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Auteur : Elen Icreis
Éditions : Vaadasch
Parution le : 18 novembre 2023
416 pages
Thème : Fantasy/Post Apo
disponible sur le site de l'éditeur
à la FNAC et sur Amazon
Fait partie de la série
Les 100 voix
Coup de cœur !
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Résumé
« Survivre n'est pas forcément une chance... C'est ce que vont apprendre à leurs dépens Emma, Noham et Liv. De la veille de l'effondrement de l'humanité à J+31, à travers la France, les États-Unis et la Suède, laissez-vous emporter dans le sillage de leurs secrets, dans un monde où tout a disparu... sauf la cruauté. 100 Voix se sont unies pour délivrer un seul message. Et vous... Y survivrez-vous ?»
Ma chronique
Cela fait un moment que j'ai terminé ce livre et je commence enfin à redescendre. Pas de mon nuage, bien entendu, mais de la colère que j'ai pu ressentir à la lecture de ce récit. Une émotion forte qui m'a tenue éveillée durant des heures, où j'ai eu du mal à lire autre chose derrière et où les questions n'ont cessé de fuser en tout sens. Et si tout arrivait plus tôt que prévu ? Comment l'humanité serait réellement ? Qui serait les victimes et qui en serait les survivants ? De plus en plus, (non je ne suis pas complotiste), je me pose des questions. Les films agrémentent allégrement nos idées reçues ou non, d'un monde plus ou moins (ou pas du tout) utopique en cas de guerre bactériologique. des zombies dans certains cas de figure, des monstres assoiffés de sang dans d'autres, mais toujours une idée fixe : celle de la survie. Serions-nous capables de survivre, si nous avions la chance infime de faire partie de ceux qui serait immunisé naturellement (ou d'un vaccin injecté sans le savoir) dans des conditions plus dignes que ce que la plupart des créateurs inventent ? Quand je vois le monde dans lequel nous vivons, j’émets des doutes, des réserves et ce n'est pas parce que je suis une de ceux qui suis bénévole afin d'aider les autres que je serais meilleure. L'avenir ne peut être bloqué, l'esprit humain peut dérailler à tout moment et ce que nous prenons pour acquis n'est que fragile. Il suffit d'un rien pour que tout bascule : la raison, la folie, la joie, la vie, l'espoir tout simplement. Que ferions-nous dans ce cas si ce que l'auteur nous montre dans son récit ?
Déjà un grand merci pour m'avoir proposé de découvrir ce titre et tout ce qui va avec. J'imaginais bien des choses avant la lecture, mais à ce point ? Non, impossible. Le monde est en train de vriller, le réchauffement climatique, les perversités (qui existaient déjà depuis des siècles), et puis ce cataclysme qui nous tombent dessus. Les 100 voix, dont nous ne savons rien, nous ne pouvons que imaginer qui ils sont, s'ils existent vraiment, s'ils sont bien ce qu'ils prétendent être au final, mais le qui importe peu dans ce monde où tout bascule. 2043, le monde bascule. Les gens meurent les uns après les autre suite à un événement qui est très bien expliqué un de ceux qui est trop réaliste à mes yeux et qui fait forcément peur et se poser des questions sur nous-même, sur ce qui nous entoure et le... Et si cela arrivait vraiment ? Ce réalisme est surprenant, entrainant dans des rues étroites où les animaux ne ressentent que la faim cruelle et dévorent ce qu'ils trouvent sur leur passage. Un réalisme poussé au maximum avec un espoir d'imaginer que les pervers, les criminels seraient les premiers à disparaitre, que la folie du monde pourrait s'éteindre avec cette bombe. Ma mère disait toujours que c'était les meilleurs qui partent en premier, je n'aurais pas dû l'oublier. Les mauvaises herbes, les racines folles que nous pouvons arracher tous les jours et qui reviennent tel un boomerang, ceux qui sont viscéralement mauvais doivent avoir en eux un système qui les protègent de tout ce que l'Homme d'une manière générale peut subir. Mais passons. L'effondrement de la technologie, des êtres humains, la prise de conscience des survivants devient tout sauf drôle. Qui arrivera à tenir e coup en voyant ses proches mourir dans leur bras ? Qui restera en vie sans devenir totalement fou ? Qui se suicidera pour ne pas vivre ainsi ? Qui va se battre pour survivre et chercher des alliés ou au contraire fuir la population qui pourrait rester ? Tant de questions qui ne restent pas toutes sans réponses. Si vous n'avez pas envie de savoir, n'ouvrez jamais ce livre, sinon, accrochez-vous, car la suite va être mouvementée !
