• LOU y es-tu ? (Florence Lizé)

     

    LOU y es-tu ? (Florence Lizé)

     Résumé 

     
    « Je n’avais jamais vécu avec l’espoir jusqu’alors. Maintenant, c’est lui qui m’accueille au réveil : aujourd’hui, Lou va sortir du coma. Je serai à son chevet et je la verrai étonnée d’être en vie, et surtout étonnée de l’improbable témoin de sa renaissance au retour d’un si long périple.

    Léo a été amoureux de Lou puis a cessé de l’être. Alors, pourquoi ce manque lancinant et cette volonté obstinée de la retrouver ?
    Il est proche d’y parvenir quand le destin s’en mêle.
    Commence alors un étrange voyage au chevet d’une femme retirée du monde.
    Lui racontant leur histoire chaque jour un peu plus, un peu mieux, il s’efforce de lutter contre l’inacceptable. Il sonde l’enfance estropiée de Lou et sa désolante adoption. Il fleurit sa chambre, trompe son ennui, apprend une langue étrangère et invente mille autres subterfuges… Mais c’est au Vietnam,
    démêlant les racines de l’abandon, qu’il trouvera le seul chemin possible pour permettre à Lou de continuer à vivre.

    Pour son quatrième roman, Florence Lizé poursuit son exploration des sentiments empêchés et du mystère des contradictions humaines. »

     Ma chronique

     

    Je remercie Babelio pour m'avoir permis de découvrir cette auteure et cette maison d'éditions au passage. Une très belle découverte de surcroit qui m'a touché. Le format du livre est presque tell un livre de poche et une couverture semi-rigide, si cela existe dans les termes, douce au toucher. Des pages fortes, pas trop fines qui nous donnent un certain poids dans la main lorsqu'on le tient. Un livre qui est un peu lourd physiquement, mais énormément au niveau psychique. Des thèmes qui font plus que réfléchir, des thèmes forts qui nous font nous poser de nombreuses questions sur nous-même, sur notre façon de voir notre propre vie et celle des autres, celle qui se mêle à la notre. La contradiction de l'être humain dans toute sa splendeur,  il veut, il désire, mais il rejette et le manque survint sans savoir pourquoi. trop tôt ? Trop tard ? Des questions que nous nous posons à un moment donné, ou pas, des moments clés de notre vie qui nous hantent sans vraiment savoir pourquoi. Et ces sentiments qui sont présents, mais difficiles à comprendre, à analyser, que l'on étouffe parfois d'un sourire de façade ? Et si nous étions tous des Léo en puissance sans le savoir ?

     

    Léo, la trentaine ne cherche pas forcément à se caser, mais la petite Lou, cette femme timide au mariage dont il a été convié, par amitié ou par dépits, l'attire. Une rencontre plus tard, une chance inespérée de pouvoir la côtoyer et de la récupérer. Une femme toute en douceur qui ne demande qu'un peu d'amour, d'attention, d'eau aussi, un peu comme ces fleurs fragiles qui demandent juste ce qu'il faut de soins pour s'épanouir pleinement. Mais, car il y a un ais, cette relation ne tiendra pas.  Pourquoi ? Comment ? Un matin, Léo se réveille, il ne l'aime plus. Point final. Leur histoire s'arrête, sans cri, sans heurt, sans la moindre anicroche, juste des larmes qui pointent au bord des yeux de notre Lou. En  peu de pages, nous passons de l'amour fou à l'extinction, des mois ont passé et nous suivons Léo dans son cheminement de pensées. C'est lui qui a viré d'une manière peu propre Lou, mais c'est elle qui le hante, sans qu'elle ne le sache. Deux ans vont passer, deux années où elle sera partout, dans son esprit, dans son corps, malgré les femmes, le travail, la nièce qui vit chez lui. Léo qui ne sait pas pourquoi elle est là, imprégnée dans ses rétines, sentant sans cesse son parfum, se souvenant de chacun de ses gestes, de ses mots si peu nombreux, de ses attitudes, de sa façon d'être, tout simplement.

