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Auteur : Michael Fenris
Éditions : Evidence
Paru le : 18 juin 2021
372 pages
Thème : Polar
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note : 17/20
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Résumé
« Neuilly-sur-Seine. Bernard Chauvet, procureur de la République au TGI de Paris, est assassiné dans son parking alors qu’il rentrait chez lui. Comme arme, le meurtrier a utilisé une arbalète, et l’a abattu de deux carreaux, un dans la gorge et l’autre dans le cœur. Véritable bourreau de travail, Chauvet travaillait sur plusieurs dossiers sensibles, et était régulièrement menacé. Vengeance personnelle ? Le procureur menait une double vie, entre ses soirées de poker et une très jeune maîtresse. Les lieutenants Chloé Languierres et Marc Andrini de la brigade criminelle sont chargés de l’enquête, qui s’annonce d’ores et déjà compliquée en raison de la personnalité de la victime.
Mais comment Chloé Languierres peut-elle instinctivement être au courant des faits et gestes du meurtrier ? »
Ma chronique
Je remercie Jennifer ainsi que la maison d'éditions Evidence pour cette nouvelle lecture dans le cadre de notre partenariat.
" J’ai vendu mon âme et ma dignité pour de l’argent… "
Deux parties pour ce récit. Deux parties pour élucider une enquête où les meurtres pleuvent comme la pluie en ce moment. Bernard Chauvet et tué juste dans le parking de son immeuble. Il revient d'une soirée chaude où l'alcool et le jeu fait loi. Procureur, il travaille sur des dossiers sensibles et au fil du temps nous apprenons qu'il recevait des lettres de menaces tous les jours. Il fait nuit, une moto le suit, le dépasse. Le garage s'ouvre, il se gare et tombe nez-à-nez sur le motard qui le cloue au sol avec deux carreaux. L'arme de prédilection de Guillaume Tell revient à la mode. Cela sent la vengeance à plein nez, car pour tuer un homme avec une telle arme, il faut être proche, rapide et surtout avoir envie de le voir mourir. L'enquête piétine, car bon nombre de personnage voulait le voir mort, lentement ou non, alors lorsqu'un autre homme, René Dagenay président de sa propre banque, meurt dans sa propre maison suite à deux carreaux. L'enquête prend un sacré tournant, car si la vengeance semblait être de mise dans le premier décès, le second, que vient-il faire là ?
L'intrigue démarre sur un extrait d'enregistrements d'un psychiatre et nous en aurons de temps en temps. Un personnage a du mal avec sa tête, avec ses cauchemars, avec ce qui lui parait être une vision réelle, à moins que le dédoublement de personnalité ne soit ce qui lui rend la vie impossible. Dans tous les cas, nous ne pouvons que nous poser les questions et nous faire bien avoir sur le sujet, car qui aurait cru, hein ? Je vous le demande ! Concernant l'enquête (la psy a un rôle, mais je n'en dirais pas plus), donc l'enquête est menée par Marc Andrini et Chloé Languierres qui ont chacun une manière d'appréhender ces meurtres bien différentes. Les meurtres surviennent lorsqu'on s'y attend le moins et au final dès que le dernier point est posé, il faut souffler un moment pour revoir tout ce qui s'est produit. Et poser à plat tout ce que nous avons dévorer. C'est le cas de le dire, j'ai dévoré ce livre, pourtant il y a des passages dur à avaler. Cela remonte à si loin, c'est si fort en émotions négatives qu'il est difficile de ne pas ressentir l'envie d'en massacrer quelques uns.
Chloé ressent des choses particulières, il lui semble que certains lieux lui sont connus alors qu'elle n'y a jamais mis les pieds. C'est à la limite du surnaturel, mais le lien crée ne l'est-il pas ? Est-ce que par hasard elle aurait un don de voyance ? Des rêves prémonitoires, à moins qu'il ne se cache quelque chose de plus sombre qui se cache sous sa plaque. Elle fait des cachotteries et cela fait vraiment moyen lorsque l'on est flic et que l'enquête les amène à des personnages encore plus haut qu'un procureur. Ces secrets, cette enquête qu'elle mène en parallèle ne lui porte pas chance, bien au contraire. Le stress conjugué au fait qu'ils n'ont aucune idée de ce qu'il se passe, font qu'elle va être en danger. Marc lui est plus pragmatique, il a les pieds posé au sol, les yeux rivés sur sa collègue qui s'égare et ne voit pas forcément les mêmes choses qu'elle. Autant dire qu'il suit la procédure et ne va pas bousculer un témoin, ou un suspect, ce qu'elle pourrait faire sans vraiment s'en rendre compte.
L'histoire avec les parents de Chloé est étrange au début. L'absence de l'amour maternel ressenti par la jeune femme est pesant. Elle a l'impression que sa mère ne l'a jamais aimé et ne s'en occupait pas plus que cela. Tandis que le père tente par tous les moyens de rabibocher les deux. Mais pourquoi est ce que tous les trois sont ainsi ? Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans son enfance ou même avant pour que maman soit ainsi ? Il est vrai que l'instinct maternel tout le monde ne l'a pas, mais là, lorsque nous tombons sur une scène entre eux, la toute première, cela fait froid dans le dos et nous voulons absolument savoir ce qui se passe. Finalement, je ne suis pas certaine de l'avoir lu, d'avoir compris pourquoi Chloé se sent ainsi, parce que la noirceur est bien ancrée. Une envie de bébé qui a été difficile et tout ce qui va avec. Je passe tous les détails, car tout ce que nous pouvons imaginer n'est qu'une infime partie de ce que cette famille a vécu.
