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Black Hills : Paha Sapa (Christian Carlier)
Disponible sur Amazon
Auteur : Christian Carlier
À paraître le : 1er Décembre 2019
379 pages numérique (epub)
Thème : Historique, Romance
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Résumé :
« Au milieu du 19e siècle, aux États-Unis, l'avancée des colons blancs atteint la région des Black Hills et des grandes plaines.
Le soir de ses fiançailles, la jeune Emma London, issue de la bourgeoisie de Chicago, est enlevée par une bande de Sioux Lakotas. Emmenée de force au village indien, Emma y restera prisonnière durant près de huit mois : huit mois de révolte et de confrontation avec ses ravisseurs, mais aussi de découverte d'un peuple paradoxalement attachant, au cœur duquel naîtra un improbable amour.
Écartelée entre ses origines et une société qui la fascine, Emma va devoir choisir.
Ce choix ne se fera pas sans danger... »17/20
Lorsque la maison d'éditions Plumes Solidaires a proposé la lecture de ce titre, j'ai craqué. Je les remercie de suite pour éviter de l'oublier. Le résumé m'a attiré dès les premiers mots. J'aime beaucoup ces histoires où il est question de personnages que l'on voit peu, comme ici les Indiens. Cela m'indiquait que nous aurions une part de leur histoire méconnue. Bien entendu, il y a de la broderie, mais un soupçon de vérité et une envie de découvrir ces peuples qui ont perdu beaucoup. La couverture est arrivée par la suite. Si au début je me suis demandé pourquoi ce choix de l'auteur, une fois la lecture terminée, j'ai compris et je suis ravie de cette vision qui confirme ses descriptions.
Mai 1845. Emma London est à une soirée mondaine pour fêter ses fiançailles avec David Bentley. Après le décès de son père et la promesse faite pour se marier, elle se retrouve dans la région des Black Hills. D'immenses plaines où vivent plusieurs tribus d'Indiens, jusqu'à ce que les colons ont débarqué pour s'approprier leurs terres. Alors qu'elle et son fiancé vont dans le jardin, Chayton et sa bande de Sioux avancent lentement auprès de la cabane qui garde des prisonniers de leur peuple. Aucun des deux ne les voit venir pour la simple et bonne raison que David tente de forcer sa future femme et qu'elle se débat comme elle peut. Les prisonniers sauvés, Chayton tombe sur le couple et décide d'emmener la jeune femme avec lui sans oublier de frapper sauvagement le futur époux. Une chevauchée infernale, une tentative de fuite et une jeune femme qui va devoir apprendre à vivre parmi les Sioux si elle veut pouvoir survivre.
« Et puis, et puis il y a la magie des Black Hills.
De loin, de la grande maison des Bentley, ces montagnes sombres, presque noires, justifiant leur nom, avaient généré chez la jeune femme une forme de fascination, une attirance qu’elle n’aurait jamais pensé satisfaire de la sorte. Parce qu’elles forment une sorte d’oasis au milieu de la plaine immense. Une élévation belle et sauvage, un ailleurs apparemment inaccessible.
De près, telles qu’elle les voit maintenant, le terme oasis prend toute sa dimension. Les hautes parois grises, déchirées et dentelées font une barrière naturelle et inviolable à une suite de petits édens verdoyants, troués de lacs et d’étangs, presque luxuriants en regard de l’aridité des sommets. Ici, c’est tout le contraire de la plaine. Ce n’est que succession d’élévations boisées, de vallées vertes ou jaunes, peuplées d’amas rocheux, de bosquets et de prairies ressemblant à des savanes, où s’ébattent une foultitude d’animaux de poils et de plumes. Un paradis pour les Indiens, une corne d’abondance où ils puisent avec sagesse et sérénité, remerciant en permanence le Grand Esprit de leur offrir cette manne sans cesse renouvelée. »Le livre est découpé en 4 parties importantes dans la vie de Emma : La capture, Une vie indienne, La libération et Retour aux Black Hills. Chacune de ses étapes apporte des éléments à la jeune femme et nous, bien entendu. Nous pouvons ainsi comprendre ce qu'elle ressent. Les émotions sont diverses, la peur, l'incompréhension, la haine, le désespoir, l'amitié, le besoin d'aider, la compréhension, l'espoir, l'amour. Emma est une jeune femme d'une vingtaine d'années qui ne se fie pas aux dires des autres. Voir de ses yeux est plus importants, même si les journaux de Chicago, la ville qu'elle habitait avant d'arriver dans ces contrées, indiquaient que les Indiens n'étaient que des sauvages. L’inquiétude de les savoir proches est présente pour tout le monde, pourtant certains restent persuadés qu'ils ne sont pas si terribles que cela. C'est la loi du plus fort qui se met en place. Les Indiens n'ont que des arcs et des flèches, tandis que les blancs colons ont des fusils, des armes de destruction.
