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    Le malheur de vivre (Ndèye Fatou Kane)

    La bête du Bois de Boulogne (Christine Béchar)

    Auteur : Ndèye Fatou Kane 

    173 pages papier

    Thème: Romance Contemporaine

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    4ème de couverture :

    «Ce livre est-il un de ces romans à l'eau de rose voués à "faire pleurer Margot dans les chaumières " des divers quartiers de notre village "planétaire" ? Si vous voulez en avoir le coeur net, sachez d'emblée que, dès la première page entamée, vous serez pris au piège et ne refermerez le livre qu'après avoir assisté à la déchéance de Sakina Bâ, version contemporaine de l'éternelle "Vénus, tout entière à sa proie attachée". Cheikh Hamidou Kane.  »  

    La bête du Bois de Boulogne (Christine Béchar)

    Les héritiers de l'aube, tome 1 : Le septième sens (Patrick Mc Spare)

     

     

    Je remercie l'auteur, Ndèye Fatou Kane, ainsi que les éditions L'Harmattan pour l'envoi de ce livre en service presse. Je ne connaissais ni l'une, ni l'autre et je peux vous certifier que j'ai fait une très belle découverte en lisant « le malheur de vivre ».

    Déjà j'aime beaucoup la couverture, elle est simple, mais très significative de l'écrit : un cœur brisé en miettes, irréparable. Ensuite vint l'histoire. Juste une histoire d'amour ? Non, c'est bien plus compliquée que cela. « Le malheur de vivre » est un récit qui aurait pu être simple, si et seulement si les personnages étaient parfaits, mais ils ne le sont pas et c'est ce qui rend intéressant la découverte de ce roman.

    Nous débutons sur un premier chapitre qui donne le ton ayant pour titre « Destin cruel »

     

    « Des forces invisibles contrôlent le jeu à notre insu. On les appelle le destin. Ce même destin peut se révéler fort cruel, et cela Sakina ne l’a que trop bien compris… Elle qui avait la vie devant elle, un avenir doré qui se profilait, a tout laissé passer. Au nom de quoi ? De l’amour… Ce sentiment qui, tel un ouragan, balaie tout sur son passage et, avant que vous n’ayez compris ce qui vous arrive, vous laisse à terre et continue son chemin... »

    Et ce n'est que le début. Sakina est une jeune femme qui va connaître les prémices de l'amour. Elle vit en France avec ses parents qui travaillent dur pour qu'elle puisse suivre des cours. L'éducation est importante dans leur famille, le respect également. Tous les ans il retourne dans leur pays, le Sénégal, afin de passer des vacances auprès de leurs frères, sœurs, oncles, tantes, neveux... C'est à ce moment que Sakina, accompagnée de ces deux cousines, va rencontrer Ousmane, un jeune homme qui ne rêve que d'une chose : partir du Sénégal pour rejoindre la France. Entre les deux jeunes gens, une relation va s'établir, mais il faut garder à l'esprit le titre évocateur. Leur histoire est troublante, perturbante, des non-dits, des trahisons, des indécisions..., Ndèye joue avec les mots, les sentiments, dévoilant les aspects de chacun par leurs propres pensées. Je ne peux en dire plus sur l'histoire, car il faut la lire pour s'en imprégner. Pour ma part, une fois que je l'ai ouvert, j'ai eut un mal fou à en sortir, tant et si bien que je l'ai lu d'une traite.