     

    Grâce à ses souvenirs et ce manque lancinant, nous découvrons le caractère de cette femme qui a su faire tourner le cœur de cet homme d'un regard, d'une attitude. Lou est une enfant adoptée, vietnamienne dont la vie d'enfance n'a pas été facile, son adolescence encore moins. Devenue une femme fragile, peu sûre d'elle, nous comprenons son engagement vis-à-vis de Léo, son amour, ses attitudes, son tout. Une femme qui se dévoile sous le regard et les souvenirs, les pensées d'un homme qui se sent perdu. Perdu de l'avoir rejeté sans vraiment savoir pourquoi, et perdu de la sentir si proche sans pouvoir l'approcher. Refaire sa vie par dépits, par peur ? Et puis l'accident, ce moment où nous comprenons que Léo va tout faire pour la réveiller de son coma. Bien des mois ont passé, bien des événements se sont précipités, des joutes verbales entre Léo et sa nièce Paulina de 22 ans au départ. Ces mots tendres et francs avec sa mère, avec sa sœur Charlotte qui a aussi ses déboires. Une enfant Paulina qui cherche sa voie, sa vie, sa vocation. Une famille qui vit dans le mensonge sans vraiment le savoir. Parfois un beau mensonge englobe une belle vérité, mais parfois le mensonge une fois dévoilé n'est rien de plus que des mots qui ne font ni chaud ni froid. Savoir qui sont nos parents est une bénédiction, un bonheur sans nom, ou pas, mais ne pas savoir laisse toujours un emplacement vide, froid, tenace qui oblige la personne concernée à mentir sur son origine. Pour se sentir mieux ? Pour donner une illusion ? Pour ne pas être pris en pitié ? Peu importe les raisons, le mensonge fait partie intégrante de notre vie et pourtant, la vérité qui fait parfois plus mal serait bénéfique à plus d'un titre.

     

    C'est une véritable quête que nous propose l'auteure en nous laissant suivre Léo dans ses pensées et ses sentiments. La folie n'est pas loin, l'inconstance aussi. C'est un homme qui ose, qui a peur, qui parfois montre un visage qui n'est pas le sien. Il a besoin de comprendre, d'analyser un peu trop les événements, de se dire que l'amour n'est qu'un mot, rien de plus. Au final, il va apprendre énormément sur lui sur ce rejet qu'il a osé faire sans vraiment savoir pourquoi ce matin tout était parti. Pourquoi ce sentiment amoureux avait disparu de la surface de la terre. Une peur ? Probablement. Une fausse idée ? Surement. Sa demande de partir l'affaiblit lui, comme elle sans qu'il ne comprenne pourquoi. Sa sœur le comprend bien plus vite que lui, mais qu'importe, une grande sœur dirait n'importe quoi, pas vrai ? Et puis vu sa façon de vivre, elle ne peut pas être trop compréhensive. C'est pourtant si facile d'oublier, pas vrai ? Faux, Lou est de celle qui s'accroche, qui laisse une trace indélébile. Cet accident va tout changer pour Léo. Il va recommencer à zéro, reprendre une vie qu'il n'aurait pas voulu quitter. L'espoir qu'un jour tout redevienne comme avant, avant la cassure, avant cet abandon, avant que les mots ne soient trop forts. Un véritable parcours du combattant que nous livre l'auteure en usant de mots simples, de mots forts, des pensées qui peuvent déranger parfois, mais qui nous donnent le fil conducteur. Une issue dont nous ne pouvons ignorer la fin, mais qui a son importance. Le chemin parcouru semé d'embûches, ce chemin qui a permis à un être humain de trouver sa propre faille pour avancer plus sereinement.

