• La rose noire (Gilles Milo-Vacéri)

     Résumé 

     
    « 1940, Paris Malgré le confort d'une vie bourgeoise, Rose Desmoulins déteste son père pour avoir pactisé avec l'ennemi et chassé sa soeur du foyer familial. Devenue veuve de guerre, Rose fuit Paris avec sa cadette pour se réfugier chez leur grand-mère, en Normandie. Elle découvre les bienfaits d'une vie tranquille et accepte le poste d'institutrice. Quand l'une de ses élèves est tuée par les Allemands, submergée par la haine, Rose entre alors en résistance. Avec ce roman dédié aux femmes résistantes, vous découvrirez le courage d'une femme que rien n'obligeait à combattre et qui, poussée par les atrocités de la guerre, finira par créer, non sans mal, un groupe de résistants.  »
     
     

     Ma chronique

     

    Bonjour à tous et toutes !

    Je remercie la tour Babelio pour m'avoir tiré au sort afin de découvrir une nouvelle pépite de Gilles Milo-Vacéri, un auteur que je lis depuis pas mal d'années et même si j'ai fais une pause dans ses écrits, c'est toujours avec joie de lire son univers. 1940, en pleine seconde guerre mondiale, nous allons suivre Rose, une jeune femme, bourgeoise de surcroit, vivant à Paris chez ses parents. Alors que la guerre fait rage, que la France est sous l'occupation Allemande, que de nombreux français ont retournés leur veste et que d'autres se battent pour vivre libre, Rose Desmoulins se rend compte que sa petite vie bien tranquille ne l'est pas vraiment. Elle a la rage au ventre de voir ses parents se défaire des gens et des biens matériels pour l'Ennemi. Sa sœur Cécile en a déjà fait les frais. Devenue veuve de guerre avant même de connaitre l'amour, Rose va devoir faire des choix difficiles, certes, mais elle ne sera pas seule dans ce combat. Choisir de baisser la tête ou au contraire de la relever, choisir de mourir libre ou de vivre enfermée. Ne plus être libre dans son propre pays, voir des atrocités chaque jour, avoir de la désinformation quotidiennement et puis une petite lumière qui va lui ouvrir les yeux sur tout ce qu'elle va vivre. De nombreux événements dramatiques qui vont lui forger un peu plus le caractère et la changer à tout jamais.

    C'est une histoire bouleversante qui nous fait retomber des années en arrière. Avant de parler de Rose et de son combat, c'est aussi celui de tous ceux qui ont vécu cette guerre et celle d'avant. Des histoires, j'en ai entendu par ma grand-mère qui est née entre les deux. Lorsque la seconde guerre est arrivée aux portes de la France, elle avait 15 ans et vivait en Bretagne. Des coupons de rationnement, elle en avait encore dans son armoire bien des années après, des sujets qui prêtaient à rire et d'autres à pleurer. Des anecdotes qui à notre époque nous fait prendre conscience de la folie des hommes et de la bonté des autres. Cette époque où il valait mieux faire profil bas et se battre avec ses moyens, même si cela semblait peu. La résistance était partout, en chacun des français et autres hommes et femmes vivant pour la liberté et si prendre les armes était un rêve, il y avait d'autres moyens de pourrir la vie des envahisseurs. La rose noire est un véritable hommage aux femmes qui ont combattu avec leurs moyens durant cette guerre et les autres, celles d'avant et d'après, dans l'ombre d'un homme ou non. Des femmes qui n'ont pas hésité à se battre pour l'avenir des enfants restants. C'est l'histoire d'une femme dans ce récit qui nous est conté, celui de toutes ces femmes qui ont tenté le tout pour le tout.

