• Commandant François Chanel (Pascal Marmet)

     Résumé 

     
    « Un écorché vif d'à peine 18 ans se retrouve malgré lui au cœur d'une affaire criminelle dont il a été le témoin "sans le savoir". Dans chaque seconde de chaque minute de cette intrigue étranglée de nœuds, tout concourt à accuser ce gamin crédule du meurtre d'une riche propriétaire collectionneuses d'objets occultes. Il faudra tout le talent d'un commandant jazzman devenu culte pour confondre le vrai tueur.
    L'auteur nous plonge, une fois encore, dans la singularité de l'ex-brigade criminelle du 36 quai des orfèvres désormais locataire de la rue Bastion à Paris.
    L'excellence d'un polar réside souvent dans un parfait alignement des planètes ou atmosphère, intrigue et procédure se jouent d'une vérité invisible à l’œil nu.
    Avec un début inéluctable, ce polar "à la Maigret" se moque des règles et n'en suivra qu'une : l’impossibilité à lâcher ce drame humain avant la révélation finale.
    Un polar haletant sur fond de sorcellerie qui nous dévoile les coulisses de la gare de Lyon et nous ouvre les portes du célèbre 36 quai des Orfèvres. »

     

     Ma chronique

     

    Avant de commencer je remercie l'auteur pour m'avoir proposé de découvrir ce titre. J'avais eu dans le passé l'occasion de lire un autre de ces titres sur le café il y a des années et connaissant sa plume et sa rigueur, je savais que j'allais déjà apprécier la plume, une fois de plus. De ce coté, aucun souci, elle est fluide, incisive usant de termes propres aux métiers de ces personnages, donc de quoi satisfaire ma curiosité, mais surtout mon envie d'en apprendre plus. Car, saviez-vous que par le plus grand des hasard notre auteur a eu, un soir "ou était-ce un midi ?" peu importe il a été dans l'obligation de partager une table de restaurant et l'homme en face de lui serait l'homme caché derrière le Commandant Chanel. Rêve ou réalité, la question ne se pose qu'un instant, car après tout le rôle d'un auteur est de nous faire rêver, de nous donner des billes pour oublier le quotidien ou au contraire imaginer qu'un jour nous aussi nous pourrions probablement avoir une telle discussion que celle qu'il a eu. Une de celle qui vous donne envie d'écrire sur le sujet. Des meurtres, nous en voyons tous les jours et les policiers tout comme les autres personnages de fictions ou non en côtoient régulièrement. L'auteur nous entraine dans une enquête complexe. Du départ nous sommes installés à leurs côtés afin de déguster un de ses vins imprononçable et encore moins accessible à toutes les bourses offert par le patron, et la minute suivante nous sommes sur les traces d'un gamin (à mon âge je peux largement me permettre de l'appeler ainsi mon Peter Pan des temps modernes) qui n'a pas eu une enfance terrible et se retrouve en pleine gare de Lyon , à la merci de n'importe qui s'il n'y fait pas attention.

     
    Est-ce que le cambriolage a mal tourné ? Est-ce que c'est quelqu'un d'autres que ceux que nous suivons qui ont bien pu faire cela ? Des questions se posent et nous avons toutes les réponses à la fin du ivre, mais pour y parvenir, il va nous falloir suivre l'équipe au rabais, hum pardon, la moitié d'une équipe du Commandant Chanel, car l'autre moitié est en vacances bien méritées et que son effectif bien bas va faire des miracles, selon les hauts placés. Ah, cette hiérarchie qui pense qu'en un claquement de doigts les enquêtes sont déposées et hop, une baguette magique plus tard avec trois indices et deux pièces de monnaie, vous retrouvez le ou les concernés. Sauf que c'est bien différents. Pour cela, les séries que je peux regarder régulièrement nous montrent que parfois ils ne trouvent pas tout, il faut du temps, de la patience et de l'intuition. Notre Commandant Chanel ne manque pas d'intuition, de patience... C'est un autre sujet, mais avec ce qu'il semble avoir vu et son vécu, il a une manière de regarder les choses de la vie et de les appréhender de manière plutôt sereine. Bref notre responsable de cette enquête qu'il ne voulait pas parce qu'il a déjà des casseroles sur le feu qui sont donc données à d'autres équipes, il va devoir reprendre le bébé de ce meurtre. Parce qu'il ne faut pas imaginer que c'est la première femme qui se fait tuer, ou qui n'a pas de passif, ou qui a déjà perdu quelque chose. Meurtres en séries ? Des  doutes s'installent très vite, mais pourquoi, pour de l'argent ? Et bizarrement, certains points reviennent sur la morte dernièrement, alors rien n'est cohérent. Un crime qui ne peut pas rester impuni pour tout un tas de raisons. déjà il s'agit d'un crime, ensuite, la manière dont elle est morte et puis son statut social qui semble dérange les hautes sphères. Qui ose tuer dans les meilleurs porte-feuilles ?  Une enquête que notre Commandant Chanel va devoir élucider grâce à son équipe qui sera renflouée par... des femmes.
     