Ces meurtres font froid dans le dos. Il faut chercher qui s'amuse à trainer dans les rues avec une arbalète, volant un véhicule, un motard doué capable de semer des flics en plein Paris. Tuer de sang-froid n'est pas évident pour tout le monde, mais ce tueur a du cran et une mission. Lorsqu'une erreur est faite, lorsque son attention est pris par quelque chose qui titille, c'est une proie qui arrivera peut-être à s'en sortir, ou pas. La traque est silencieuse, froide, expéditrice pour chacun des personnages qui y passent. Pas de pitié pour aucun d'entre eux et je comprends parfaitement le pourquoi, même si ce n'est pas la solution, mais je comprends. Je me dis qu'à sa place, je le ferais souffrir encore plus longtemps, mais du temps ce personnage n'en a pas. Une photographie va faire toute la différence pour notre enquêtrice, une vieille photo qui pourrait indiquer un instant T très important.
Concernant les personnages autres que les deux enquêteurs, nous avons également leur supérieur et Doiron est un véritable enfoiré. Il est à la limite de mettre la femme aux fourneaux ou dans le lit et basta. Ne parlons pas de Beauchemin qui veut absolument étouffer l'affaire car cela s'approche de trop près de personnalité, tel le Prefet Varois. Le docteur Stevanian qui analyse les idées d'un personnage, le neurologue qui va chercher à comprendre d'où viennent ces maux de tête et puis ces coups de fils qui vont intervenir. Sans le savoir, l'auteur est venu dans mon coin (entre la forêt d'Ermenonville et celle de Compiègne), sur le terrain de golf où une partie de l'histoire se déroule. Une toute partie, mais qui nous fait nous poser de nombreuses questions. Pourquoi est-ce qu'il s'y passe un drame de ce type ? Qu'est-ce qu'il y avait à cacher ?
L'auteur nous emmène dans une enquête complexe où les pièces du puzzle se positionnent lentement, mais surement. C'est le petit bémol, le début est vraiment lent, nous avons l'impression que l'enquête piétine et si Chloé n'avait pas ce qu'elle a, le ou les meurtriers seraient en train de vivre leurs vies tranquillement... Tiens, donc... Il faut reconnaitre que les recherches sont importantes pour certains points, telles les arbalètes, la façon dont les carreaux sont produits... Enfin bref, tout s'accélère à un moment précis, celui où Chloé commence à chercher dans son passé pourquoi elle ne se sent pas à sa place dans sa famille. Et puis l'horrible vérité qui déboule telle une boule de bowling en plein jeu. Chaque acte du passé a une répercussion autre que le meurtre. La souffrance est présente, la violence également même si elle n'est pas montrée totalement et c'est tant mieux. Je n'aurais probablement pas supporté avoir plus d'explications sur ce qui s'est passé durant des années. Oh, j'allais oublier, nous avons Paz Gomez, une jeune femme qui semble bien profiter de la vie, grâce à l'un de ses personnages. Si au départ il est facile de penser qu'elle se sert de l'un d'entre eux, ce qui est un peu le cas tout de même, elle fait en sorte de se débrouiller pour une noble cause.
En conclusion, à part quelques petits détails, j'ai dévoré cette histoire. J'avais déjà lu un livre de cet auteur que j'avais beaucoup apprécié, je peux vous dire que je continuerai à lire ses œuvres. Un mélange de policier et de thriller où le passé se mêle au présent, changeant irrémédiablement l'avenir de certains personnages. Nous avons beau vivre avec des gens, nous ne les connaissons pas réellement et la vérité peut parfois se montrer cruelle, nous laissant orphelin.
Extrait choisi :
« Le rapport d’autopsie les attendait sur leur bureau. Comme l’avait évoqué le légiste, Bernard Chauvet était mort au premier trait. Il l’avait frappé entre deux côtes, fracturant la supérieure, pénétrant le péricarde et provoquant une brèche ventriculaire avec lésion de l’artère interventriculaire antérieure. Le deuxième trait, planté dans la gorge en diagonale, avait entraîné une rupture œsophagienne et une lésion des vertèbres cervicales. Le carreau mesurait trente-sept centimètres, avec pointe dévissable en acier ornée de quatre lames aiguisées comme celles d’un rasoir. La forme globale reproduisait assez fidèlement l’antique pyramide du carreau médiéval. Le fût en lui-même était renflé en son centre, et l’empennage hélicoïdal confirmait ce que supposait l’expert en armement : l’assassin avait utilisé des viretons. Enfin, les deux flèches n’étaient pas rigoureusement identiques, et les petites irrégularités entre les empennages et les fûts témoignaient d’une fabrication certes pointilleuse, néanmoins artisanale. Pour Languierres et Andrini, si le tueur avait choisi cette arme, c’était parce qu’il en maîtrisait toutes les subtilités. Il devait donc s’exercer de longue date pour avoir acquis les compétences nécessaires à l’ajustement du tir, mais aussi à la fabrication des « munitions ». »
Bon, je pense que tu t'en doutes mais je vais quand même le dire: je ne penses pas le lire... Pourtant je suis intriguée hein... mais je ne pense pas que ça soit un livre pour moi!
En même temps nous ne lisons pas forcément le même type, mais j'aime bien voir ce qui se lis ailleurs et parfois je tente. Après c'est différent de ce que tu aimes, c'est plus que certain xD