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Auteur : Christian Schott
Éditions : Ex-Aequo
Parution le : 28 mars 2024
148 pages
Thème : Policier
disponible sur le site de l'éditeur
sur la FNAC et sur Amazon
La boxe ? Pas si violente que ça !
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Résumé
« L’inspecteur Bolitch, qui reprend du service après sa convalescence, assiste à la cérémonie de départ en retraite du commissaire Darui lorsqu’il est appelé sur ce qui parait être une scène de crime.
Dans la forêt aux alentours de Thonville, un chasseur a découvert le corps d’un tout jeune homme victime d’une arme à feu.
Et les mêmes questions qui viennent et reviennent : Qui ? Pourquoi ?
Les investigations commencent. Bolitch, toujours accompagné de Maggioli, nous entraînera dans un monde qu’il connait peu. On retrouvera aussi dans cette troisième enquête son univers, le quartier, les petits restaurants, le café de Sélim, le commissariat.
On y croisera à nouveau sa compagne alternative Marlène, l’antipathique Alban Petitfeu, Ternier , Yolanda,… On y fera de nouvelles rencontres, belles ou moins belles.
Avec parfois un air de jazz, une chanson, quelques notes de Vivaldi.
On suivra les policiers qui fouillent la vie des autres, qui nous confient une part de la leur, dans cette histoire où le passé, enfoui, fuse comme un direct, et interdit alors tout avenir…. »
Ma chronique
Je remercie la maison d'éditions pour cet envoi. Il s'agit d'un auteur que je ne connaissais pas et même s'il s'agit du troisième tome d'une série, je n'ai eu aucun problème pour suivre aussi bien les personnages que l'enquête qui elle est bien uniquement dans ce récit. Déroutes, un roman qui a su me donner à la fois le sourire par les personnages et surtout intriguée par l'enquête qui est dans un monde que je n'ai pas souvent eu l'occasion de découvrir : la boxe. Alors que la police se retrouve autour d'un buffet garni et d'un pot de départ d'un collègue, Bolitch, inspecteur de surcroit doit en partir rapidement afin de se retrouver sur les lieux d'un crime en pleine forêt. Un jeune homme a été retrouvé mort d'une balle de fusil, apparemment, dans un coin où seuls les chasseurs véritablement se "promènent". Nourdine Jouini ayant un passé un peu sombre, allait devenir une vraie tête d'affiche dans le monde de la boxe. Mais comment et pourquoi se retrouve-t-il sur la table d'autopsie ? L'enquête est menée et avec elle son lot d'interrogations.
L'intrigue démarre d'abord sur le côté personnel de nos deux enquêteurs, Bolitch et son acolyte Maggioli qui adore tout ce qui est italien et pour cause, mais la bonne chère également. Tous deux m'ont amusé de bien des façons. Leur relation d'amitié est particulière, ils sont collègues de travail, ne se voient pas forcément en dehors, pour autant Maggioli s'inquiète souvent pour son compère surtout vu ce que nous donne comme apéritif l'auteur sur sa vie privée qui est un peu en friche. L'ambiance est un peu comme la série Navarro, un peu bon enfant par moment, des lieux de convivialité afin de décompresser avant de retourner aux fourneaux et... Oui, l'ambiance est particulière, différente des autres policiers déjà lu et c'est tant mieux. Cela change de style et je ne dirais pas que c'est reposant, mais plutôt apprenant. L'auteur nous donne des détails sur la vie privée de chacun des personnages et cela les rends plus humains, plus facilement accessibles. Leurs goûts musicaux bien différents, leurs voitures (alors là c'est le pompon dans le bon sens), leurs relations avec les autres protagonistes. Entre un chef qui a besoin de se sentir en haut du panier et les réflexions de Bolitch, j'ai cru qu'il allait faire une apoplexie le pauvre. Bref, des moments qui entoure d'abord l'enquête pour mieux nous faire comprendre les gestes de nos enquêteurs.
Un crime pour nos deux inspecteurs, un autre pour d'autres, la ville de Thonville semble bien avoir pas mal de travail. Cela complique la tache de nos "héros", car ils n'auront pas d'aide dans leurs recherches. Jouini, il faut savoir d'où il vient, qui il est, sa vie, son présent arrêté soudainement, son passé qui doit comporter un indice pour que son avenir soit arrêté de manière si brutale. Bolitch est revenu d'un arrêt et si le médecin lui a dis de lever le pied, pour une enquête il oublie de le faire. Il a ce besoin de savoir le pourquoi et nous aussi. Les questions fusent, les réflexions également et les échanges deviennent plus poussés. Les personnages secondaires semblent être tout beau, tout lisse, rien à se reprocher, mais quand ils grattent la première couche, nous comprenons qu'il y a toujours quelque chose. Un secret qui ne peut être avoué, un destin tragique, un abandon non voulu, un mensonge par omission ou non, un souvenir tardif, peu importe, ils sont à l'affût. Nourdine avait un avenir prometteur et plus nous avançons dans le récit, plus nous comprenons qu'il peut y avoir bon nombre de sujet telle la jalousie de réussir enfin quelque chose de bien. Le monde de la boxe nous est ouvert et j'ai beaucoup apprécié les moments dans les salles et les explications afin de mieux comprendre comment cela fonctionne. Il est vrai que la boxe est un art noble, mais pour y parvenir parfois il faut filouter.
