• L'Ordre de Cobalt (Sébastien Sabat)

    L'Ordre de Cobalt (Sébastien Sabat)

     Résumé 

     
    « C’était il y a trois siècles et l'on commençait tout juste à s’en remettre." L'humanité avait frôlé l'extinction après l'Affrontement et les survivants avaient dû repartir de zéro avec leurs maigres ressources. Une opportunité de reconstruire une civilisation sans retomber dans les anciens travers. Mais était-ce vraiment possible? C'était une des nombreuses questions que l'assassinat du Champion de New York Reborn allait poser et Jackson Calder, détective médium de son état, n'avait aucune envie d'y répondre. Mais l'Histoire n'allait pas lui demander son avis. »
     

     Ma chronique

     

    Il y a trois siècles de cela, la Terre ne tournait pas rond et maintenant ? Encore moins ! Bienvenue dans l'univers en noir et blanc de Jackson Calder, un détective qui déteste sa condition de zombie, mais ne peut s'y soustraire. Un "homme" qui en a déjà vu des vertes et des pas mûres, et surtout toute la noirceur qui a pu exister par-delà les frontières; et pourtant, dans ce récit, il va avoir encore des surprises et pas des moindres : l'Homme est capable du pire sans s'arrêter !

     

    Un grand merci à l'auteur pour m'avoir fait parvenir ce pavé qui porte bien son poids, aussi bien en nombre de pages qu'en hallucinations collectives sur l'Humanité d'une manière générale. Dire que tout commençait tranquillement pour notre détective, des ennuis plus dur que son bras, ou presque, une envie de le trucider à chacun de ses mots, il a une vie très facile, croyez-moi sur parole. Quand le héros de la ville, New-York Reborn se fait zigouiller, plus moyen d'être tranquille pour lui. Car oui, le héros mort revient sous forme de spectre et est collé à ses basques. Autant vous le dire de suite, Calder est un anti-héros, le type même qui n'en a rien à faire d'autrui et n'est sur terre que parce qu'il n'a pas le choix. Alors un héros en puissance qui lui refile une migraine et ne le lâche pas, car il veut attraper son assassin... Une enquête simple, pas vrai ? sauf que le tueur de héros est sensé être mort aussi, mais qu'il est bien vivant, enfin avec ce qui lui reste et que Calder n'en a rien à faire ! (je sais je l'ai déjà dis, mais qu'import,e autant répéter pour être certaine que l'on m'a compris). Durant ces premières pages, des dirigeables arrivent tranquillou au-dessus de New-York Reborn, transportant des moines tout gentil, tout mignon (bien entendu il faut lire entre les lignes et comprendre qu'ils ne sont pas là pour faire de la dentelle) afin d'apporter aide, provision et autre genre de ce type pour la ville. Des bienfaiteurs que voila ! Trop bien ! (Ironie toujours !!!) L'Ordre de Cobalt (tiens, donc c'est le titre de ce tome) est dans la place, avec à la tête... je vous laisse deviner, mais aussi psychopathe que n'importe qui, avec des raisons obscures, des mesures disciplinaires à faire pâlir n'importe quel homme ou femme psychotique et surtout un savoir magique qui n'hésite pas à écraser ceux qui sont contre leur religion, entre autres. Parce que oui, une seule religion, un seul maitre, un seul pouvoir, bref, je vous la fais courte : l'Ordre de Cobalt est tout puissant et compte bien le rester mais à quel prix ?

     

    Si dès le départ, nous savons que cet ordre est complètement prêt à tout pour écraser les opposants, l'auteur ne lésine pas sur les moyens qu'ils utilisent et surtout sur la façon de faire. Leurs pratiques sombres sont pire que la noirceur du démon (quoi que, non, chut, vous le saurez en lisant ce tome) la manière de torturer psychologiquement, de faire des expériences sur tout et rien, de tester encore et encore, de manipuler, de tuer, d'éradiquer, de construire, de détruire... Bref, ils font tout pour être là, devant nous, en tant que sauveur afin de nous aider à les choisir. Et si vous ne les choisissez pas, pauvres de vous, une tombe anonymes, voire un cimetière commun pour tous, un simple trou en somme, la fosse commune ne sera pas séparée de vous. Calder, zombie et détective qui en a déjà vu bon nombre d'apocalypses (Buffy et sa bande n'ont rien vu encore), est embarqué dans une aventure hors du commun. En même temps, vu le bonhomme, il ne peut pas se retrouver dans une romance. La sale tête (pour ne pas dire autre chose), une attitude désinvolte, des lunettes noires et on comprends pourquoi il les garde même pendu à une potence, il se retrouve donc les pieds dans la boue, en plein complot ! Iris, notre héros mort revenu sous forme spectrale va apprendre à ses dépends également que son statut de mort/vivant ? ne tiens que grâce à un vivant/mort ! Iris est un personnage aussi exécrable que Calder et que la plupart des autres que nous allons rencontrer, mais derrière chacun d'entre eux, derrière chaque geste et paroles, nous ressentons bien quelque chose : soit qu'ils sont vraiment à abattre, soit ils cachent bien leur jeu pour ne pas montrer que leur cœur bat encore, un peu, pour l'humanité.

