disponible sur amazon
Auteur : Vincent Ferrique
Éditions Du Saule
paru le : 15 novembre 2019
250 pages
Thème : Fantastique
|
|
|
Résumé :
« Jean se réveille dans un cercueil la veille de sa crémation. Il est vivant et pourtant son décès a été formellement déclaré !
La situation est inédite et inexpliquée. Doit-on le déclarer mort alors qu’il parle, boit et rit avec sa femme et ses amis, ou vivant alors que son corps est froid et son cœur à l’arrêt ?
Tandis que chacun y va de son point de vue, Jean profite de sa "nouvelle vie" pour réaliser ce qu’il n’avait pas jugé opportun de son vivant.
Avec un ton humoristique et une écriture originale, Vincent FERRIQUE nous livre un récit décalé mais empli de philosophie de vie. Vous ne pourrez rester de marbre devant les tribulations de Saint Jean-le-Macchabée ! »
|
16/20
|
" - Si le corps est froid, qu'il n'y a plus de circulation sanguine, c'est qu'il est mort, pas vrai ?
- Élémentaire, mon cher Watson, un mort c'est un mort. La chair est froide.
- Oui, pourtant il parle !
- C'est comme un poulet, on lui coupe la tête, il bouge encore durant plusieurs minutes.
- Sauf que là, il est debout avec toute sa tête et IL PARLE !
- Mais du calme, il va falloir remédier à cela. Allez vérifions tout cela."
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! Approchez donc, approchez, n'ayez pas peur. Ce que vous voyez là, juste sous vos yeux ébahis c'est un mort qui marche. Non, ce n'est pas un vampire sanguinaire, pas de longues dents, pas de canines, pas d'envie de tuer tout ce qui bouge ou d'arracher de la cervelle. Il s'agit de Jean, pas Jean sans peur ni sans terre ni petit jean, même s'il a sa corpulence. Bref, passons. Venez voir l'exceptionnel Saint Jean le macchabée. Jean qui a dépassé la cinquantaine, aime par moment sa femme, mais pas d'un amour violent. Jean qui aime la boisson plus que de raison. Jean qui aime les femmes, la bonne chère, chair mais pas chaire. c'est un bon vivant. Alors imaginez-vous un peu que ce dernier se réveille dans son cercueil ? D'accord, il a de la chance le petit Jean pas si petit que cela, mais passons, comme la faucheuse qui a raté son coup. Le cercueil n'est pas en terre ni même sur le petit train de la flamme qui l'aurait fait devenir cendres. Il est encore dans la belle petite pièce froide qui attend le recueillement des restants.
Bref, notre Jean pousse sur le battant de son cercueil, découvre où il est et cherche dans sa mémoire ce qui a bien pu se passer. Une mauvaise blague assurément. La boisson a été de trop, il a oublié les derniers instants de sa vie avant d'être dans un joli capitonnage. Un de ses amis peut-être qui aurait trouvé cela drôle. Mais pourquoi personne n'est à ses côtés pour voir sa tête au réveil ? Tout simplement parce qu'il a été déclaré mort il y a quelques jours. Et qu'un mort cela doit rester dans son cercueil ! Et c'est là que se pose LE problème. Il sort de la boutique, non sans avoir fait peur à la femme de ménage qui se réfugie au cœur de l'église, traverse le petite village et frappe à la porte de chez lui. Forcément, il n'a plus les clés, vu qu'on lui a fait les poches et puis sa veuve, enfin futur veuve, ou ex-veuve ne laisse pas la porte ouverte ! Voyez comme il se pavane dans les rues alors qu'il ne fait pas encore jour. Bien heureusement, autrement il y aurait plus d'une attaque cardiaque dans les habitants.
Jean a vécu une vie simple et lorsqu'il revient chez lui, c'est la claque pour tout le monde. C'est à celui qui aura raison ou tort. Est-il mort ? Vivant ? Comment cela peut bien être possible ? Pourquoi ? Comment ? Tant de questions qui ne cessent de tourner dans la tête de ses amis, le médecin, l'avocat, le prêtre... Sa femme s'en accommode bien, il n'est plus mort ? à la bonne heure ! Le restaurant va pouvoir rouvrir ses portes dans ce cas. Je sais, je sais vous vous demandez bien ce qui se passe autour de vous. Le rejeton qui aurait préféré que vous soyez mort pour de l'argent ? Ou alors parce que vous n'avez pas été assez présent ? Enfin selon ses dires bien évidemment. Et puis plusieurs petites choses titillent un peu plus. Sa vie, ou plutôt sa non-vie, ce temps imparti qui lui est donné après cette déclaration de mort va peut-être déclencher autre chose. Et si cette vie simple avait été autrement ?
