• Sérial (Christophe Sambre)

    Sérial (Christophe Sambre)

     Résumé 

     

    « Paris, octobre 2002.

    Christophe est un jeune homme apparemment sans histoires. Assis sur les marches de la Grande Arche, il se délecte des saveurs de la foule. Il observe, analyse, invente à chacun des torrents de joies, de peines et de fantasmes… Ses fantasmes à lui, ce sont les mains délicates et sensuelles des jeunes filles qu’il suit du regard ; celles-là même qui, il le sait, deviendraient dans son atelier des princesses.

    Marsy et Geoffrey sont tous les deux inspecteurs à la criminelle. Chacun dans son style, chacun avec ses principes, ses brisures… sa belle gueule ou son flingue.

    Ce matin, alors que leurs vies déglinguées s’enlisent toujours davantage, Lucy, la légiste attachée au 36 quai des Orfèvres, leur donne un ultime coup de massue : cette nuit un nouveau serial killer a frappé et, d’après ses méthodes, tout laisse supposer qu’il ne tardera pas à remettre le couvert. »   

     Ma chronique 

     
    Un livre qui trainait dans ma HAL depuis bien trop longtemps. Une couverture qui attire l’œil, enfin surtout le mien, avec ses mains dont le sang semble couler, dessus ou de par le titre peut-être ? Tout porte à croire que le sujet sera... sanglant ! Une enquête qui démarre fort, avec Christophe (tiens, notre auteur aurait des envies étrange ?) qui regarde les femmes passer sur la place de la Défense. Une place que j'ai bien connu à une époque et qui dorénavant e donne des frissons de déplaisir après cette lecture. Christophe donc regarde, observe, cherche la femme parfaite pour lui. Celle qu'il pourra sublimer sans artifices, qui sait se mettre en valeur sans étalage également. Pas besoin de la femme fatale qui est trop sure d'elle, cela n'ira pas, ni même celle mal fagotée, car elle ne se sent pas encore assez sûre d'elle. Non, il sait ce qu'il veut et pour cela met tout comme il faut. Cette femme ni mariée qui a un regard doux sans pour autant ne pas se méfier des autres, mais capable de voir un peu plus loin. Et puis les livres sont des aides pour ouvrir le dialogue, pas vrai ? Et entre ses pensées, ses regards de premier chapitre, quelques mots, quelques lignes d'un journal qui nous apprend qu'un corps a été retrouvé. Le doute s'installe, la façon dont Christophe traque, car il s'agit bien de traque dans son cas, ses proies laisse à peser que tout est lié, sauf que la surprise est de taille et ce n'est pas la première qui va nous tomber dessus.

    Je suis très contente d'avoir lu ce récit, même si je n'ai pas eu l'engouement que j'aurai cru, par contre il y a du vraiment très bon et quelques manques, d'où le fait que j'ai aimé cette lecture, pas au point de l'adorer dans son intégralité. Après cette mise en bouche avec Christophe, nous suivons un rythme qui n'est pas de tout repos. IL a des manies, des idées fixes et des besoins qui font peur (voir le résumé), mais il n'est pas le seul. Sur terre nous avons des hommes et des femmes qui tueraient père et mère pour moins que cela, alors, lorsque le corps retrouvé démontre qu'un tueur en série est en ville, c'est l'affolement général ! Un second corps va suivre, le fameux serial killer est bien en place et il compte les prendre tous à revers. Même nos inspecteurs  Marsy et Geoffrey qui auraient pu être des superman en puissance, mais il n'en est rien. Ces deux-là, soit on les aime, soit non. Je ne saurais pas vraiment dire ce que j'en pense ou au contraire si, j'ai eu tellement d'attente sur eux deux et les découvrir ainsi m'a mise quelque peu en retrait, surtout sur Marsy. Je ne dirais rien de précis, disons que ce personnage est plus que troublé. Son passé à peine dévoilé nous laisse un gout amer et nous plonge dans une noirceur qu'il a du mal à se défaire. Tandis que son coéquipier, Geoffrey est tout le contraire dans le sens où il aime paraitre, courir après les femmes, adore son métier et fait ce qu'il peut pour aider son ami. Ce qui  n'est pas une mince affaire. Je crois que même en adorant Geoffrey, j'ai eu du mal avec certaines de ces actions, surtout avec Lucy, la légiste. Je n'ai pas tout suivi et si c'était pour faire sourire, cella n'a pas marché avec moi, désolée. Ce que j'ai adoré dans le personnage de Geoffrey c'est sa capacité à encaisser les coups, à tenter tout ce qu'il peut pour aider Marsy. Le fait qu'il décroche à un instant donné est logique, nulle ne peut aider un homme ou une femme qui ne le veut pas, qui ne veut pas avancer dans le bon côté. Marsy est tellement paumé dans ses pensées qu'il en oublie souvent l'essentiel et cela sera une erreur qui risque de lui couter chère.