    Je ne sais pas si j'ai été plus touché par ce livre parce que l'été dernier, mon fils a voulu que nous passions une partie de nos vacances en Normandie et par conséquent, avec tout ce que nous avons visité, aussi bien les musées les plus grands sur les états major, mais aussi ceux du peuple et vu de nombreux témoignages, mais ce livre a tout fait ressurgir. La haine envers l'occupant, la générosité envers ceux qui ont pu être d'une aide quelconque, le fait que tout n'est pas blanc ou noir. Il y a du bon du côté de l'envahisseur, comme du mauvais dans ceux qui subissent. Je ne referais pas la guerre, et le livre n'est pas là pour cela. La rose noire est une tranche de vie d'une famille qui voit sa vie bouleversée par de nombreux événements durant la seconde guerre mondiale. De dures épreuves indiquées dans le résumé, mais pas uniquement. Rose voit sa vie changer du tout au tout et prendre une position de chef qu'elle n'aurait jamais imaginé. Sa famille ? C'est celle qu'elle a crée, avec sa sœur, sa grand-mère, ce grand-père qui a déjà un passif, et bien d'autres encore. Elle a ce pouvoir en elle, ce don d'approcher les gens et de tomber sur LA bonne personne. Méfiance ? Elle oublie ce mot, l'a relégué dans un coin de sa tête. D'ailleurs s'il fallait retenir quelque chose de cette femme, c'est que c'est une tête brûlée qui a du mal à se contenir. Savoir ce taire, savoir quand parler, être capable de réfléchir au bien-être des autres, mais aussi du sien. Rose apprend à ses dépends parfois que la vie d'avant n'existe plus, que l'ennemi n'est pas forcément dans la langue de l'autre et que la salut peut parfois être amené par celui que l'on croyait être l'ennemi puissance dix.

    L'auteur compartimente très bien les différents protagonistes en fonction de leur statut, mais aussi leur fonction. Des hommes ou des femmes qui abusent, ceux qui aiment torturer, faire le mal et ceux qui respectent la vie. Tout cela a un but : celui de ne pas faire d'amalgames, car dans une guerre c'est vite l'anarchie et même entre eux nous ressentons les divergences d'opinions. L'Oberst fait partie de ces hommes d'honneur rare sur le terrain. C'est le type d'homme qui réfléchit, cherche les failles et comprend rapidement où il met les pieds. Son intelligence est souligné admirablement sans en faire des tonnes, par de petits détails qui nous montrent qu'il est bien plus intelligent que ceux qui dirigent cette guerre, mais qu'importe. Il sait ce qui se passera et ce qu'il adviendra de lui. Les personnages sont importants dans ce type de récit et il est difficile de ne pas s'attacher à eux malgré tout. La guerre n'est  pas un joli moment à passer. Nous savons déjà que certains d'entre eux, nous ne les reverrons pas. Des milliers de morts pour gagner la liberté qu'il ne faut pas oublier. Des protagonistes qui ont eu un rôle important, même si certains en doutent encore. Rassembler des informations, montrer comment le morse fonctionne, détruire ou ralentir des instants pour l'ennemi sans que cela ne se voit de trop. Car pour réussir il faut rester en vie. Ce ne sont pas les morts qui réussiront à mettre en travers de la route de certains fanatiques des embûches. Une seule libération est capable de faire la différence. Ce que Rose fait avec son groupe est important, car sans eux, sans ces nombreux petits groupes de résistants, aurions-nous gagné véritablement la guerre ?

