Avant quoi que se soit, je remercie Patrick Ferrer pour sa proposition de lecture. Ayant déjà eu l'occasion de le découvrir avec Le Baiser de Pandore en version intégrale, je n'ai pas hésité à accepter ce récit. J'aime beaucoup la couverture qui rappelle parfaitement une très grande partie du livre.

« Le Léthé
 
Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde,
Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
Dans l’épaisseur de ta crinière lourde... »

Nous découvrons l'Echalote, une jeune femme qui vivait apparemment dans la rue avant de devenir la "compagne" de Chapelle. Il lui cache des choses, mais lors d'un affrontement violent avec une balle, il a perdu une grande partie de sa mémoire. Elle aimerait le découvrir un peu plus, l'entendre lui dire des mots d'amour. Mais Chapelle n'est pas un homme pareil. Ancien espion, il est l'homme d'une seule femme, mais l'a perdu il y a bien longtemps. Son coeur est fermé, pourtant il retrouve des choses en l'Echalote qui lui donne envie de la protéger. Le passé est douloureux, le présent est difficile et l'avenir incertain. Que se passe-t-il réellement ? Qui espionne qui ?

L'histoire n'est pas simple. Une jeune femme qui cherche l'attention d'un homme dont le passé de sa femme le hante. L'espionnage qui est au coeur du récit. Lui qui a dû faire des choses pour tenter de sauver sa peau ainsi que celle de sa famille. Lui qui a tellement pris cher pour ça ? Deux coeurs brisés, deux âmes en peine qui doivent avancer. Les ombres sont bien plus proches qu'ils ne le croient. Beaucoup de mystères planent autour de ces deux-là, beaucoup de mensonges et de non-dits.

« Déjà, je n’avais pas l’habitude mais, si ça continuait, nous allions nous transformer en vieux couple. J’étais en train de me laver précipitamment les mains après les avoir trempées dans un mélange d’eau et un truc blanc que j’avais pris pour de la lessive et qui brûlait comme c’est pas possible quand l’idée me frappa que ça ne pouvait plus continuer. Il fallait que je fasse quelque chose. »

Je dois dire que j'ai eu du mal à savoir ce qui était vrai ou non. Le livre est sur deux plans, les pensées de l'Echalote à la première personne et celles des autres à la troisième. Plus nous avançons et plus le chemin est tortueux. Chacun des personnages joue un rôle, puis un second et encore un. Comment savoir si la vérité sera au bout du chemin ? Lâcher ce livre ? Impossible tant que je ne savais pas ce qui se tramait. Le passé de Chapelle revient par moment, nous dévoilant petit à petit ce qu'il a subit. Le pourquoi il taille la pierre de cette manière, avec autant de passion et de dévouement.

La jeune femme est souvent perdue, cherchant ce petit plus qui réussira à mettre Chapelle dans sa poche. Elle a des sentiments pour lui, mais son esprit lui fait défaut. Quant à lui, il a un passé si dur qu'il ne se fie à personne. Leur relation est ambigüe, recherchée, violente par moment, tendre à d'autres. Les complications ne viennent pas que de l'extérieur, parfois il faut ouvrir les yeux pour mieux comprendre ce qui nous arrive.

« Fallait pas que je me laisse emporter. Ce n’était probablement que de la pitié. De le voir ainsi. Il m’avait eue aux sentiments. Les hommes savent vous torturer le cœur et vous mettre la tête à l’envers, fallait pas que je me laisse avoir. Chapelle me regarda comme s’il ne comprenait pas. »

Les secrets sont bien gardés. L'auteur nous donne des morceaux sous forme de puzzle, à nous de les assembler pour comprendre ce qui se passe dans la tête des personnages. En parlant d'eux, ils sont poignants, criant de vérité. Leur douleur est si forte qu'elle traverse les pages pour nous envelopper. Les voir se détruire, se reconstruire, avancer, nous ne pouvons que vibrer avec eux et ressentir leurs émotions. Ils ne sont pas ce qu'ils montrent, mais en même temps ils cachent tellement à eux-mêmes que parfois je me suis demandée s'ils arrivaient encore à être eux, tout simplement.

L'auteur s'amuse avec les mots comme avec le lecteur. Il nous envoie sur de fausses pistes pour mieux nous retourner le cerveau et nous offrir un final grandiose. Il est à découvrir !

Je remercie l'auteur S.N Lemoing pour l'envoi de ce second livre numérique.