Une vie banale, sans accrocs particulier, surtout lorsque les amantes et la femme ne se côtoient pas, ne se connaissent pas. Quelques petites irrégularités financières, mais rien de grave. La vie devient courte, trop courte. Et ces minutes, ces heures, ces jours étaient le signe qu'il fallait réparer un petit je-ne-sais-quoi dans ce qui a été ? Les réactions des uns et des autres face à Jean qui marche comme tout le monde, mais qui ne ressent plus de besoin de se nourrir par exemple donne des frissons à certains. Le fait qu'il se relève est une surprise de taille pour tout le monde, ce qui va déclencher de nombreuses révélations. Ô bien entendu rien qu'il soit debout et non incinéré déjà nous passons dans la quatrième dimension. Jean compte reprendre sa vie comme elle l'était avant cet aparté, mais quelque chose va l'appeler inexorablement... ailleurs... Un ailleurs qui trouble, qui perturbe à un point que l'on se pose une question : et si ? Et si la direction prise avait été différente à un point donné, qu'est-ce qui se serait passé ?
L'histoire est plus que la vie ou la mort d'un personnage, d'ailleurs Jean est têtu et ne veut pas mourir définitivement, quel goujat ! C'est parfaitement incompréhensible ! Enfin, c'est aussi l'histoire de plusieurs vies, de la façon dont elles peuvent être emmêlées. Chaque décision prise nous emmène sur un chemin différent du premier. Et si nous n'avions pas fait les bons choix ? C'est un livre qui nous pousse à nous poser des questions sur notre propre vie, car qu'allons-nous laisser après notre mort ? Repousser la faucheuse n'a qu'un temps et il est certain que l'auteur s'amuse à la prendre en défaut. elle qui doit avoir une belle liste doit se retrouver coincée avec un mort qui ne veut pas l'être sans le vouloir, bien entendu. Cela m'a fait penser à un film des années... 80, je crois, peut-être 90, je ne sais plus trop : la mort vous va si bien ! Une femme ne veut pas mourir et trouve le moyen de rester en vie, de n'importe quelle façon que cela se passera. Ici Jean n'a pas choisi, c'est ainsi point final. Le seul point commun est le fait que la mort n'arrive pas et cela dérange certaines personnes.
C'est à la fois comique de part un certain nombre de situations et tragique car il s'agit malgré tout de la mort de jean. Je ne le connais pas personnellement mais parler d'un mort ce n'est jamais joyeux. Il a l'art et la manière d'amener ses actes dans la bonne humeur. C'est totalement surréaliste, nous le savons, nous le comprenons et pourtant nous lisons jusqu'au bout pour savoir jusqu'où va l'auteur. Jean devient Jean, cet homme qui aurait pu être Jean et qui est devenu Jean. Le sens de cette phrase ne peut être comprise qu'une fois plongé dans la lecture du roman. Toujours est-il que l'histoire est prenante, laissant un avant-gout de cette fin qui est évidente et à la fois fantastique. Réussir ce tour de force est absolument parfait. Je n'ai pas parlé des personnages, je préfère les laisser se découvrir au gré des pages.
En conclusion, je remercie la maison d'éditions du Saule pour m'avoir proposé cette lecture. Elle est pile dans ce que j'aime découvrir, un brin loufoque, de la réflexion, du fantastique et un mort qui n'en fait qu'à sa tête. Pour une fois qu'il s'agit d'un être humain, enfin d'un semblant d'être humain et non d'une créature assoiffée de tout et n'importe quoi, c'était très bien !
« Jean opina, surpris du ton peu amène employé par l’individu.
— Monsieur, je suis le comptable de ce respectable établissement. Que vous jugiez acceptable de ressusciter, alors que nos services se tenaient fin prêts pour vous recevoir, passe encore ! Mais que vous vous moquiez de nous en laissant courir le bruit que nous n’aurions pas payé nos factures de gaz, voilà qui dépasse les bornes. Nous sommes devenus la risée de la profession. Et chez nous, les clients contents sont ceux qui reviennent. Sachez que nous honorons le coût énergétique de notre activité avec ponctualité. Vous nous avez causé beaucoup de tort, Monsieur, et je ne vous salue pas, termina-t-il.
Il quitta l’agence en affectant un air de profond mépris. »
Waouw <3 Celui-là il est pour moi :3
C'est super ! Bonne future lecture :)