     
    L'histoire est psychologiquement prenante et j'ai adoré ce que l'auteur a voulu démontrer, montrer, même si j’aurai aimé avoir plus.
    Plus de pensées du côté criminel afin de mieux comprendre le pourquoi. Certains non-dits, certains sous-entendu sont bien présent, mais justement, pas assez expliqué. La noirceur est présente, ça j'en suis ravie, les actes suivent, les émotions sont là, la plupart du temps. Ce thriller bien que sa couverture soit claire est extrêmement sombre de part les crimes commis, mais aussi par les personnages qui ont tous un grain, il faut bien l'avouer. Personne n'est à l'abri et ce récit ne laisse pas de marbre (il suffit de ne pas se retrouver face à l'un des personnages quelque peu... psychopathe ? pour tenter de survivre). Ce n'est pas un livre à mettre entre toutes les mains (Oh le méchant jeu de mots que voila !) le sexe y est présent, sans pour autant qu'il y aie des descriptions à foison. Ce qui est implicite suffit largement à comprendre ce qui existe le coté criminel et la façon dont les crimes sont mis en scène... C'est de l'art, assurément. Il n'y a pas d'autres mots, même si c'est affreux de retrouver cadavre après cadavre, le phénomène, l'acte en lui-même, ainsi que la pensée de faire, de créer une "image" est un art que nous qui avons des barrières pour éviter de tuer ou faire mal ou bien d'autres choses encore ne connaissons pas. Ce côté "tueur" a un sacré potentiel et l'auteur nous le met en avant. Les actes décryptés, les pensées à d'autres moments, nous nous laissons embarquer dans cette noirceur sans y prendre garde. Nous voudrions refermer le livre, mais impossible sans savoir comment tout cela va se terminer. Car il faut bien un point final à cette histoire, à ces faits divers, pas vrai ? Et quel final... J'ai adoré ce revirement de situation, ou plutôt ces retournements de situation. Si j'avais des doutes sur certains points, j'aurai dû le sentir venir. Le vent qui tourne, le fait d'apprécier des personnages dans un livre pareil... Pauvre de moi ! Je me suis encore fait avoir, mdr et c'est du lourd, je n'ai pas d'autres mots pour ce final.


    L'art ou le crime. C'est un point que je souhaite relever, car le récit met en avant plusieurs catégories d'art. Cet art que l'auteur met en avant a quelque chose à la fois de sensuel et de mortel. Il est clair que les morts qui s'empilent laissent ce côté mortel, mais ce n'est pas pour cela que je reste sur l'art. Ce petit mort très court, trois lettres qui a un intérêt particulier. La passion avec laquelle certains actes sont réalisés, l'obsession pour obtenir ses princesses ou pour satisfaire quelqu'un d'autre, le détail qui attire l’œil qui va révéler la splendeur de l'objet travaillé. Non, je ne suis pas une psychopathe au point de trouver ce qui a été décrit dans cette enquête à choix multiples fascinant de manière morbide. C'est la façon de penser, de procéder, d'entrer dans la tête d'un tueur qui est fascinant. Comprendre le pourquoi est important pour comprendre ce qui a échouer à un moment donné. C'est à la fois hypnotisant de suivre chacun des gestes effectués et terrifiant lorsque nous n'avons pas forcément le fameux pourquoi c'est ainsi. Les inspecteurs sont plus ou moins attachants, contre eux, c'est froid, obscur et totalement dépravé mais complètement dans le thème de la souffrance, de la beauté des gestes et le besoin de montrer ce dont on est capable. Le danger est à chaque coin de rue et je suis bien contente de regarder méchamment les gens quand ils m'approchent de trop près. On ne sait pas du tout sur qui nous pouvons tomber et si la peur n'évite pas le danger, le fait de rester en retrait permet de rester en vie ! Ce Christophe peut-être considéré comme un monstre, peut-être considéré comme un sauveur, un collectionneur même. Il est psychologiquement atteint, c'est certain, mais qui peut dire jusqu'où il peut aller ? Ah, la fin, vous ne pouvez pas vous y attendre et celle-là, elle fait mal ! Ce personnage, combiné à un autre est une association malfaisante qui fascine et fait peur. La mort est présente, le désir aussi. C'est puissant comme sensation de se dire qu'on veut savoir la fin, que nous allons jusqu'au bout pour voir qui va en sortir indemne de tout cela.
     