     

    C'est deux-là ne font pas dans le tricot (je sais, dentelle, tricot, pourtant les aiguilles pourraient être de véritables armes, mais pour Iris qui est un super-héros de NYreborn, ce n'est pas ça son super pouvoir) Le livre découpé en plusieurs grosses parties, toute avec le nom d'une ville, toute avec un "super-héros" afin de nous mettre dans l'ambiance. Et puis il n'y a pas qu Calder et Iris. Tous deux vont devoir démonter un complot qui s'est enraciné bien trop profondément dans un gouvernement corrompu (tiens donc) pour réussir seuls. Alors un flic qui n'est pas pourri, qui pense encore que le monde a quelque chose à obtenir (on aimerait bien savoir quoi ?) Wrist va devenir un allié. Oh, pas en une seconde non plus, qui aimerait se coltiner un zombie comme copain ? Avec ses paroles, son regard et ses manières, on n'a absolument pas envie de rester à ses côtés. Le monde dans lequel nos personnages vivent est une terrible dystopie. Les plus faibles sont relégués à travailler dans un coin, éloignés des "beaux" quartiers, proliférant comme des lapins, parce qu'il faut de la main d’œuvre perpétuellement, forcément. Et puis les meilleurs, en fait ils n'en ont que l'apparence, car en grattant la couche, c'est pourri jusqu'à la moelle. Je pense à Benedict et Alfontius qui sont des monstres. Pas besoin de penser que je vous dévoile un grand "truc", dès les premières lignes avec eux, nous le savons ! Dégénérés entre autres sans oublier tout ce qui va avec. Les personnages évoluent, montrent qui ils sont et parfois nous en apprenons plus sur eux, sur leur passé, leur espoir et ce qu'ils pensent réussir à faire, un jour ou l'autre. Iris est à double facette, le pouvoir monte à la tête d'une certaine manière et bien qu'il reste du bon côté de la barrière, il y a des choix faits qui ne plaisent pas forcément à Calder.

     

    Calder, je regrette de ne pas en savoir plus sur lui, même si l'auteur nous a lâché quelques bombes, j'avoue que j'aurai largement préféré suivre sa vie, plutôt que celle de Blue Thunder (un autre super héros) qui ne m'a pas intéressé plus que cela. C'est le seul bémol que je relève, mais il s'agit vraiment de gout, de préférence, je suis certaine que d'autres adoreront comprendre qui il est. Lorca est un bout de femme impressionnant et plus nous avançons et découvrons les super H, plus nous comprenons que rien n'est facile. Ils vivent dans leur ville, la protège, mais au-delà, que sont -ils vraiment ? N'ont-ils pas de rêves ? De projets autre que se battre pour sauver la peau des autres ? Et puis la ligue non pas des gentlemen extraordinaires avec des monstres de foire, mais des supers héros, est-ce qu'elle existe vraiment ? Les pouvoirs sont bien présents et par moment nous découvrons au détour d'un combat qui est capable de quoi. Qui a vécu une idylle et qui s'amuse avec les esprits. Le côté fantastique est bien présent de part cet aspect et également la magie, légère, restant en suspension dans les esprits, s'insinuant tel un serpent dans les eaux vives sans remous pour mieux prendre possession de votre esprit à défaut de votre âme. Quant au côté steampunk, il reste léger avec ses dirigeables et quelques autres petites choses. Pour ceux et celles qui auraient peur, rien de trop. L'auteur a fait un bon mélange à mes yeux de tous ces thèmes et même un peu plus encore. Le monde est en train de sombrer donc une fois de plus, les villes encore debout qui ont été reconstruite à plusieurs reprises se voient de nouveau à terre. Un road-trip, des rencontres, des bagarres, des questions, des ouins-ouins, des oui, des non, des "débrouillez-vous", des "on ne veut pas de vous", des "on va vous aider" pour retourner plus vite la veste de côté. L'esprit humain ou non nous montre tous les aspects, le conscient, l'inconscient, le subconscient, la barrière qui permet de s'arrêter à temps ou non et ceux qui passent par dessus pour réussir à obtenir ce qu'ils veulent, par la force ou la ruse, mais la force surtout.

     

