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Auteur : Camille Anssel
Éditions : Ex Aequo
Parution le : 18 avril 2024
280 pages
Thème : Fantasy
disponible sur le site de l'éditeur
à la FNAC et sur Amazon
Un terrible voyage pour une vengeance bien méritée !
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Résumé
« La forêt bruisse autour de l’Enclave, et le monde s’ouvre aux progrès de la mécanique. Mais les vieilles animosités ne s’éteignent pas d’un simple coup d’éventail.
Ma chronique
Je remercie la maison d'éditions pour m'avoir envoyé ce récit. En fouinant, une fois ma lecture terminée, je me suis rendue compte qu'il s'agissait d'un tome "3", mais de ce que j'ai compris, l'univers crée est utilisé dans les trois récits, pas les personnages que nous avons ici, enfin de toute manière, cela ne m'a aucunement dérangée de lire celui-ci en premier, parce qu'il ne m'a absolument pas donné l'impression d'être une suite, donc c'est très bien. Le début démarre sur Laurenn Mariani, une femme de poigne qui tient ses mercenaires d'une main de fer. Sur sa monture, avec sa scribe Ciara, elles reviennent d'un périple où une lettre est arrivée. Une de celle qui fait miroiter des choses impossible en temps normal, surtout lorsque l'on comprend qu'il s'agit de l'empire et que elle n'est qu'une chef de mercenaires aux dents longues. Le scepticisme de Ciara fait plaisir à voir et en tant que lecteur nous sentons nous aussi l'entourloupe, mais à ce point... Un récit fantasy où le monde crée fait donner des sueurs froides à n'importe quel être humain face à un autre, par contre les bestioles mangeuses de tout ce qui traine, même des humains, ça va, voyons. L'enclave est un lieu de paix, magique à souhait et si terriblement attirant... Vous modifiez tous les mots en son sens contraire et vous comprendrez que si l'enclave est restée "forêt", que la modernité n'a pas encore réussi à y mettre son pied, ce n'est pas pour autant une bénédiction d'y vivre, mais à défaut de toit...
Laurenn est un personnage auquel on s'attache. Sa vision naïve des événements va lui rendre la ie plus dure encore qu'elle n'a. Ce n'est pas une belle femme au sens stricte du terme, pas la plus en vogue, où de celle qu'on s'attarde sur son beau visage. Cela change beaucoup et j'ai adoré avoir une "héroïne" différente. Avec des défauts physiques, avec un caractère de survie et une belle évolution. Ses deux visages du départ nous montre qu'une femme ne doit montrer aucune faiblesse sous peine de se faire renverser et même ainsi les rebondissements lui retombent dessus tels des morceaux de verre d'une vitre brisée. Le monde de Laurenn est chamboulée rapidement, et va aller de déception en déception, jusqu'à ce qu'elle se retrouve coincée, une fois n'est pas coutume. Ce récit l'entraîne loin dans la jungle, mais aussi dans son moi profond. Elle va se découvrir réellement, surmonter les épreuves une par une et se hisser aussi haut que possible. Son esprit capable de faire la part des choses avec le mental et le physique. Les douleurs ne sont rien en comparaison des trahisons, des pertes tragiques et de son instinct de survie. Si nous pensons qu'elle n'en a pas, ce n'est pas vrai. D'accord, elle se retrouve toujours dans des situations difficiles et ainsi elle doit composer avec ce qui lui tombe dessus, mais elle en devient plus forte, habile et sournoise. La fameuse tour de l'Enclave n'a qu'à bien se tenir, je vous le garantie ! Rien ne se passe comme elle l'aurait voulu aussi bien pour elle, que pour Ciara et sa garnison d'hommes. La trahison va devenir une vengeance et la douleur sera son moteur qui la fera se lever et avancer pas après pas.
Une rencontre va l'aider dans ce qu'elle va entreprendre, entendre par là vengeance ! La famille Coatzal et plus précisément Manco. Des rencontres, Laurenn va en faire à foison et si certains d'entre eux périssent dans la joie et la bonne humeur (entendre par là que les morts ne sont pas drôles bien entendu, mais la façon de faire "sauter" un personnage est amusante dans l'écriture proposé par l'auteur.) Si vous désirez vous attacher à l'un d'entre eux, c'est à vos risques et périls, parce qu'il y a un vrai travail de personnage à mettre six pieds sous terre, mort ou pas. La fameuse Tour est un véritable phénomène de foire, elle attire tout le monde et surtout l'Empire qui la veut. Le pourquoi ? Oh, cela, il faudra le lire pour le découvrir. De nombreuses théories fumeuses ou non lui tournent autour et c'est un grand mystère qu'il faudra décrypter afin d'en recueillir ce fameux pouvoir tant désiré par de hauts dirigeants qui n'hésitent pas à utiliser des êtres humains comme cobayes. Cette Tour a un grand potentiel, enfin c'est ce que beaucoup de personnages pensent, tout comme le fait qu'elle est "tombée" du ciel. Est-ce que des extra-terrestres passeraient par ici ? Les ragots vont bon train et lorsque personne n'arrive à savoir la vérité, autant s'amuser à raconter des histoires, pas vrai ? Laurenn doit composer avec son savoir, le fait qu'elle ne sait pas lire et garder en mémoire tout ce qu'on peut qui dire. S'adapter est primordial et ce n'est pas Grayce qui lui dira le contraire.
