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Auteur : Frédéric Rocchia
Éditions : auto-édition
Paru le : 24 février 2021
319 pages
Thème : Polar
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
J'ai adoré !
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Résumé
« Octobre 1990. Côte Est des États-Unis.
Une série de meurtres vient frapper la ville de Deilton.
Elen Kern, ex-criminologue, est contactée par son vieil ami, le commissaire Conrad pour reprendre l’enquête en main. Le père d’Elen a disparu et cette disparition semble être le point de départ de tout le dossier.
Mais l’affaire est singulière. Les victimes n’ont aucun lien et les modes opératoires sont uniques.
Les meurtres s’enchainent et la presse, puis la police accusent la jeune criminologue de ne pas être à la hauteur.
Une course contre la montre commence.
Elen va devoir résoudre ce casse-tête au plus vite et tenter de comprendre qui se cache derrière ces meurtres et pourquoi personne ne semble vouloir connaître la vérité.»
Quelques infos sur l'auteur : Généticien et criminologue de formation, il est également auteur compositeur et romancier. Il aime le suspens, les intrigues surprenantes et les dénouements inattendus.
Ma chronique
Merci à l'auteur pour m'avoir proposé de découvrir l'un de ses titres.
C'est le premier livre que je lis de cet auteur et je dois bien admettre que j'ai plongé dans l'histoire sans m'y attendre. Elen est tranquillement prête à partir pour un pays froid avec celui qu'elle aime, lorsqu'un ancien collègue de travail, Conrad, vient la chercher dans son nid douillet. Cela fait un an que la mafia de leur secteur a été mise sous les verrous par Elen Kern après des mois de travail acharné et là, plusieurs crimes semblent montrer qu'au final elle serait toujours en place. Bien que notre femme de 40 ans ne pense pas du tout qu'elle est de retour, elle va faire une fleur à Conrad et retourner dans la ville qui l'a connu si bien : Deilton. Une ville qui m'a fait penser à ces villes comme Sin City, froide, austère, mais à la fois chaleureuse malgré tout dans certains secteurs. Le travail a bien changé depuis des années, des ports fermés, la misère qui est bien installée et depuis un an, la mafia disparue, les gangs ont refait surface. Un bien pour un mal ? Sauf que l'enquête semble les mener vers cette mafia qui a été dissoute. Elen n'y croit absolument pas, elle le ressent dans son être et si certains de ces actes lui prouvent qu'elle ne se fait plus aussi confiance, elle n'a pas tort dans le sens où il se passe quelque chose de grave. Les corps pleuvent plus vite que les gouttes d'eau d'un orage. Il y a bien quelqu'un dehors qui extermine un certain nombre de personnes avec ou sans rapport entre eux. Et puis, le père d'Elen qui a disparu inquiète même si avec sa fille ils ne se parlent plus depuis plus de vingt ans.
L'enquête est complexe. D'une part parce que Elen comptait ne plus revenir dans un commissariat et qu'elle se retrouve entre deux chaises et d'autre part parce qu'elle n'est pas la seule dessus et que le jeune Phelps semble tenir une jalousie excessive envers notre ancienne héroïne. Tout n'est pas blanc ou noir, le passé des personnages que nous côtoyons est variés et rien ne pouvait nous montrer qu'ils ont tous quelque chose à cacher. Phelps est le fils de l'institutrice qui était exécrable avec tous les gamins et dont la cervelle a vu le sol plus vite que prévu. Cet inspecteur est sournois, médisant, ne cessant de se montrer comme le meilleur. Nous sentons bien qu'il y a une entourloupe là-dessous et c'est facile de comprendre comment il y parvient. Ce qui était inquiétant c'est la façon dont il parle à son commissaire et là, il y a anguille sous roche. Qui tient qui ? Quels sont les nombreux secrets inavouables qui mettent en péril une enquête qui est déjà particulière ? quel est le véritable lien ? De nombreuses questions montrent le bout de leur nez et si personnellement j'étais du côté de Elen, par instinct ou plus parce que Phelps me sortaient par les trous de nez, je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Entre le commissaire Conrad et Elen, il y a des choses qui ne se passent pas comme avant. Avant son départ, avant qu'elle ne revienne parce qu'il en a besoin.
Lorsque nous comprenons pourquoi Conrad a agi de cette manière à un moment donné de sa vie, ce qui lui arrive est triste, mais probablement nécessaire. Sans compter que les révélations sont plus que surprenantes aussi bien avec son passé que celui de Elen, mais par-dessus tout Phelps. Ce type est exécrable, je n'ai vraiment pas pu le voir, l'auteur lui a donné ce rôle et il le joue admirablement bien. Non en fait, il s'agit d'un véritable complot, les personnages nous emmènent dans leurs pensées et passés si profondément que nous ressentons la mélancolie du début à la fin. Elen a choisi une nouvelle vie et nous pouvons la comprendre. Ce qu'elle a vu, ce qu'elle a fait et les conséquences de ces actes à ces moments précis où la mafia est tombée l'ont profondément marquée. Ce retour durant l'enquête va lui montrer qu'elle a fait des choix, qui lui sont propres. Ces choix qui l'amène à retrouver d'anciens compagnons, de boxe, de réussite, d'entraide dans un monde où l'égoïsme est devenu loi. Pour autant, j'ai adoré la façon dont elle mène sa propre enquête, en dehors de Phelps et Conrad, avec ses propres moyens, avec ses anciens indics, ses amis proches, ceux qu'elle prend pour sa famille. Sa vie devenue simple retourne dans un enfer personnel et ce que nous apprenons nous fais dire qu'elle a eu raisons sur bon nombre de ces choix. Pas besoin de lancer une pierre à quiconque, les faits sont là et qui sait si je n'aurai pas agi de la même manière ?