    Une poignée d'hommes et de femmes vont devoir faire les bons choix : servir un ordre prêt à tout pour asseoir sa position de secte suprême religieuse et autre nom, ou la combattre. Comment ? Avec quelles armes ? Pourquoi ? Qui va gagner un bout de terre calcinée ? Car c'est ce qu'il reste de la plupart des morceau de villes et pour celle qui se retrouvent proche de la mer, les dégâts sont bien là, différents, mais présents. Si certains héros se montrent sous forme humanoïdes, nous avons quelques surprises, tout comme les opposants. L'ennemi de mon ennemi devient mon ami et celui qui était contre son camp risque bien de devenir un allié. Rien de plus vrai dans ces ultimes combats pour la liberté de penser, de vivre, de respirer. Beaucoup de joutes verbales, de cynisme, de réalisme aussi. Il s'agit uniquement d'une histoire, d'un récit, mais nous pouvons transposer comme bon nous semble ces mots à nos propres maux. Faire équipe  avec des gens que l'on aime pas, ou connait pas, pour gagner un peu de liberté, tenter le tout pour le tout pour garder en vie un maximum de gens. Point de super-héros dans ma poche, mais des clés qui permettent d'avancer un pas à la fois. Avec autant de pages, nous avons des détails sur les personnages que nous rencontrons, sur les états d'âmes des villes et également sur cette intrigue qui est complexe. Ne pensez pas que je vous ai tout raconté, Oh que non ! Il n'y a pas que le Bien et le Mal, entre les deux, il y a beaucoup de zones d'ombres aussi bien pour ceux qui sont considérés comme les supers et l'inverse est tout aussi vrai. De nombreux personnages à découvrir, pervers ou non, des mondes différents, de qui nous faire frémir d'horreur aussi. Je n'ai pas eu peur de débuter ce livre, au contraire, le résumé m'attirait énormément et j'ai pris le temps de le dévorer, pas comme Chronos, promis !

     

    Les détails sont entrainants, l'intrigue nous lâche par moment des bombes virtuelles, même si les personnages en prennent plein la tête. Des retournements de situation, des protection et des promesses tenues, de la manipulation aussi bien politique que mentale, l'auteur dirige ses personnages d'une main de maître et ne leur laisse pas beaucoup de répit. Coup de feu, armes blanche, magie, pièges, bombes, produits stupéfiants, nous avons la totale. Les caractères de chacun sont décryptés et aucun n'est laissé de côté, sauf les morts, bien entendu et surtout ceux qui le restent. C'est à la fois drôle et sombre, nous n'avons pas le temps de pleurer sur le sort de l'un ou l'autre, parce qu'il y a de l'action régulièrement, des courses poursuites, des jeux de cache-cache mortels. Je ne saurais dire quelle scène m'a le plus plu, parce qu'entre une mère prête à tuer le restant de ses fils (pour une obscure raison que nous découvrons) ou une magie du regard qui fait devenir fou, ou encore des sauts de puce, un ensemble de conscience qui cherche à comprendre ce qu'est la lâcheté de l'être humain...Nous avons de quoi faire et ce n’est que le haut de l'iceberg que notre cher Blue a probablement éradiqué en tapant du pied. La fin est ni totalement ouverte ni totalement fermée. Ce récit se termine par la fin d'une époque, d'un monde que nous avons suivi et de ceux et celles qui en sont encore vivants, sur leur deux jambes ou pas. Mais elle reste aussi sur une petite porte qui s'est refermée, apportant des questions, qui ne sont pas existentielles, mais je me dis qu'une suite, un dérivé, peu importe le mot que choisirait l'auteur serait plus que possible. Le fait de ne pas rester sur un personnage nous permet de visualiser plus grand, plus de terrain, plus de combats intérieurs ou non, plus de présentations des personnages, plus de rencontres aussi. Je passe de nombreux détails, mais j'ai adoré Lorca et sa façon d'être ne s'embarrassant pas de règles pour sa vie privée. Et Wrist, cet homme est indestrutible sans avoir de supers pouvoirs.

     

    En conclusion, un récit complet qui mêle agréablement de nombreux thèmes : dystopie, fantastique, fantasy, super-héros, steampunk. De l'humour noir et de l'humour tout court, des scènes de combats violents par moment, rapide, des rebondissements, de la trahison, des complots, des groupes d'êtres qui ne demandent qu'un peu de paix et d'autres qui veulent LE pouvoir absolu. Des supers-héros qui en portent plus que le nom et d'autres des imposteurs ? Le sarcasme fait du bien, il permet d'alléger certaines scènes. Les amitiés ont du mal à gagner en confiance, mais au fil du temps, les liens se font et les peurs de perdre les autres deviennent plus réelles. C'est original, un soupçon de SinCity pour ceux qui connaissent, mais avec des superman particuliers. Les références ne manquent pas et puis j'allais oublier, mais Calder en plus d'être détective et zombie, il est médium et attachant malgré tout. Une alliance entre deux morts-vivants et l'Humanité était vraiment à découvrir, j'en suis plus que ravie et heureuse de vous avoir emmené dans son univers durant ces quelques lignes. Plus qu'à passer le pas niveau lecture !

     

     Extrait choisi :   

     

    « Ici à Terminus, quand ça souffle, ça souffle. Il vaut mieux s'enterrer comme une taupe, vivre sur les réserves et attendre que ça passe. On est coupé du monde, aucune caravane ne vient se ravitailler pendant environ deux mois. Zéro pour les nouvelles fraîches.
    Imaginez maintenant, à titre d'exercice, une armée faisant le siège d'une ville dans de pareilles conditions, sentant tout à coup le souffle fétide du Dieu des vents sur sa nuque. Nul doute qu'elle jouerait le tout pour le tout et donnerait l'assaut, un assaut brutal et désespéré.
    C'est précisément ce qui arriva à Terminus deux jours plus tard. »

     

     

     

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