    Le soulèvement d'un peuple affamé, c'est tout à fait cela. Les émotions sont nombreuses, la tristesse, l'espoir et nous, lecteurs de notre temps savons que les alliés et les français ont repoussé l'ennemi, mais à quel prix ? La Normandie a vécu de nombreux drames, tout comme la France entière, mais il est vrai que le débarquement qui n'est pas dans ce récit, car il ne s'agit pas d'un livre sur la totalité de la guerre, mais un instant de cette terreur, ce débarquement a marqué les esprits, aussi bien les Anglais, que les Américains, les Québécois, les Français, les Polonais aussi qui ont envoyé un contingent pour nous aider. Les sacrifices humains sont nombreux, certains lieux sont encore chargés en émotions et dans ces pages, nous le ressentons vivement. Rose entraine sa famille, mais ces derniers ne sont pas en reste. Chaque combat mené est une victoire en soi, qu'elle se fasse par la force ou par un autre biais. Toutes les bonnes volontés sont mises à contribution et les renseignements sur un oreiller est plus facile à obtenir que par la force. Rose, Cécile, Marie (comme ma grand-mère), Yvonne, Rémy, Yankel (qui a vécu un drame dans son propre pays), David, Adrien, Stan, Marceau et bien d'autres encore ont évolué au fil des pages. Nous sentons la colère, la rage, la haine avant, pendant et après des événements tragiques. Si chez certains nous ne pouvons pas les nier, chez d'autres c'est plus subtil. Je pense à Rémy qui est une force tranquille de la nature ayant déjà vu des choses. Son analyse est fine et c'est grâce à lui si Rose arrive à mieux se gérer par moment. Je ne dis pas qu'il n'y a que lui, mais il dégage ce qu'un père peut apporter et cela est reposant pour Rose. Leurs échanges font des étincelles par moment et cela n'engage que moi, mais cet homme a l'âme d'un gagnant, un visionnaire : il est capable de voir au-delà et de discerner qui sera capable de les mener jusqu'à la liberté.

    Nous suivons Rose et sa famille certes, mais nous avons aussi les oubliés, ceux qui ont dû disparaitre pour renaitre autrement. Les services secrets ne sont jamais bien loin. Si piloter n'est plus possible et que le bureau proposé n'est pas ce qu'il voudrait, que faire ? Les pilotes ont eu un impact sur le ciel, c'est certain, mais il est véridique aussi que leurs compétences ne s'arrêtent pas uniquement à piloter un avion, ou un planeur. Savoir repérer le lieu adéquat, transmettre des informations, rechercher qui sera capable de... Ces instants de dépression qui volent en éclat pour enfin assouvir ce qu'ils désirent tous : faire manger la poussière à l'ennemi. Être un homme d'honneur, être un homme de bien, être un pion pour aider un pays à se relever car c'est ce qu'ils sont tous : des pions pour aider, mais en cas de prise il vaut mieux en finir. Des émotions contradictoires envers les dirigeants de l'époque qui n'hésitaient pas à fermer un dossier afin de protéger les autres. La vie d'un seul être était réduit d'un claquement de doigts ? Cela ne plait pas à tout le monde, c'est certain et ce choix est bien difficile. Reste à savoir si nous, à leurs places nous aurions fait comme les personnages. L’évolution est fulgurante, à la hauteur de la violence de l'ennemi qui n'a de cesse de frapper, torturer, violer, humilier ceux et celles qui n'ont pas grâce à leurs yeux. Je pourrais continuer un moment sur le récit, sur les personnages car il y en a plusieurs, cette façon de vivre pleinement, d'oser ou de ne pas oser tomber amoureux parce que la guerre n'est pas le lieu pour cela. Ce livre est complet dans tous les sens du terme.