    Les personnages sont présents et la façon dont l'auteur les montre nous donne vraiment la sensation de les connaître. Sakina n'a jamais connu l'amour et ce béguin pour Ousmane va la rendre incontrôlable, dans le sens où elle ne fera plus que penser à lui du soir au matin, oubliant de vivre pour elle et non pour lui. Elle a reçue une bonne éducation, ayant des parents aimants qui n'ont eut qu'elle, pour leur plus grand malheur, mais elle le leur rend bien. Sa rencontre avec le jeune homme la fait traverser une étape importante de sa vie, la faisant redevenir adolescente et les crises qui vont avec. La belle aux bois dormant va se réveiller trop tard et la honte la submergera. C'est ce sentiment fort que j'ai ressenti à la fin : la honte, beaucoup plus que tout le reste. La perte d'un être cher vous détruit et l'auteur arrive à nous le faire ressentir parfaitement avec des mots simples. Ousmane est le type d'homme qui cache énormément son jeu. Il n'est pas franc, s'amusant avec tout ce qui passe, ne sentant pas l'argent brûler entre ses doigts. Il a un rêve qu'il veut à tout prix obtenir et saura se montrer sous son meilleur jour devant les personnes qu'il faudra. Tous les deux viennent de milieux différents, ce qui posera problème, non pas entre eux deux, mais aux yeux de la famille de la jeune femme.

    « … Le jeune homme qui posait si fièrement sur les polaroid, cigarette au bord des lèvres, ne pouvait être que le petit ami de Sakina. «  Son petit ami, son petit ami… », ne cessait-elle de se répéter. Comment Sakina avait-elle pu se laisser aller à entretenir une relation amoureuse? Sa mère atterrée se prit la tête entre les mains. Depuis la naissance de sa fille, Mariam avait toujours veillé à ce que celle-ci ne manque de rien. Mais elle lui avait surtout inculqué des valeurs telles que le respect de soi-même, en tant qu'être humain, mais aussi en tant que femme... … Ce jeune homme représentait l’archétype de tout ce que Mariam abhorrait : ses vêtements un peu trop ajustés à son goût – la dernière mode sans doute -, sa mise si parfaite, son expression suffisante et calculatrice et, détail oh! Combien choquant, sa cigarette, tout cela faisait que cet homme n’était décidément pas fait pour sa Sakina… Il était temps de mettre fin à cette romance, avant qu'elle n'aille plus loin... »

    J'ai beaucoup apprécié les parents de Sakina, Ahmadou Bâ et Marèm Bâ. Ils vivent en France, immigrés halpulaar depuis des années. Ils sont droits, ont énormément de respect envers les autres. La famille est très très importante à leurs yeux. Leur fille est la personne la plus précieuse qu'il faut protéger du monde extérieur. Quant aux cousines de Sakina, j'ai aimé les voir être autour de la jeune femme, lui prodiguant des conseils, essayant de l'amener dans un chemin moins tortueux. Je pourrais continuer à parler des personnages, mais je risquerais de trop en raconter.

    Les lieux ont été de vraies découvertes pour ma part, leurs traditions, leur manière de vivre, leur "parlé", leur culture également. Les difficultés qu'il y a de vivre au Sénégal, d'obtenir des papiers pour en sortir, le fait de vouloir changer de vie. Ce livre parle surtout de valeurs morales, d'amour, d'amitié, de découvertes, de peur, de tristesse, d'incompréhension, de la famille (oui, ce mot est très important). J'ai eut envie d'avoir la même que Sakina de part leur partage, leur communion, leur présence, parce qu'ils savent que c'est le plus important : les gens qui les entourent. Certains ont peu, mais ils donnent énormément. Une vraie leçon de vie par moment qui m'a plu.

    Il y a juste deux petits points qui m'ont chagrinés, rien de bien méchant je vous rassure. Le premier : le livre est trop court ! Les scènes se passent vite par moment et j'aurais aimé en lire plus. Le second : il s'agit des significations des mots wolof et pulaar utilisés. Nous avons un lexique, mais tout à la fin et je me suis vu régulièrement chercher ce que voulait dire tel ou tel mot. Je pense que les mettre tout en bas de page aurait pu être mieux. Comme je l'ai stipulé juste au-dessus, rien de très méchant.

    Le malheur de vivre » ne peut laisser indifférent le lecteur. Ce roman est juste, il raconte une histoire qui est poignante, une chute vertigineuse lié à un amour interdit. Beaucoup de thèmes sont abordés et nous pouvons tous nous y retrouver à un moment ou un autre. Il ne vous reste plus qu'à le découvrir par vous-même.

     

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