    Les émotions sont fortes, les personnages prennent chers tous autant qu'ils sont. Les pulsions ne sont pas en retrait, c'est un besoin viscéral pour Christophe et tant d'autres comme lui ! Comme indiqué plus haut de nombreux rebondissements, des petits cailloux qui trainent et oui, ce qui fait peur arrive en mille fois pire. La une des journaux va en faire les frais. Le passé de certains personnages est mis en avant et démontre qu'ils sont capables d'être meilleurs ou pires. À quoi cela peut bien tenir ? Un suivi psychologique ? Des amis aimants ? Un soutien infaillible ? Ou tout le contraire... Comment basculer dans un sens ou l'autre ? Certains passages sont si forts, si réalistes que j'en suis venue à me poser des questions... Bref, nous comprenons par-dessus tout que s'il y a de bonnes âmes quelque part, il y a également ceux qui sont de véritables prédateurs, prêts à se jeter sur leur proie afin de leur faire subir les pires outrages, qui dans leurs esprits ne sont que de simples actes "chirurgicaux" pour honorer un désir, un besoin de s'exprimer.  


    En conclusion,
    l'univers est sombre telle une âme noire qui ne sait pas où aller. C'est intense, peu de temps mort entre les inspecteurs qui vivent leur vie plus ou moins bien, plutôt moins que plus d'ailleurs et ces crimes qui sont mis en lumière... Il ne manque plus que les projecteurs pour rendre chacun de ces morts de véritables œuvres d'art. Le danger n'est pas forcément celui que l'on croit, parfois un visage simple reflète toute la perversité une fois dans l'ombre, tandis qu'un paumé pourrait avoir un jour sa rédemption, s'il en a le temps. J'ai adoré entrer dans la tête de cette sombre psychologie, ce que je regrette ce n'est pas la fin qui est grandiose (et peut-être une suite de prévue d'une manière ou d'une autre ?) c'est le manque de pensées sur le pourquoi et le suivi d'un personnage qui avait de quoi faire. J'aurai aimé plus, non pas de noirceur, il y en a suffisamment, mais plutôt plus d'explications et de ressenti de cet artiste qui ne se dévoile quasiment jamais.
     

     Extrait choisi :   

     

    « Depuis deux ans qu'il était passé inspecteur, il formait avec l'inspecteur Martial Settons un duo aussi détonant que performant. Ils n'avaient pas le même caractère, leurs vies étaient aussi éloignées que New York et Bombay et, malgré tout, ils bossaient main dans la main. Seules ombres au tableau, les dépressions et les crises à répétitions de Marsy. "trente-sept ans, c'est un peu jeune pour sombrer!"
    Mais les épreuves de service qu'il avait traversées, ses deux mariages qu'il regardait nager au fond du caniveau, qui aurait mieux supporté ça que lui ? Dans son cœur, dans sa tête, les hauts se mélangeaient aux bas. Une sensibilité à fleur de peau que Geoffrey n'avait jamais su décoder. La psychothérapie de comptoir, ce n'était pas vraiment son truc. Il préférait la méthode de son père. Celle qui consistait à laisser passer l'orage et à attendre le réveil de l'esprit meurtri. "Rien de plus grave que d'habitude" avait-il supposé sans même s'inquiéter de sa santé. "Merci, papa pour tes méthodes à la con !" »

     

     

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