Une enquête avec des meurtres, enlèvements, disparitions, questions et puis des photos, des souvenirs et la presse qui fourre son nez où il ne faut pas. Les journaux font s'amuser avec le fait que Elen se trompe et que tout se dirige vers la mafia. Mais c'est trop gros, cela ne peut pas être possible, à moins que ? Le suspense est insoutenable du début à la fin, car même lorsque nous arrivons au moment où le tueur va être arrêté, un retournement de situation de plus va nous tomber dessus. Il est impossible de ne pas s'attacher à Elen. Ce bout de femme qui a vécu l'enfer a tout fait pour protéger sa ville et dorénavant elle a besoin de se poser avec José, son amoureux. Sauf que cette enquête lui tombe dessus et la suivre dans son petit appartement avec les photos afin de trouver des liens nous prend littéralement dans son sillage. Conrad, commissaire suite à une enquête rondement menée (vous allez lire) ne sait plus ou il en est. Veuf depuis des années, il continue son travail et ces meurtres sont de plus en plus un étau pour lui. Il ne voit pas comment s'en sortir et il semble que s'il a besoin de Elen, il ne l'écoute pas, pourquoi ? Alors là, j'étais sur les fesses ! Je ne m'attendais pas à cela et j'ai été plus qu'agréablement surprise malgré la noirceur de ce que nous apprenons. Les vécus sont lourds à digérer, rien n'est parfait, aucune vie ne peut prétendre être parfaite et pour le coup, nous avons des personnages brisés qui font ce qu'ils peuvent pou garder la tête hors de l'eau. Le maire m'a assise également, le pouvoir rend fou n'importe qui au final.
C'est simple de s'identifier aux personnages dans le sens où ils sont aussi réels que vous et moi. Entre le commerçant de quartier qui apporte plus qu'une boutique ouverte 7jours/7, le mafieux qui s'est retiré avant de passer de l'autre côté et tente de profiter de la vie, le chirurgien qui a la main un peu trop lourde sur les femmes, la femme qui a mal vécu son adolescence et qui doit encore se battre jour après jour. Les liens crées il y a des années reviennent en pleine figure, Elen va devoir composer avec son propre passé et les découvertes sur l'institutrice par exemple, mais aussi sa propre famille. En parlant de sa famille, bon sang, c'est vraiment de sacrées surprises. C'est ça "Tous les tuer" des rebondissements, des secrets qui se dévoilent, une enquête complexe où il ne fait pas bon vivre à Deilton avec des personnages qui ne sont pas des saints au final. C'est un univers que j'ai adoré découvrir, ce récit nous fait réfléchir. Les questions sur l'histoire, nous en avons et les réponses suivent, mais à leur place, qu'aurions-nous fait ? Sauver sa peau, se taire, se cacher, se venger ? Il y a tant de possibilités et tant de caractères que nous ne pouvons pas vraiment en vouloir à l'un ou l'autre, si ce n'est Phelps (oui lui il a tout mon mépris, ce qui me fait sourire). Le contexte est pesant, les gens méfiants, pourtant nous avons de petits groupes qui se soutiennent et cela montre que même dans l'adversité et la violence il y aura toujours une petite lumière pour apporter des moments de douceur. La fin reste dans la logique du récit, même si je ne m'attendais pas vraiment à une position. Je n'en dirais pas plus sur le sujet, juste que je n'aurai pas vu un autre final, à part peut-être un certain Phelps qui aurait eu une autre fin (oui je suis sadique !)
En conclusion, un récit que j'ai adoré. Une enquête prenante et terriblement complexe, des personnages attachants qui n'y vont pas avec le dos de la cuillère et les passés dévoilés. Bonn sang, les secrets sont énormes pour certains et ont définitivement pourris la vie de certains personnages, jusqu'au bout ! Une plume entrainante qui est capable de nous donner du suspense dans un monde où la survie est devenue la loi. Ce sont des instants de vie qui restent dans la VRAIE vie et cela n'a pas de prix.
« — Qu’est-ce qui se passe Conrad ? Pourquoi tu as fait sortir Phels ? Pour éviter que je lui saute dessus ou il y a autre chose ?
— J’en conclus que tu n’as pas entendu la radio aujourd’hui.
— Quoi encore, qu’est-ce que j’ai raté de si important ? Raconte-moi, j’en tremble d’impatience, répondit Elen d’un air blasé.
— Les journalistes ont parlé de la disparition de Bart Trick, en précisant que la police semblait se désintéresser de celui qui pourrait bien être le principal suspect. Phels était furieux, et tout cela n’arrange rien à notre affaire et nous met dans une situation délicate s’il s’avérait que Trick est effectivement impliqué. Or sa disparition ne me rassure pas.
— Merde, mais d’où obtiennent-ils toutes ces infos, c’est invraisemblable ? s’emporta Elen qui venait de sortir de ses gonds. Qu’importe ! Laisse-moi te dire Conrad, que je me contrefiche de ces journalistes et qu’il serait bien que tu en fasses de même ! Ma patience a des limites, crois-moi, et pardon de te parler ainsi, mais je commence sérieusement à me poser la question de ma place dans toute cette affaire ! Je te laisse, j’ai mieux à faire que d’entendre de telles conneries ! »
Eh bien ça intrigue pas mal, d'autant que la couverture est magnifique ! C'est fou les pépites qu'il existe en AE. :D Juste dommage que je ne sois pas dans ce style de lecture en ce moment sinon je l'aurais directement ajouté dans ma wishlist. ♥
Tu peux toujours le mettre dans ta seconde wish, pour quand tu seras dans ces thèmes xD