     
    Des femmes ! Oui je vous le mets même en gras, mais attention, notre personnage ne pense pas que les femmes ne valent rien. Indiqué sur le dos de couverture, un Maigret, un de ses hommes de fiction à la télévision qui aime les bonnes choses, bien faites. Ce n'est pas le fait de travailler avec des femmes qui le dérangent, tant qu'elles sont efficaces et elles vont le prouver de plusieurs manières, c'est plutôt drôles de lire la façon dont il n'en veut pas, mais les accepte très rapidement. Un peu sèchement, mais il doit montrer qui est le patron. Cette scène m'a plus fait penser à Navarro, un style un peu plus bourru que Maigret, mais c'était lui que je voyais à ce moment précis. Bref, pas de machos dans ce métier qui est essentiellement d'hommes malgré tout, l'enquête piétine par moment, ne fait pas de très grandes avancées, mais il faut pour cela revenir des mois auparavant pour commencer à entrapercevoir un début de piste. Et là, non, n'imaginez pas avoir trouvé LA solution, car avec ce que nous apprenons sur ce qui s'est produit il y a six mois nous donne de nouvelles pistes. Le  passé de notre décédée ne dévoile petit à petit, tout comme son entourage, sans oublier nos cambrioleurs et même François Chanel qui nous donne un peu de lui, voire beaucoup. J'avais parlé d'intuition et c'est ce qui emmène le Commandant sur diverses pistes. Une toile d'araignée semble se profiler à l'horizon. Il part de la découverte du corps, trace un cercle et analyse tout ce qui s'est produit chez elle depuis plusieurs jours. Qui vit avec elle, dans cette immense immeuble ou pas de bol tout le monde ou presque était en vacances. Quelques infos disséminées et le voila obligé de retracer un autre cercle dans le temps, avec ces fameux six mois précédent. Pourquoi ? Comment ? Des questions sans réponses, des divagations, des faits, un dossier qui n'a pas été totalement fermé. Et il continue ainsi de suite en apprenant toujours plus, traçant cette toile d'araignées avec des interrogations, des suspicions et des certitudes : surtout celle de qui était véritablement la victime.
     
     
    Une victime qui n'a pas eu une enfance facile (tiens donc), mais qui n'a pas tourné comme notre Peter Pan. Une femme aimant les collections et surtout celle aux couleurs d'Afrique. Trafic ou juste collectionneuse passionnée ? De beaux objets dans son appartement, de l'argent, très peu de choses ont disparu, alors ce fameux cambriolage était-il vraiment celui de sa mort ? J'ai adoré le personnage de Peter Pan, ce gamin un peu perdu, qui adore le vert et surtout ses baskets, qui aurait pu avoir une chance si sa famille avait été derrière lui et non le dégageant de la maison à sa majorité. Des chapitres courts qui nous font passer de l'un à l'autre des personnages donnant envie d'arriver à la fin de cette histoire.Je laisse beaucoup de flou dans ce qui se produit dans le texte, car il faut le lire pour mieux comprendre certaines subtilités. Ce personnage de gamin paumé m'a touché, parce que j'en vois pas mal, des plus jeunes qui risquent de faire la même chose : voler pour survivre, ou suivre la mauvaise personne et se retrouver dans des embrouilles plus grosses qu'eux. François Chanel avant d'être Commandant est un être humain qui cherche les failles dans l'Homme, dans une société qui n'est pas facile. Sa façon de donner une chance à une gamine est touchant. Cela nous fait ressentir le manque qu'il peut avoir, d'avoir des proches, une famille, quelque chose à quoi se raccrocher peut-être. Un personnage où nous ne pouvons pas toujours savoir dans quelle direction il va et qu'est-ce qui le motive à faire ce qu'il fait. Grâce à lui, nous découvrons un autre décor, celui de la misère plus prononcée que nous ne pouvions imaginer, celui également qu'il existe encore des hommes et des femmes prêts à tendre la main. Et puis cette chance, ce hasard, cette circonstance qui s'installe tranquillement auprès de Chanel, ce coup de bol monumental, qui serait peut-être arrivé sans les doigts de l'auteur ou bien qui au contraire n'a pas eu besoin de lui pour les mettre ainsi en relation ? L'insoupçonnable, l'heureux hasard, la bonne étoile, peut-être même la bonne fée qui s'est penchée comme il le fallait, qui sait ? Une scène qui en engendre une autre, qui prête à sourire et qui nous donne envie de laisser faire les choses, car ce "avec un peu de chance" tout peut arriver.
     

