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De la nuit naît l'aurore (Elodie Morgen)
Auteur : Elodie Morgen
Éditions : L'Alsacienne Indépendante
Parution le : 13 juin 2023
190 pages
Thème : Novella Fantastique
Disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
J'ai pleuré..!
Résumé
« À seulement 3 ans, Abygaël a terrassé le cancer qui grignotait vicieusement son cerveau.
Désormais infirmière, elle s'apprête à faire ses débuts en EHPAD en compagnie de la mascotte de la résidence : l'inimitable chat Tatos.
Mais son premier jour est loin de se dérouler comme prévu ! Harcelée par des phénomènes étranges, elle en vient à douter de sa santé mentale et craint de replonger dans un cauchemar passé.
D'où viendra l'espoir ?
De la réalité… ou du surnaturel ? »Ma chronique
Il existe des moments dans une vie où les doutes vous paralysent.
Il y a des livres comme ça qui ne peuvent pas être noté comme un autre. Parce qu'ils vous font repenser à des moments de votre passé, ou de votre présent. Peu importe les circonstances, mais ce récit a chamboulé une part en moi. Merci à la maison d'édition pour cet envoi. Comme je l'avais indiqué sur insta, il est court (c'est une novella), mais il est intense du départ. D'ailleurs je ne l'ai pas lu d'une traite malgré le nombre de ages, impossible pour moi de continuer à tourner des pages avec des larmes aux yeux. Nous avons toujours un peu de nous dans une lecture, d'autant plus dans une chronique. Pour un auteur c'est toujours un peu plus que cela, car le livre qu'il décide de nous présenter à cette part d'eux qui va rester pour un lecteur au minimum. Plus c'est mieux, c'est certain. Je ne parle pas d'histoire qui défie l'entendement. Je parle de ces mots qui vous touchent parce qu'ils nous ressemblent, parce qu'ils sont humains et que derrière ces quelques pages, il y a des vies. Qu'elles soient réelles ou imaginaires, nous avons toujours un certain ressenti. Pour cette nuit qui devient toujours une aurore, cela ressemble au vent qui chasse les nuages d'une pluie pour apporter un rayon de soleil. Un moment unique qui revient sans cesse, la course du soleil pour se lever ou se coucher. Une vie d'être vivant en somme. Il nait, il vit, il meurt, mais dans ce cycle, nous avons des moments de doutes, des moments de joie et de peine. Nous nous construisons avec le passé, celui de nos ancêtres, de notre famille, de nos propres erreurs et de nos victoires. Chaque minute grappillée pour chaque personne ne signifie pas la même chose et pour cause : nous sommes tous différents, nous attendons tous quelque chose de différent.
Abygaël a survécu, dans ce récit après avoir vaincu un crabe. Ces petites bêtes que nous enfants, nous attrapions avec ma grand-mère pour les observer ou les manger lorsque nous étions chez elle. Celui-là n'avait rien à voir, si ce n'est que cette bestiole s'accroche à tout ce qu'il trouve. Le cerveau d'Abygaël a gagné cette manche, pour combien de temps ? Ce n'est pas une course contre la montre, il faut se satisfaire de ce que nous récupérons, mais parfois l'envie de hurler nous tiens. Abygaël a réussi ce pari de devenir infirmière et elle se présente pour son premier jour dans cet EPADH, 20 ans après notre histoire sur le covid. Ce même virus qui nous a séquestré chez nous sans condition, qui nous a prouvé que l'humain pouvait être impuissant face à ce qu'il ne peut voir. Ce premier jour, elle va faire la connaissance d'une de ses collègues de travail, Fatima qui était déjà en place à cette époque et qui a vécu l'horreur de ne pas pouvoir sauver les habitants. Je passe sous silence ce que je pense de cette période qui n'est pas si éloignée que cela de nous (étant dans le domaine du secourisme depuis 20 ans cette année et que j'ai vécu aussi des événements qui nous ont marqué), et je reste sur ce récit. Les années ont passé et Abygaël doit faire ses preuves devant une Fatima qui est usée de voir des jeunes passer dans cet établissement pour ne pas rester. Le travail n'est pas évident, certes, mais il est enrichissant. Les fameux "vieux" qui ne servent à rien, sans eux, pas de passé, pas de présent pour nous, ni d'avenir. Grâce à eux, nous apprenons beaucoup plus sur l'Histoire d'une manière générale, mais surtout sur la nature humaine. Cette même nature mise en avant dans cette novella avec générosité et bienveillance.
