander qui est vraiment sincère... Personne, ou plutôt tous tant qu'ils restent égoïstes. Pour ceux qui ont lu le premier et pas le second celui-ci est plus sombre, plus violent aussi, plus tactique, plus de manipulation. L'auteur met le personnage principal dans des situations précaires et arrive à le mettre en position de force régulièrement. La manière dont Christian arrive à s'en sortir est bien plus qu'un simple tour de pirouette. Connaître son ennemi, ses faiblesses, ses forces, la façon dont il parle, il pense, il existe est crucial pour ce personnage qui décortique tout. Le château des Rôches est bien présent dans les mémoires, Christian se retrouve dans une position délicate.
« — Aaaah, vous me fatiguez, vous le savez, ça ? Bon, qu’est-ce que je fais ? Je vous résume encore la liste de vos infractions de ces deux dernières années, comme je le fais chaque fois ?
— Si tu veux, mais nous, on ne voit toujours pas ce qu’on nous reproche, maronna Adam.
— Ce qu’on vous reproche ? C’est vrai ça, moi non plus, je ne vois pas… Oh, si ! Tenez par exemple ! Voilà ce que j’ai sous les yeux : vandalisme, dégradation de la voie publique...
— Pourquoi t’utilises des grands mots juste pour dire qu’on a trafiqué quelques pancartes ?
— … tapage nocturne, poursuivit l’officier Hamilton.
— Il n’y a pas d’heure pour crier aux gens qu’on les aime, objecta Noah.
— Vol à l’étalage…
— C’était là, on a pris. On ne savait pas, expliqua Adam.
— … violation du domicile…
— Parlons-en ! Moi, je n’ai toujours pas compris pourquoi on n’était pas censé rentrer.
— … et, pour finir, exhibitionnisme et incitation à la débauche. »
Au départ on le retrouve comme caché, camouflé, ne voulant pas être trouvé. Et puis, les joutes verbales avec la police le montre totalement maître de lui. Il s'entoure de gens qui sont comme lui. Enfin non, pas comme lui, chacun à sa propre personnalité mais disons qu'ils sont quelque peu... dérangés ? L'île est un lieu où personne n'entre sans une bonne raison et personne ne peut en sortir. Un endroit où chacun se connaît, où des nouveaux sont venus pour se cacher, oublier ce qui s'est passé au château des brasseurs d'air. Coupés du monde, ces gens ont une vision de la vie différente. Les menaces sont réelles, les règlements de compte sont monnaie courante.
Coupé en quatre parties, le livre avance au rythme effréné de ce que Christian veut faire avaler comme couleuvre ou non à la population d'une manière générale. Ou comment faire croire à des flics que les meurtriers sont ceux qui le dérangent tous les jours et non lui, par exemple. La dernière partie étant pour le retour au présent avec Andréa, la femme qui s'est vu offrir la joie de mourir à un moment donné qu'il déciderait ! Nous en apprenons plus sur sa manière d'agir, celle de cet anti-héro qui a pour principes de ne pas se laisser bouffer par les autres.
« — Rampe, petit vers. Rampe… railla Christian en descendant les marches.
Elle pleura. Ses traits se convulsèrent d’un mélange de douleur et d’épouvante. Ce n’était pas possible. Ça ne pouvait pas arriver, ça défiait le bon sens ! Il n’était quand même pas en train de faire ça ? Pas à elle ! À la recherche d’une échappatoire, elle rampa à vitesse de colimaçon vers la baie la plus proche. Vu sa lenteur, l’entreprise était vaine… »
Il y a beaucoup d'événements et un déroulé non "linéaire" qui doit l'être dans l'esprit de Christian et par conséquent de l'auteur. Lorsque je dis non linéaire, je ne parle pas du temps, mais de la façon dont il raisonne, enfin connait-il ce mot ? (mdr) Le machiavélisme n'est pas un mot vain. Il arrive à embobiner sans perdre de vue son objectif. Sa noirceur est juste une goutte d'eau dans la mer qui entoure cette île, car il n'est pas le seul à vouloir "s'amuser". Sarah est un personnage central qui est encore plus sorcière que lui. Elle aime tester de nouvelles techniques sur les morts et les vivants. Les jumeaux Adam et Noah Telsault ont une grande importance également. Adorant faire des farces, ils sont véritablement des clowns impossible à tenir. Par contre je confirme, je n'ai pas retenu tous les noms de ceux qui ont été conviés à la petite sauterie !
J'ai un bémol, j'ai eu du mal à débuter le livre pour la bonne raison que le personnage d'Andréa n'est pas présent (juste dans la dernière partie). J'avais adoré leurs joutes verbales, la façon dont elle se trouvait dans un pareil guet-apens et paf, elle disparaît au profil d'autres personnages. Ils ne sont pas moins intéressants, juste que j'avais beaucoup accroché à elle. Par chance, Sarah est l'un de mes personnages préférés, tout comme Fiona qui est à l'opposé des autres. Disons qu'un peu de douceur avec elle apporte cette petite clarté qui nous permet de ne pas sombrer totalement dans la folie, quoique, après cette lecture, je ne garantis pas que mon esprit soit sain. (en même temps, pour ceux et celles qui me connaissent, il n'est pas très net cet esprit).
« Ils avaient grandi sur l’île. Ils ne connaissaient du monde que les lois restrictives de la crypte souterraine. Ils s’étaient forgés selon elles, et du jour au lendemain ils s’étaient retrouvés propulsés dans un milieu inconnu, dont ils n’avaient pas suivi l’histoire. Les codes de Braham étaient révolus.
« On est toujours en guerre au fait, ou c’est fini ? C’est fini, nah ? »
Ce fut la première chose qu’ils demandèrent au maître chapelier à leur premier jour de travail. Ils avaient compris, à la grimace effarée de l’artisan, que leur réinsertion dans la civilisation serait des plus ardues… »
En conclusion, un second et dernier tome qui est aussi décalé que le premier. Plus sombre, plus envoutant aussi malgré certain passage glauque et disons-le : gore par petite touche. Abel Mensev n'a pas fini de vous en faire voir de toutes les couleurs, même si cela s'approche plus du carmin que du jaune. L'île du ouï-dire porte très bien son nom ! Un thriller dans toute sa splendeur, avec ce qu'il faut de bizarreries et de mental. N'hésitez plus !