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Auteur : Sylvain Guillaumet
Éditions : Auto-édité
Paru le : 19 mars 2021
166 pages
Thème : micro-nouvelles
disponible sur Amazon
Ma note : 15/20
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Résumé
« Un homo-sapiens dessinant son cauchemar. Un homme d'affaire coincé dans les toilettes d'un aéroport. Dans une maison de retraite, les retrouvailles d'un aide-soignant et du prince noir de son enfance. Une inconnue croisée dans le métro. Les personnages de Disney engagés dans une lutte sociale. Un courtisan du roi à la vue altérée et la prostate fragile...
Ces 250 micro-nouvelles de même forme (1000 caractères) sont avant tout une invitation à un voyage débridé. Les époques et les lieux sont traversés allègrement. On y croise des personnages de tout âge, de tout milieu, de tout caractère, de toute destinée. Les situations se succèdent dans une grande variété de tons : drôle, tragique, réaliste, poétique, pamphlétaire, intime,...
Léger et virevoltant, ce ballet de contes n'est pas pour autant dénué de sens cachés et de ressentiments profonds. Comme par exemple, ce dictateur glissant sur une page envolée d'un livre interdit. »
Ma chronique
Par le site Simplement, j'ai eu l'opportunité de lire un nouveau livre, ou plutôt un recueil ici, d'un auteur que j'avais déjà eu l'occasion de découvrir. Il s'agit de 250 (non je n'ai pas compté) micro-nouvelles, qui comportent toutes 1000 caractères (pareil je n'ai pas compté, mais elles font toutes la même taille à vue d’œil). Un sacré challenge que c'est mis en tête l'auteur d'écrire sur des sujets nombreux en peu de mots. Je parle vraiment de challenge, car il faut réussir à mettre l'essentiel en peu de caractères, ce qui est souvent difficile pour moi, d'ailleurs pas la peine de compter, je vais écrire plus que 1000 caractères pour ce recueil, c'est certain.
250 micro-nouvelles, je sais déjà de source sûre que cela risque de rebuter et j'aurai été dans le cas si j'avais lu tout le résumé, mais c'est un peu mon défaut, lorsque j'ai déjà lu l'auteur au moins une fois, j'accepte volontiers une seconde. Au final, j'ai bien fait, car même si je n'ai pas compris toutes les histoires, certaines sont vraiment tortueuses, les sujets sont divers et variés. Pour preuve, j'ai mis une nouvelle entière en extrait, il en reste 249 à découvrir ! C'est clair et net, il n'y a pas de broderies sur tel ou tel récit, c'est précis, incisif, direct dans le but. Si j'ai mis une nouvelle entière, c'est pour que vous compreniez qu'il y a du travail sur toutes de la même façon, imagée avec le ou les détails qui feront la différence. Plus un texte est court, plus il y a de travail, j'en suis certaine, une nouvelle à la base est déjà un travail en soi, difficile à clôturer, alors imaginez que l'auteur a écrit autant de micro-nouvelles ?
C'est mission impossible : il faut choisir les bons mots pour être pile dans ce qu'il veut dire, ce qu'il veut nous faire prendre conscience en si peu de caractères. C'est un exercice difficile qu'il a réussi admirablement, je suis épatée par sa capacité à donner autant de sentiments, d'expressions et d'émotions dans cette taille. Je suis très heureuse que l'auteur m'ai envoyé ce recueil, j'y ai découvert une autre facette de cet auteur ainsi que sa persévérance et rien que pour cela je suis admirative. C'est un travail qui n'a pas dû être facile, un exercice prenant, bravo ! Derrière ce titre il faut bien comprendre aussi une chose : que parfois nous sommes chanceux d'arriver second !
C'est bien plus qu'un plaisir, c'est carrément une torture des mots qu'il a eu envie de mettre en avant. Les situations sont parfois drôles, parfois non. La mort, la vie, la passion, l'espoir, le désespoir, tout peut prêter à écrire et l'auteur nous le démontre bien. Il peut passer des gilets jaunes, à des politiciens, de la peinture, des artistes, la maladie, les attentats, le sport, je crois bien que l'auteur a fait un tour complet de tout ce que nous avons pu vivre et vivons encore. Il ne faut pas le lire en une fois, d'ailleurs je n'aurai pas pu vu le nombre d'informations qu'il y a là-dedans ! Disney en prend pour son grade, surtout les sept nains,ou encore Marianne qui aimerait bien une coupe de champagne. Non, il faut y aller par étape, j'ai dû le lire en 5 ou 6 fois, entrecoupant d'autres histoires plus longues pour mieux y revenir. Il n'y a pas forcément de lien entre elles, mais je suis certaine que nous pourrions en trouver, parfois.
Alors oui, il est vrai que certaines m'ont laissé sur le bas-côté, j'ai eu beau les relire, les lire à haute voix, non, rien ne venait (comme cette nouvelle sur le futur président brésilien et les petits points, je n'en dis pas plus, on ne sait jamais), par contre d'autres ont su m'interpeller, me raconter autre chose après. L'imagination ne s'arrête pas au dernier mot de l'auteur, mais à l'esprit du lecteur et j'aime beaucoup que tout ne s'arrête pas ainsi. Graves ou déjantés, les mots virevoltent dans l'air pour mieux retomber dans une folie passagère ou pas. Elles sont faciles à lire, impossible de s'arrêter au milieu, ou alors vous êtes dans une salle d'attente et c'est votre tour, trop tard ! J'imagine bien un format papier où il y aurait une nouvelle par page, un petit format facile à transporter et à mettre dans tous les sacs et même les poches.
En conclusion, ce sont des micro-nouvelles qui parlent de la vie, d'une manière générale, de tout ce qui nous entoure que ce soit réel ou imaginaire. Chacune d'entre elles est capable de nous faire découvrir un petit bout de terrain, une grappe de raison, une histoire qui tient à cœur. C'est à la fois original, complexe et amusant de découvrir ces tranches de vie. De quoi voyager à d'autres époques ou aux côtés de personnages dont nous avons parfois oublié qui ils sont. Un très beau rappel et une mise en forme parfaite, il faut bien le souligner. Chapeau pour cet exercice qui a dû demander énormément de travail.
Extrait choisi :
« Un rêve du pâtissier
La nuit est encore de la mousse noire. La lune un croissant. Il saute d’un Paris-Brest et arrive sur une immense pâte sablée. De là, il monte sur un rocher, grimpe en haut du far pour s’en payer une tranche. Là-bas, de l’autre côté de l’île flottante, c’est Pithiviers ! De retour dans le quartier Saint-Honoré, il est suivi par deux Napolitains déguisés en religieuses. Qui le prennent pour un financier ! Il court mais c’est pain perdu. Les deux savarins fondent sur son flan, sortent leurs couteaux et lui enfoncent dans sa brioche. En gicle du coulis de fraise… Il se retrouve sur un canapé. Près d’une Charlotte. Comme il n’ose rien lui dire à son oreillette, elle donne sa langue de chat. Comme il se trouve un peu sabayon, il lui écrit je vous aime. Dans le pot de crème. Elle aurait préféré sur mille-feuilles mais bon… Elle s’approche quand même. Ouvre sa bouche. Pour lécher le bâtonnet sucré de son polonais. Tandis que lui, souffle sur l’allumette et… et… « et merde ! Ça sent le cramé ! »
Je n'aime pas trop ce format ^^
Je peux le comprendre tout à fait :)