Une histoire de territoire, une histoire de vengeance. Tout est bon pour que les uns et les autres se mettent en marche vers ce qui va ressembler à une guerre. L'enlèvement d'Emma n'est qu'une goutte d'eau dans la mer. James Bentley, le père de David, veut se venger de ce que ces sauvages ont fait à son fils. Il va user du fait que la jeune femme a été prise comme un objet pour déclarer cette fameuse guerre. Le vrai problème réside dans le fait que cet homme, si puissant, si fier de lui, si imposant auprès des autres n'est rien dans la vallée des Black Hills. Il ne connaît pas le terrain, ne sait pas ce qui se cache derrière tel ou tel morceau de terre. La plaine est vaste, le désert aride et le manque d'eau vont cruellement se faire ressentir. Celui qui voulait une vengeance emmène avec lui des hommes de terrain, mais qui sont également démuni face à la nature. Cette soif d'assouvir son but ne va l'entraîner que sur des chemins de haine perverse.
Le début du livre est posé sur les défaillances, les croyances et les acquis de chacun des personnages. Le temps s'écoule lentement. Nous suivons Emma et son périple, entrecoupé de l'aventure de James dans les montagnes. L'espoir d'être retrouvée s'amenuise au fur et à mesure qu'elle comprend que son futur beau-père n'arrivera jamais à les poursuivre correctement. Les Sioux ne sont pas des saints et savent se fondre dans le paysage. Ils ont des capacités bien au-dessus des blancs qui ne font que prendre. L'auteur indique (à la fin du livre) qu'il les a quelque peu idéalisés. Pour ma part, il les a faits comme je les imaginais : avec des codes d'honneur, de la solidarité, des cris de guerre, du sang chaud dans les veines prêts à défendre leurs biens. Les atrocités dont les journaux décrivent sont bien réelles, ils sont la réponse à l'acharnement dont les colons font envers eux. N'importe qui dans cette situation doit pouvoir se défendre d'une manière ou d'une autre.
Dans la première partie, Emma se trouve dans une situation délicate. Elle ne comprend pas le langage des Sioux, ressent de la peur qui s'estompe petit à petit. L'un d'entre eux arrive à communiquer en anglais, il a été prisonnier quelque temps et a appris cette langue. Cela amène un moyen de communication entre elle et ses ravisseurs. L'incompréhension passe à une compréhension difficile. Elle apprend leur fonctionnement, leurs pensées, leurs coutumes. Un échange va venir petit à petit, donnant une ambiance plus souple. L'énergie des personnages nous entraîne dans leur sillage. Le respect mutuel s'installe petit à petit. Puis les "parties" s'enchaînent lentement mais sûrement.
« — Chef Chayton dit que toi femme courageuse, pas pleurer quand enlevée par Sioux. Mais toi pleurer quand apprendre Visage-Pâle tué par nous. Cœur de la femme blanche fort, mais pas dur. Lui aimer ça. Quand lui revenir de combattre Visages-Pâles dans la plaine, lui penser à toi. Et voir aigle tourner au-dessus du camp des chasseurs. Lui penser aigle protéger toi. C’est grand pouvoir. Alors, Chef Chayton respecter toi.