Concernant la couverture je dois dire que je ne l'aime pas, ce n'est pas du tout le style de couverture que j'apprécie, elle fait plus enfantine que chick-lit je trouve, mais je me trompe peut-être.

Concernant l'histoire, nous suivons Juliette, une jeune femme qui cherche l'amour et se demande si elle ne l'aurait pas laissé filer entre les doigts avec l'un de ses ex. 7 pour être plus précis. Un vrai parcours du combattant pour les retrouver, imaginer ce qu'ils sont devenus et les revoir en leur posant des questions qu'elle n'aurait jamais vraiment oser poser durant leur relation. L'amour avec un grand A, elle y croit toujours malgré ses désillusions, malgré les vents qu'elle s'est pris, malgré tout ce qu'elle a pu connaître en déboire. Parce que sept hommes ont su la faire vibrer de manière différente, lui faisant croire monts et merveilles ou tout simplement lui faisant croire qu'il se passe quelque chose, alors qu'en fait, elle s'est cassé les dents.

« Moi c'est Juliette, 32 ans, une jeune femme comme plein d'autres. Pas un top-modèle, ni une héritière de grande famille. Ni une virtuose du violon ou du piano ni une athlète triple championne de natation ou d'aviron...
... J'avais beau parcourir toutes les boîtes de nuit, les bars, les festivals et autres événements bondés de monde pour tenter de trouver l'amour, rien à faire. Impossible de rencontrer un homme dont je pourrais tomber éperdument amoureuse. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi ? »

De l'adolescence à la majorité et bien plus loin encore, nous découvrons qui sont ces hommes. De Bruno l'adolescent qui ne pense qu'à coucher (même en version adulte) à Achille le vétérinaire, il y a quelques cas dans le lot. Pour Thomas et Carl, il ne se passe rien physiquement, disparition totale, flou perceptible et impossible de savoir si c'étaient ce qu'ils désirent ou pas. Maxence le sex-friend qui ne connaît rien de la réalité et encore moins de la vie. Guillaume qui aime avec ses poings de par son manque de confiance en lui, Patrick qui semblait être le bon mais les aléas de la vie et la perte du téléphone peut rater une vie... Je résume succinctement les relations, mais la plupart d'entre elles sont véritablement mauvaises pour la jeune femme et celles qui oseraient s'approcher de ces hommes.

« Voilà, je n'avais plus de patience. Des années à attendre le mec charmant et tout ce que j'avais récolté c'était le rayon jardinage de Leroy-Merlin. »

Du gros lourd au décérébré en passant par le mâle en puissance, Juliette ne baisse pas les bras et cherche toujours. Elle revoit ses hommes, cherche à comprendre, à voir si elle n'avait pas raté quelque chose. Ce qui sera bien le cas, mais je n'en dis pas plus à ce sujet. Certains passages donnent quelques sueurs froides, surtout avec le schyzo/parano/et j'en passe. Heureusement l'auteur met de l'humour dans son récit apportant de la légèreté.

« Le dimanche ne fut pas vraiment productif. Nous nous étions couchées à 4h du mat', me faisant rentrer à 7h15, puis me recoucher pour me relever à 16h.  »

Les personnages évoluent plus ou moins selon ce que l'auteur écrit. Autant Juliette apprend énormément et se construit, autant je pense au premier : Bruno, il n'a toujours pas compris que devenir adulte ce n'est pas juste prendre de l'âge en continuant ses bêtises. Grâce aux relations, certains de ces hommes comprennent trop tard que c'était peut-être elle la bonne, mais au moins il en ressortent grandi.

« — Je ne veux pas que tu souffres. Je serai toujours là pour toi, c'est la vérité. Si tu as besoin de quoi que ce soit tu peux compter sur moi. Tu es quelqu'un de formidable, tu es la petite amie idéale. Je t'aime de toute manière.
— La petite amie idéale que tout le monde laisse tomber. Merci. Ne t'inquiète pas. J'ai l'habitude. Quand c'est trop beau, c'est qu'une couille m'attend juste après. C'est mieux que vous restiez ensemble, vous êtes une famille. Ta fille sera heureuse d'avoir ses deux parents.
— Je suis tellement désolé, dit-il en m'enlaçant amicalement.
Je sentais déjà la distance s'installer.
— Ce n'est pas grave. »

En bref, une lecture plaisante qui fait sourire. Pour ma part, je sais que jamais je ne contacterais mes ex, le sujet est bien clos.