     
    Une évolution des caractères, entre celui de Rose qui devient plus froide de part ses fonctions, mais qui a su garder une part d'humanité alors qu'elle n'y croyait plus. Sa sœur qui va aller le plus loin possible pour soutirer des informations, quitte à se mettre en danger. Le fait de camoufler la vérité aux gens qu'on aime, les tensions, la peur pour ceux qui sont obligés de fuir et ceux qui ne reviendront probablement jamais. Ces gens qui se sont connus et qui sont obligés de se dire adieu parce qu'ils sentent que tout est fini d'une manière ou d'une autre. La campagne n'a pas été épargné. Avec mon fils nous avons vu des témoignages rempli de souffrance bien des années après, les vols, le fait de ne pas prendre en considération la vie de l'autre, mais aussi la méfiance de son voisin. Les obstacles sont nombreux pour tous ces hommes et femmes qui ont vécu durant des mois de privations, de trahisons, mais aussi quelques instants de plénitudes, bien trop rares, mais qui redonnent de l'espoir. Rose pourrait être n'importe quelle femme qui en veut ! Vouloir la paix, vouloir que les enfants vivent sans peur, vouloir que chaque être aie droit aux mêmes privilèges que leurs voisins. On l'aime ou on la déteste, mais je l'adore ce brin de femme qui n'aura de cesse de monter au créneau, de faire des choix qui font peur tout en se disant que si personne ne fait rien, tout sera terminé. La vie est menée comme ma grand-mère me racontait, avec des moments où le rire était présent et à d'autres où les sirènes ne faisaient que donner la peur panique. Est-ce qu'ils vont tous rester en vie ? Tous ceux que nous suivons ? Qui mérite de mourir ? Est-ce que la haine est plus forte ? Est-ce que la vengeance fera véritablement du bien ? C'est un récit qui n'a pas de temps mort. Je regrette juste ne pas avoir eu le fin mot de l'histoire avec les parents, mais l'Histoire avec un grand H nous raconte très bien comment ce genre de personnes a bien pu finir. Nous avons envie de savoir comment tout cela va se terminer, pour eux tous, car les livres d'Histoire nous ont déjà donné la fin de cette guerre.

     
    En conclusion, une tranche de vie d'une famille durant la seconde guerre mondiale qui est réaliste. Les faits historiques travaillés sont mis en avant, les émotions à leur paroxysme. La femme est mise en avant sous toutes ses formes. Il ne s'agit pas uniquement de Rose à la tête d'un groupe de résistant, il s'agit également de toutes ces femmes qui ont combattu avec leurs moyens afin de participer à la libération de leur pays. C'est un récit poignant, qui nous plonge aux côtés de ces hommes et femmes qui n'ont jamais abandonné, qui ont parcouru de nombreuses épreuves, avalés des kilomètres, mis leur vie entre les mains d'autres pour le résultat que nous connaissons. Oui, mais à quel prix ? Je suis heureuse de savoir que des hommes et femmes ont pu se retrouver après tout cela et qui sait, peut-être que Rose aura une fin digne de ce qu'elle a été ? Pour cela, il suffit de lire son histoire, ce que je recommande chaudement.
     
     

     Extrait choisi :   

     

     « Alors que leur voiture roulait depuis un certain temps, l'Oberst se tourna brusquement vers son aide de camp.
    - Retenez bien ce que je vais vous dire... un jour prochain, nous perdrons cette guerre et il faudra rendre des comptes.

    - Pourquoi dites-vous ça ? demanda l'Hauptmann, étonné.

    - Parce que nous n'avons pas une attitude digne et honorable. Nous avons envahi trop de pays en versant trop de sang et maintenant nous mettons la France à genoux, nous affamons toute la population, nous les  torturons, nous anéantissons tous leurs espoirs...
    - Et alors ?

    - Un peuple qui a faim, qui perd toutes ses libertés, qu'on enchaine... C'est aussi dangereux que de mettre un coup de pied au cul d'un ours enragé.

    Johann pinça les lèvres.
    - C'est  pas faux. En attendant nous sommes vainqueurs et...

    - Un conseil. Prenez un livre d'histoire de France et regardez ce qui c'est passé en 1789. Un peuple qui se soulève, c'est la fin de tout. Les Français ont décapité leur roi et démoli le système. Alors, imaginez ce qu'ils peuvent faire contre nous, 150 ans plus tard.
     
    »

     

    La rose noire (Gilles Milo-Vacéri)

     

     

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  • Commentaires

    4
    Vampilou
    Vendredi 3 Mars 2023 à 08:26
    Un cadre toujours difficile, mais passionnant, ça me paraît être un roman fort intense !
      • Dimanche 5 Mars 2023 à 13:52

        Même si les livres d'histoire nous en racontent toujours, que les anciens en parlent parfois, c'est le type de lire qui nous met directement dans l'époque :)

    3
    Jeudi 2 Mars 2023 à 22:45
    Voilà un roman qui me dit bien, au vu de ton retour !
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