Ces paroles bouleversent Emma. Elle s’attendait si peu à une telle déclaration de sa part. Elle pensait que sa haine envers les blancs annihilait toute autre considération. Elle se trompait. Elle découvre ainsi un nouveau pan de l’âme des Indiens qui font preuve de discernement au niveau de leurs sentiments. Et ces Indiens lui apparaissent à ce moment porteurs d’une noblesse de cœur qu’elle a peu rencontrée chez les siens. Cela la trouble plus que ça ne la rassure, car elle est malgré tout bel et bien prisonnière. Et si elle constate les qualités morales de ses ravisseurs, elle peut craindre tout autant la violence de ce peuple sans détours mais sauvage. »
L'écoute entre les personnages est une étape importante. L’obéissance est un point que nous ne pouvons pas éviter. L'histoire de notre jeune demoiselle est pleine d'événements qui la ramènent à son point de départ pour mieux revenir. C'est une épreuve pour elle et les sentiments que l'auteur met en avant sur ce protagoniste permettent de mieux comprendre ce qu'elle vit. Il y a des moments de doutes, nous ne pouvons que nous demander comment tout cela va se terminer. Car même si l'évidence des sentiments est bien présente, il y a des obstacles qui seront toujours présents. La haine des colons pour ces différents peuples qui étaient là avant et qui ne parlent pas la même langue n'a pas les mêmes coutumes. La différence fait peur et l'incompréhension apporte la haine pour les autres.En dehors de Emma, nous avons Chayton, l'un des chefs de sa tribu. Il est bon, généreux, un vrai guerrier qui n'hésite pas à prendre les éléments en considération. Tuer un homme ne lui fait pas peur, cela prouve sa bravoure. Nous le voyons au travers du regard de la jeune femme, mais aussi sur la manière dont les autres indiens le considèrent. Je me suis attachée à ce peuple, à leurs traditions qui ont une logique imparable. Il suffit d'un peu de communication pour éviter les carnages, ce qui ne sera pas le cas durant tout le récit. J'ai beaucoup aimé Abeytu, cette vieille femme indienne qui apprend et voit des choses que les autres ne voient pas dans l'immédiat. Il y a également Dungan qui est un personnage intéressant. Shérif, il se doit d'être impartial et dans cette affaire, même s'il a des sentiments contradictoires, il cherche toujours à comprendre avant d'agir. Mahpee donne énormément de lui. Il est le personnage qui montre ce que la fameuse civilisation peut faire à une autre.
Une nouvelle vie s'offre à Emma, une vie où la possession n'est qu'un luxe dont les Indiens ne veulent pas. Ils chassent ce dont ils ont besoin pour se nourrir, se vêtir. C'est une expérience qu'elle va vivre au début avec beaucoup de réticence et même plus que cela. Puis le temps passe et elle s'acclimate. Il n'est pas évident pour une jeune femme vivant dans un monde dit "civilisé" se retrouve dans une plaine. Elle est forte et courageuse, ce qui lui vaudra d'être reconnue. Ce sont des qualités que les indiens approuvent tout comme la générosité et le courage.
Le plus, l'auteur apporte des explications sur les prénoms qu'il utilise, ainsi que le calendrier à la fin du livre. Seul bémol, j'ai du mal avec la façon de faire de l'auteur. Je ne parle pas de son écriture qui est fluide et enrichissante. Je parle du fait que lorsqu'il se passe quelque chose, l'auteur l'indique déjà avant de décrire les scènes. Par exemple " La journée d'Emma ne sera pas une bonne journée", et là nous avons le récapitulatif de cette fameuse mauvaise journée. Cela arrive plusieurs fois, je préfère que ce soit dans l'autre sens.
En conclusion, un historique qui a beaucoup de qualités. Une histoire enrichissante avec la découverte d'un peuple qui a encore des choses à nous apprendre. Des personnages aimant la vie montrant qu'il suffit de peu pour être heureux. La bêtise humaine a existé et existera toujours engendrant ainsi la haine dans le cœur des Hommes. C'est la différence qui crée un bel ensemble, pas le fait de se ressembler. Black Hills est un magnifique texte à la mémoire de tous ces peuples, un historique légèrement romancé qui adoucit une dure réalité.
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Commentaires
Je pense que ça pourrait me plaire, à voir ! :)
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Mardi 5 Novembre 2019 à 21:12
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5VampilouSamedi 2 Novembre 2019 à 19:59Ah oui, le sujet me plaît terriblement lol-
Samedi 2 Novembre 2019 à 21:04
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Ce n'est pas du tout mon genre de lecture, mais je te remercie pour sa découverte !
Ah flute, tant pis, se sera pour une prochaine fois !