    Dans cette enquête, nous suivons des pas, de ceux qui volent dans les airs, ceux qui poursuivent un rêve, ceux qui tentent d'échapper à leur destin et ceux qui voudraient croire en quelque chose de beau, pour tous. L'ingratitude existe, la folie des Hommes aussi. Cette Salomé m'a touché, énormément et ce n'est pas la seule rescapé d'une société qui est sur le déclin. Par malchance, le récit est court, j'en aurais voulu plus, c'est surement lorsque c'est bon que l'on ressent cette sensation d'en vouloir plus, pas vrai ? Et c'est la vérité de mon côté, l'enquête n'est pas uniquement la priorité. L'auteur nous met en avant les liens entre les personnages, les peurs profondes même en étant à plusieurs, les appels au secours qui ne se font pas assez entendre ou au contraire qui sont entendu, mais personne ne bouge. La peur est là, dans chacun des gestes de certains personnages. Des peurs qui, grâce à un regard, un sourire, une main tendue, un mouchoir aussi peuvent s'atténuer. Si l'enquête montre une victime qui aurait dû faire d'autres choix, nous avons également les différents liens qu'elle entretenait avec d'autres et les satellites qui lui tournent autour. Le côté Africain est léger dans le sens où nous las avons collectionneuse de cet art et nous avons un aperçu quelque peu surnaturel à un moment donné. Parfois il vaut mieux ne pas savoir que de chercher à comprendre. (même si j'adore ces phénomènes, je me dis que rester dans l'ignorance est pas mal non plus au vu des événements liés à une statuette) Dans ce polar, dites-vous bien que c'est très léger et pour les plus frileux, pas de panique, cela reste dans le domaine du possible. Enfin, nous avons des zones d'ombres, car un meurtre, un deuxième et surement d'autres (si, si tout est entre les pages), les questions affluent, les pistes augmentent et l'une d'entre elles part tout de même vers cette mystification d'une statuette a qui l'on prête des pouvoirs. Alors, où est la vérité dans tout cela ?
     
       
    En conclusion, j'ai découvert avec grand plaisir cette enquête du Commandant François Chanel dans un univers qui reste dans notre réalité. Avec ses forces, ses faiblesses, notre personnage principal va avoir fort à faire : un meurtre qui suit un précédent, des découvertes étranges, de l'art Africain et quelques parties minimes de "magie", des cambrioleurs qui n'ont pas l'étoffe de tueurs et de nombreux secrets bien camouflés. J'ai adoré l'atmosphère de ce polar, les dialogues autour d'un repas (avec un journaliste), les termes utilisés, mon petit Peter Pan qui a une place de choix. Oh, j'allais oublier, l'épilogue : j'ai ADORE voir la façon dont l'auteur nous laisse sur l'avenir de ceux qui restent. L'enquête était vraiment intéressante avec toutes les subtilités des personnages, leur caractère, leur manière de vivre et de montrer ce qui se passe réellement, sans oublier les sentiments qui font surface. Des personnages touchants pour la plupart et effroyables à d'autres. Jusqu'où sommes-nous capable d'aller ? Les méchants ne sont pas forcément ceux que l'on croit, d'ailleurs, l'habit ne fait pas le moine, pas vrai ?

     

     Extrait choisi :   

     

     « Chanel était un célibataire, un fils unique, un chercheur de vérité, un inclassable, un sans enfant, sans ami, sans parent, un sans attache, un "sans". Son plaisir était de regarder vivre les autres et d'enchaîner voyage sur voyage. Sur ces quais débordant d'humanité, il se sentit à part, mais il aimait ces anonymes qui attendaient sous le tableau des départs avec la peur de rater leur train u d'une grève surprise ou qui se disaient au revoir sur le quai en regardant l'être aimé qui s'échappait avec un sourire inquiet. Ses histoires de flic, c'était au final comme les voyages en train : on se positionnait, on attendait le bon moment et on attrapait ce qui ne vous attendrait pas. »

     

     

     

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