Les chapitres sont courts et j'adore cela, je peux m'arrêter comme je le désire, ce qui est vraiment top pour ma part. De plus, à chaque fin ou presque de chapitre, nous avons toujours un petit truc qui nous donne envie d'avancer encore un peu afin de découvvrir ce que l'auteur lui réserve. Et ce n'est pas beau, mais c'est aussi cela un personnage qui doit se battre pour trouver des astuces et réussir dans ce qu'il va entreprendre. Si c'est trop facile, le lecteur trouvera à redire, moi la première. Au moins, nous en apprenons toujours plus sur les légendes de la tour ou de ce qu’elle a pu faire réciter dans les villages, sur les familles qui sont empêtrées jusqu'au cou depuis des années et bien plus encore et puis les fameux dons dont je n'ai pas parlé et qui sont présents, quelque part, bien entendu, à vous de les découvrir. Je suis allée de rebondissements en surprises, que tout soient bons ou non, mais j'ai toujours eu l’impression de tomber des nues à chaque fois. Le récit est rythmé par ces chapitres courts et par les actions. En dehors des courses-poursuites et autres "combats" nous avons pas mal de réflexion, de moments plus calmes, mais où le danger rôde toujours. Il est là, juste derrière une épaule ou cachée dans un recoin d'une coupole, rien n'est laissé au hasard. L'Empire a une véritable mainmise sur tout le royaume et cela l’ennui fortement de ne pas avoir les secrets de cette Tour au creux de leur main. Ce qui sera probablement leur tombeau. Bien que le livre ne soit pas énorme comme la plupart des fantasy que j'ai pu lire, celui-ci à de quoi nous donner de bonnes descriptions des lieux, des gestes et des pensées de Laurenn. Je n'ai pas ressenti de manque sur l'Enclave en somme ni même sur les personnages qui sont somme toute assez nombreux sans pour autant de trop.
J'ai laissé volontairement des personnages comme Nino que j'ai adoré, ou encore Viscilinus (lui je désirerais le voir six pieds sous terre dévoré par des larves tiens) et puis le vieux et bien d'autres encore. Des amis, des ennemis, des traitres, des bien-pensants, des médecins fous, des personnages qui n'hésitent pas à montrer ce qu'ils sont ou ne sont pas. Les masques tombent à un moment donnés, tout comme les challenges de tout garder pour soi. C'est très intéressant comme récit, parce que même s'il est dans un monde crée, nous avons des émotions, des sentiments, des actes qui parlent de la vie réelle. Pouvoir revenir d'entre les morts, recommencer à zéro, réussir à obtenir ce que l'on désire, nous avons tout cela et même un peu plus encore entre ces pages. La plume est cynique comme le personnage principal, piquante donc bien entendu, descriptive et passionnante. Les créatures qui peuplent la jungle ne sont pas si "méchantes" que cela en comparaison de ceux que les hommes peuvent bien faire. Les joutes verbales sont nombreuses, Laurenn est à la fois piquante et "neuneu" comme il l'indique si bien. Elle a beau avoir fait des choix qui étaient mauvais et perdu terriblement de choses, elle va ressortir de cette histoire plus forte qu'avant. Parcourir l'Enclave à dos de montures particulières, découvrir des us et coutumes, rechercher son moi profond au final est un chemin que j'ai adoré faire aux côtés de ce brin de femme qui en a gros. Il reste encore plein de choses à découvrir, je vous laisse e soin de le faire par vous même.
En conclusion, un récit qui se suffit à lui-même, même si j'avoue que j'ai envie de connaître un peu plus dorénavant les territoires autour de l'Enclave. Laurenn est une femme admirable qui va vivre des aventures hors du commun. Elle est capable de donner le change, de jouer à des jeux la rendant faible aux regards des autres alors qu'elle est prête à combattre. Tout ce que la Tour va lui démontrer sera bénéfique pour elle, malgré les obstacles et les péripéties qu'elle va vivre. Je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer dans ce récit qui est dense et cynique à souhait. C'est probablement ce qui m'a happé en un instant, les réflexions et divers jeux de rôle de Laurenn qui m'ont embarqué dans cette aventure où les bottes sont bien plus précieuses que des souliers. Et accessoirement la frontière entre la douleur et le cri.
« J'étais à présent en mesure de distinguer à quel point mes sauveurs étaient barbouillés du sang de leurs victimes, mais ce ne fut pas le terme de barbarie qui me vint à l'esprit en guise de qualificatif : plutôt celui d'efficacité. Oui ce style était celui de l'action froide et méthodique, de l'économie d'effort. Je peux l'avouer, toute décontenancée que j'étais, et ayant perdu une bonne quantité de sang, je venais tout juste d'établir le lien entre ces fous furieux et la famille de Grayce. Ce colosse, dont les courbes de lame tranchaient de l'impérial avec la fougue d'une déchiqueteuse, c'était donc son père. Le duel le plus long qu'il mena lors de cette escarmouche dura peut-être quatre secondes. Il bloqua un coup de glaive avec son bouclier, puis une lame d’assassin surgit de son gantelet avec un claquement sec, et celle-ci alla perforer l'armure ennemie. »