Alors l'enquête, parlons-en tout de même. Il est boxeur notre nouveau dormeur pour toujours. Alors forcément cela tourne autour de sa passion, son métier ? Nous le découvrons en même temps que les inspecteurs. Et puis ses relations avec les autres, sa façon de faire qui est siiiiiiii bien... Il y avait forcément anguille sous roches ! Oui, mais quoi ? Le monde des "célébrités" est intenable, impensable et surtout il vaut mieux faire attention à qui nous accordons notre confiance. Pas facile de démêler le vrai du fax dans ces cas-là. Les hypothèses fusent de tous les côtés, Bolitch et Maggioli doivent creuser leurs cervelles, analyser les données, poser des questions, taper là où cela fait mal et ne rien lâcher. Une bonne mémoire est aussi importante que le reste et pur le coup, nous avons là un cerveau bien rempli qui devrait utiliser des cases pour tout retrouver. Lorsqu'enfin un déclic se fait, impossible d'arrêter Bolitch qui va aller jusqu'au bout des choses. Les révélations tombent les unes après les autres et je dois admettre que la toute dernière était... particulière. Pas besoin de mots pour bien comprendre le pourquoi du comment, l'auteur laisse assez d'éléments pour que nous lecteurs ayons en tête cette découverte. Je suis un peu restée sur ma faim pour le coup, les éléments se précipitent un peu trop rapidement à mon gout, même si tout est compréhensible du début à la fin.
Le ou la coupable se sait, à un moment donné, dans le collimateur de la police, sans que quiconque ne le sache vraiment. C'était instructif et très interrogateurs ces quelques paragraphes qui sont lâchés en plein milieu par moment. Déroutant également car nous ne savons pas qui est derrière ce crime et sa façon de penser nous laisse coi. Entre ce qu'il a déjà fait et ce qu'il compte faire, jusqu'où peut-il aller ? S'en rend-t-il compte ? Je me pose encore la question, car pour le coup, nous n'en avons pas plus, un soupçon de Columbo dans le sens où une fois le coupable arrêté nous n'avons pas la suite. Qu'importe, parce que les propos de Selim nous reviennent en tête avec ce final... Selim est un personnage qui est malgré tout central, il est à la fois propriétaire de son bar, mais psychologue à ses heures, enquêteur à d'autres, ami parfois, soupçonneux également. C'est un homme simple, mais aimable, s'occupant de ses clients comme s'ils étaient de sa famille. Si par moment il ne sait pas comment être un indic, sa façon de montrer son inquiétude est bien présente. La vie quotidienne des uns et des autres prend un peu de place et parfois un peu trop sur l'enquête, surtout que dès le départ nous avions bien compris l'histoire de Bolitch et de Marlène. La conclusion est rapide donc, mais je me suis attachée à ses personnages qui ensemble nous apportent beaucoup. Nos deux collègues ont toujours le mot pour rire, la mauvaise humeur est persistante et je me suis comparée à Bolitch, je déteste quand les gens se trompe dans le vocabulaire des expressions (oui je en suis absolument pas facile là-dessus). Le fait qu'il n'y aie pas de chapitres à proprement parler n'est pas dérangeant, la façon dont le récit est "coupé" par trois petites étoiles nous laissent souffler de temps à autre.
En conclusion, une enquête que j'ai beaucoup apprécié, tout comme la plume de l'auteur. J'ai fais une très belle découverte de ses mots et de sa vision des choses. Un monde pas toujours bien connu nous ouvre ses portes : le monde de la boxe, mais également les foyers sociaux, le passé de jeunes qui n'ont pas forcément eu de chances et qui se retrouve sur une table froide. Un duo de choc que j'ai apprécié pour leur simplicité, pas forcément leur gout musicaux, pardon. Même si la fin m'a semblé un peu précipitée, j'ai l'impression que c'est le style de l'auteur, à voir donc avec les précédents. Dans tous les cas, j'ai beaucoup aimé la façon dont ils prennent en charge leur enquête et surtout la façon dont ils se moquent de leur supérieur (pardon, mais c'est trop bon !) Une intrigue qui suit son rythme, qui est capable de nous entraîner dans de nombreuses suppositions et une ambiance un peu feutrée qui change. Je suis contente d'avoir pu découvrir cette plume et les noms des personnages, j'en suis morte de rire surtout pour Petitfeu qui lui va si bien ! Au final, la boxe ? Violente ? Que nenni, il y a bien pire que ce sport noble.
« - Changez de ton, Bolitch ! J'ai plutôt l'impression que ce sont des lunettes de tir qui se dirigent sur moi. Et, si l'enquête ne progresse pas plus vite...
- Je suis désolé, je ne fais que mon travail, comme mes collègues. Certes, je suis atterré de constater qu'un commissaire attendra un peu plus longtemps qu'il l'aurait souhaité avant de devenir principal, que le sous-préfet patientera avant d'être préfet, et que le rêve du préfet de devenir ministre risque de ne jamais s'accomplir. Mais, malgré ce chagrin qui m'étreint à l'idée de vous faire tant de peine, je n'ai pas le temps de vous consoler.
Petitfeu est crucifié, et quand il hurle le nom de Bolitch, l'inspecteur a déjà fermé la porte. »