Durant un mois, nous allons suivre quelques uns d'entre eux. Un peu avant l’extinction d'une race, pas entière, mais où l'homme devient une race en voie d'extinction, nous les découvrons dans leur environnement. Noham, Beth, Liv, Emma, Thinker. 5 hommes et femmes qui se retrouvent avec des corps en pagaille, aussi bien dans leur maison que les rues. Les villes sont assiégées de morts, mais ils ne se relèvent pas ceux-là. Nous restons dans une réalité tout à fait plausible qui fait peur. Qu'ils soient prof, scientifique, journaliste, infirmière ou autres, les chances sont réduites à peau de chagrin. Des hommes et femmes qui ont survécu, on se demande comment pour certains et pour d'autres nous avons une vérité qui est effrayante. Qu'importe le pourquoi, qu'importe leur vie d'avant, il leur faut avancer. Oui, mais comment ? Le passé n'est pas forcément sain pour chacun d'entre eux, ils ont déjà dû se battre pour la place qu'ils avaient, pour leur vie, pour être là entre ces pages. Un passé effrayant de noirceur qui fait réfléchir sur nos propres positions. Imaginez que vous savez depuis deux ans tout ce qui se passe à côté de chez vous sans rien dire ? Imaginez que nous ressentez des sentiments depuis des mois et se taire de peur de se ramasser un râteau ? Prenez toutes les émotions, les sentiments, transformez-les en colère, en peur et vous avez des protagonistes en plus pour mettre des bâtons dans les roues de chacun. Des personnages qui n'hésitent pas à casser leur conscience pour laisser le subconscient prendre la place et pas de la meilleure façon qui soit. Vous pouvez avoir des gens bien sous tout rapport montrer un masque de bonté pour mieux vous enfoncer un pieu dans le cœur. Vous pouvez imaginer prendre peur en voyant quelqu'un se faire poursuivre et ne rien tenter, par peur d’être le suivant. Ces hommes et femmes que nous suivons rencontrent d'autres personnages et nous ouvrent les voies impénétrables de l'esprit humain dans toute sa splendeur.
Rien n'est léger, aussi bien dans les actes que dans les mots. La survie d'une espèce doit-elle passer par la mort d'une autre ? Il n'y a pas si longtemps que cela, j'avais eu la chance d'en apprendre plus sur les animaux par des livres de science et les plus faibles sont tués, pour le bien-être du plus grand nombre, pour pouvoir fuir plus facilement, pour tout un tas de raisons qui font que nous ne sommes que des animaux doués de paroles, parce que nous nous comprenons la plupart du temps. Mais d'une manière générale, nous sommes comme eux tous. Cela fait réfléchir, pas vrai ? Noham et Beth vont l'apprendre à leurs dépends, tout comme Liv, Emma et Thinker. Des pays différents, des comportements différents et surtout un esprit qui ne pense pas de la même façon. L'Homme a réussi un tour de force en s'imposant sur la Terre et si la Nature reprenait ses droits ? Nous en avons eu un aperçu durant le confinement qui a laissé des traces, il faut bien le dire. Alors avec un pareil événement ? La violence est omniprésente, la sensation oppressante de ne pas pouvoir respirer s'imprègne jusque dans la moelle et surtout être sur ses gardes h24 devient épuisant. Je me suis attachée à ses personnages (pauvre de moi, j'aurai dû le savoir, mais qu'importe !). Chacun d'entre eux montre une facette qui pourrait être celle de n'importe qui. Point de légèreté, le monde autour d'eux leur montre bien que même le silence est pesant. Leur manière de réagir est différente, certes, mais elle démontre un panel d'émotions ou de non-émotions. Le passé de chacun est déjà difficile, entre Liv et Emma, je ne pense pas à un concours, mais toutes deux devraient être sur la marche du podium... Toutes deux vivent essentiellement pour deux raisons : l'une par vengeance, l'autre par instinct de ne pas sombrer dans la folie. Ce mot qui pourrait être mauvais en soi devient une porte de salut. Je ne dirais absolument pas pour qui, mais cette part de monstruosité intégrée dans l'un d'entre eux va probablement aider dans cette survie.