     

    Rien ne sera simple, rien ne sera trop beau. Les souvenirs nous sont donnés par épisodes, laissant ce gout de mélancolie tout le long du récit. Une légère tristesse, un peu d'espoir, un brin de folie, cette mélancolie qui ne nous quitte pas un instant et puis de nouveau ce soleil levant, ce voyage au Vietnam qui va aider un peu plus à comprendre la vie de Lou pour Léo. Des secrets ? Oui, tout le monde en a, tout le monde ment, tout le monde est capable de vouloir protéger au mieux ce qu'il pense. Léo a besoin d'en savoir plus, beaucoup plus. Son comportement tourne à l'obsession : à la fois sérieux et loufoque, à la fois énervant et attentionné. Il se cherche tout en étant auprès de Lou, attendant son réveil, car il viendra, pas vrai ? Lui qui pensait l'avoir oublié n'en est que plus amoureux. Les jours passent, les mois, les années et ce sentiment est toujours aussi fort si ce n'est plus. Il est toujours présent, que se soit l'hôpital ou la maison des soins, rien ne peut l'empêcher d'être à ses côtés. Rien ne peut la remplacer ni les secrets éventés ni la famille. Que se soit la sienne qui est un soutien infaillible malgré tout, que se soit celle de Lou qui n'en porte que le nom, enfin presque, car sa sœur est aimante, elle. Un récit dans le récit, une histoire d'amour, d'amitié, de famille dans une Histoire d'homme : celui qui s'est perdu en chemin. L'écriture est profonde, apportant de quoi alimenter nos esprits, nous aidant dans la réflexion aussi bien par le vocabulaire que par les tournures de phrases. Une fin qui se dessinait de plus en plus en suivant les événements. Cet espoir qui ne se perd pas, ces moments de doute et de certitudes qui se confondent pour apporter un sentiment de paix. Et cette rencontre qui va tout changer !

     

    En conclusion, un voyage au cœur même de la pensée d'un homme. Une introspection profonde sur le pourquoi nous agissons d'une manière, sur le manque ressenti malgré nos envies, nos actes. Une histoire deux familles, d'amour perdu, d'amour recherché, d'amour retrouvé. Un récit d'espoir sur le comportement humain, sur la recherche de la compréhension de soi-même. C'est un texte riche, complexe, permettant de faire notre propre observation intérieure de notre conscience.  Pas facile, pas vrai ? Et pourtant, un arrêt sur image une fois de temps en temps ne ferait de mal à personne.

     

     Extrait choisi :   

     

    « Elle n'a rien compris, mais tant pis, ce qui m'importe c'est qu'elle frappe avant d'entrer et je suis certain qu'elle le fera, du moins je m'en persuade.
    — Je me lève et la remercie. Elle m'encourage d'une petite tape sur l'épaule. Le Major et moi sommes de vieux compagnons d'armes à présent. Avec sa rudesse, elle m'est d'un même réconfort que m'était Claudie dans un autre registre. Très vite, Claudie s'est éloignée, elle est passée à un autre pauvre bougre à soutenir. Moi qui voyait en elle un début d'amitié ! Mais les amitiés sont comme les amours, elles durent leur vie, sauf certaines, exceptionnelles, qui durent toute une vie. Son éloignement ne m'a pas perturbé, j'ai bien d'autres chats à fouetter.
    Je repense à cette phrase magistrale de Penn Warren : " Car, si on ne livre pas son cœur, alors que vaut la vie ? ", durant notre existence commune, je n'avais pas livré mon cœur, il était resté en souffrance sur l'étagère d'un bureau de poste, non réclamé, colis vide de tous les sentiments que j'étais terrifié de ressentir, et la vie n'avait pas valu. Aujourd'hui, je pars, j'ai ce courage. Je parle à Lou, je lui livre mon cœur et la vie vaut, même si elle est cruelle et qu'il est infiniment difficile de laisser ma seule richesse, étendue sur son grabat.»

     

    LOU y es-tu ? (Florence Lizé)

     

     

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