Bienveillance comme l'auteur qui use de mots apportant une certaine nostalgie dans son texte. Je dois bien avouer que je ne savais pas où je mettais les pieds avant de débuter le récit, même en ayant lu le résumé. Le côté fantastique arrive très vite et forcément durant quelques pages nous nous demandons ce qui se passe réellement dans l'esprit de notre petite Abygaël. Un fantastique léger qui m'a fait penser aux premiers épisodes de Ghost Whisperer (oui, j'aime beaucoup cette série) et sans vraiment comment, notre jeune infirmière diplômée va plonger au coeur d'une tristesse qui dure depuis quelques temps déjà. La richesse de ce récit provient des sentiments des personnages dont je préfère laisser le suspense. Nous avons nos pensionnaires qui ont une part importante dans ce récit, avec leur regard, leur esprit et ses fichues maladies qui ne devraient pas exister, comme si la vie n'était déjà pas assez vilaine par moment. Pour mieux en profiter ? C'est émouvant, certaines scènes sont revenues en force dans mon esprit, cette main tenue dans ce lit, l'attente des résultats qui ne sont pas toujours les meilleurs, les choix faits pour éviter d'en dire de trop, la peur perpétuelle de voir revenir ce crabe de malheur qui vous a déjà fait disparaitre des êtres chers et qui s'accroche à vous comme une sangsue. L'histoire est bouleversante, criante de vérité, avec les moments clés d'Abygaël, ce qu'elle a vécu, ce qu'elle va vivre et puis ce qu'elle va devoir transmettre. N'étant qu'une sans cœur, au vu de mon état à la fin de ces mots, je n'ose imaginer celui de quelqu'un de plus sensible que moi.Les sujets ne sont pas tous joyeux, mais quelque part il y a toujours cette lueur d'espoir, cette main tendue qui ne vous veut que du bien. La maladie, ou plutôt les maladies, le désespoir de trouver des solutions, la peine de perdre des pensionnaires, l'oubli, le manque de visite, oui, ces sujets sont forts, lourds et rempli de tristesse. Mais l'auteur souffle avec Abygaël cet espoir, celui de croire, d'être présent pour aider, de faire de son mieux, d'apporter cette bouffée de fraicheur à des êtres en mal-être, ou tout simplement oublié de tous. La difficulté n'a pas été que pour ces hommes et ces femmes qui n'ont pu voir personne durant des mois, les soignants ont dû faire face à des obstacles et même sans ce covid, il en ont toujours. L'âge des habitants est un fait et être à la retraite semble ne plus intéresser plus grand monde. Court, mais intense. Je le dis de nouveau, avec cette générosité, cette bouffée d'humanité qui ne nous lâche pas et en lisant l'après récit, nous le comprenons aisément au vu du passé propre de l'auteur. Les émotions sont vives, les sentiments importants et la recherche d'un peu de chaleur sincère sont mis en avant. Rien n'est simple dans cette histoire, entre la réalité et la fiction, la frontière est mince. Des chapitres très courts qui donnent envie d'aller plus loin et en même temps de pouvoir souffler entre deux. Un chat adorable qui a fait son temps sur les pages entre chapitres et qui nous apporte ces ronronnements régulièrement.
En conclusion, une novella qui a le mérite d'être juste, de redonner un peu d'espoir tout en gardant une part de fantastique. C'est un récit touchant, empreint de nostalgie, de bonté, de générosité, d'apprentissage, de peur, de lumière. Le monde dans lequel évolue notre personnage principal n'est pas simple, il faut faire des concessions, savoir répondre en gardant son tact. J'ai beaucoup aimé la façon dont le rire s'efface en se souvenant du pourquoi tel ou tel personnage agit d'une certaine manière. J'ai gardé volontairement certains sujets, certains personnages dans le noir, car c'est une histoire qu'il faut vivre et non lire et aucune chronique ne pourra rendre justice à ces mots si vrais. Je ne dirais plus qu'une chose : merci !
Extrait choisi :
« Elle n'écoute pas la "chose" qui ne se départit pas de son accent ibérique prononcé. Voilà, en attendant, la chose conviendra très bien pour la nommer. La raison d'Abygaël divague. Paralysée, seule sa cervelle tourne à plein régime. Elle réfléchit, mais ne tire rien de rationnel.
Peut-être qu'en la touchant, Abygaël découvrirait que c'est en réalité sa vision qui pose problème ? Il s'agit de l'explication la plus logique à laquelle elle a abouti. Cette matinée initiatique dans la blouse d'une infirmière diplômée n'aura pas été de tout repos. Abygaël est épuisée par la somme d'informations qu'elle a reçue. Elle a mobilisé trop de ressources : son cerveau se venge.
Après tout, ce ne serait pas la première fois ! Sa matière grise avait attiré toutes les attentions dans son enfance, développant sa vocation par la même occasion. Avec les heures qu'elle avait passées à l'hôpital pour éradiquer le crabe entre ses neurones, elle avait côtoyé nombre de blouses blanches. La petite fille déterminée qu'elle avait été avait choisi le métier de ses rêves : infirmière. »« Chroniques éthérées des Temps Modernes, série (Valentin Decodts)Un automne pour te pardonner (Morgane Moncomble) »
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