La monstruosité n'est pas uniquement l'apanage des hommes, les femmes sont douées également. J'étais révoltée de tout ce qui peut se passer, pas dégoutée par les scènes de violences ou les faits qui sont plus ou moins racontés en détails (certaines scènes peuvent heurter la sensibilité et d'autres sont juste laissées à l'imagination ce qui est bien pire en somme). Ce sont des faits qui laissent des miettes de pain par endroit, dure comme la pierre, et je ne me suis pas posée de questions sur la fin, imaginant déjà les pires scénarios. J'en ai vu arriver et d'autres non. C'est tout l'art d'un tel récit, nous pouvons imaginer, laisser libre cours à nos propres peurs pour les voir graver noir sur blanc. C'est intéressant de voir jusqu'où l’imagination de l'auteur eut aller et la notre par la même occasion. Elle utilise des faits, se les approprie et on en vient même à se demander si elle ne ferait pas partie de ces fameuses 100 voix derrière tout cela. C'est une sacrée réflexion qui nous est offerte entre ces pages et nous n'en ressortons pas indemne. Je ne parle pas que des morts, je parle de notre propre conscience, de ce que nous faisons sur Terre, de cette nature qui se détériore pour nous, de ces animaux, de cette flore qui subit des pertes considérables, jusqu'à ce retournement de situation. Un reset total, une mise à zéro tel un ordinateur qui se voit infecté d'un virus et qui doit revenir au point de départ. Nous sommes ce virus et pour que la Terre revienne à zéro, il faut le supprimer. La solution est radicale, mais si nous avons une chance de tout changer, serions-nous obligé d'attendre d'être à ce point pour commencer ? Des combats inégaux, des regroupements peut-être, des peurs ancrées si profondément que des actes, des paroles sortent sans le vouloir. Et pourtant un esprit sain dans un corps sain, est-ce que tout cela le resterait réellement ?
En conclusion ? C'est une véritable claque que j'ai pris en pleine figure par cette histoire qui a des accent de vérité bien trop réaliste. La psychologie des personnages est mise en avant, avant, pendant et après l’événement crucial qui fait tout basculer. Les consciences s'effritent, la notion de Bien et de Mal n'existe plus. Le monde dépeint est plus réaliste que n'importe quel post-apo que j'ai pu lire, point de zombies, juste des gens qui tentent de survivre dans un monde détruit par la main de l'homme et dont le virus est à éradiquer au plus vite : soit nous-même. Pas de plus chanceux dans le lot, la peur nous fait prendre des mesures drastiques et chacun des personnages que nous suivons a ce petit quelque chose d'attachant. Même si la folie est bien présente, même si les émotions sont fortes et trouvant un chemin tortueux, chacun d'entre eux à une raison de tenter de s'en sortir. La noirceur du monde a malgré tout quelques lueurs d'espoirs, quelque instant de bonté et non l'inverse. La fin de ce tome 1 nous laisse sur une fin de route qui demande à avoir la suite sous la main rapidement. Certains passages sont douloureux, d'autres... on croise les doigts, nous comprenons que des sentiments peuvent éclore devant une différence. C'est un récit sombre, puissant, qui peut nous gêner parce qu'il va en profondeur, mais il est si vrai que les frissons de froid ne nous lâchent pas. Ne jamais oublier que la mauvaise herbe arrive toujours à retrouver son chemin... Sur ces dernières paroles, je vous laisse en compagnie d'un extrait qui, non, à vous de vous faire votre propre avis.
« Qu'est-ce qui incitait les miraculés à se terrer ? Qu'est-ce qui les poussait, Emma et lui, à se cacher également, s'isoler, amasser des réserves et des biens qu'ils ne pourraient consommer en uns seule vie ? La peur, en l'avenir bien sûr, mais surtout la certitude que l'humanité qui allait, ou non, survivre restait la pire des menaces pour le vivant. L'unique espèce qui ne se contentait pas de ce qu'elle possédait déjà, mais qui voulait toujours plus, lorgnant sur les propriétés de son voisin, convoitant les richesses, les terres, ne cessant ses conquêtes et ses guerres qu'une fois atteintes les limites de sa propre technologie. L'ennemi le plus dangereux de l'homme demeurait l'homme. Cette évidence ne s'arrêterait jamais. »