• Lunar City (Patrick Sant-Anna)

     Résumé 

     
    « Quelques décennies de présence humaine sur la Lune, ont fait naître la plus incroyable des villes, celle de tous les rêves, de toutes les ambitions, celle des fantasmes et des illusions perdues, la première et improbable cité extra-terrestre jamais construite : LUNAR CITY.

    En 2076, quelle vie pouvait-on espérer mener dans la ville circonscrite, édifiée dans les profondeurs de la Lune, et où la moindre action entraîne des répercussions sur toute la communauté ?

    En intégrant le B.I.L., le Bureau d’Investigation Lunaire, l’agent Juanita Vendrell réalise son rêve comme celui de tous policiers sur Terre. Dans l’euphorie de la découverte de la cité tant fantasmée, comment l’enquêtrice émérite, au fort tempérament et aux méthodes directes, aurait-elle pu s’imaginer plonger si vite en enfer ?

    Des morts suspectes, une peur sourde qui plane sur la ville, un terrible projet.
    LUNAR CITY, splendide et extravagante, est gangrenée de toutes parts et elle protège impitoyablement ses secrets. »
     

     Ma chronique

     

    Je voudrais déjà remercier l'auteur pour m'avoir fait parvenir son livre, par le biais du site simplement. Un récit futuriste avec une enquête policière ? Quoi de mieux que de changer de la fantasy tout court, ou du thriller également et je suis très heureuse d'avoir pris la navette pour me retrouver sur la Lune ! 2076, une partie des habitants de la planète Terre ont décidé de vivre sur la Lune, un rêve qui devient vite un cauchemar pour ces hommes et femmes qui ne sont pas dans les meilleurs papiers. Mais qu'importe, le rêve, le fantasme permet de survivre et puis un billet n'est pas si cher pour repartir, pas vrai ? Enfin, cela dépend de pas mal d'éléments, mais passons. Juanita Vendrell débarque sur la Lune afin d'intégrer la célèbre agence BIL (le Bureau d'Investigation Lunaire) reconnu par ses pairs sur Terre. Heureuse, excitée, enjouée et même plus, sa première journée ne se fait pas sans heurt. Après une visite touristique des tubes qui composent la planète avec son coéquipier, elle est déjà en plein cœur d'une affaire pimentée. Une journaliste a été retrouvée morte dans sa chambre d’hôtel, un suicide apparemment, mais cela n'en porte que le nom. Personne ne se suicide en se rasant la tête et en ôtant son haut de pyjama, enfin bref, nous, lecteurs, nous savons ce qui s'est passé, car nous avons le début de cette histoire, mais le pourquoi reste un grand mystère. Nous sommes dans la tête de Columbo qui ne ressemble en rien à notre personnage principal féminin ou son acolyte masculin bien entendu et avec les indices si maigres, arriveront-nous à tout comprendre ? ?


    Juanita déteste son prénom pour de nombreuses raisons et se fait appeler Jeanne. Un être déjà tourmentée par la façon dont son père la regarde (ce n'est qu'une fille pas un garçon, la poisse !) qui veut montrer ce qu'elle vaut. Sur Terre elle a un gros dossier et de bonnes recommandations, mais la Lune, c'est bien différent. Ici tout est faux-semblants et pour survivre à ces mois ou années prévues dans ce métier, Léonard Silt son collègue va vouloir lui montrer les ficelles de ce métier, pour rester en vie déjà, pour éviter les insubordinations et surtout pour ne pas faire de vagues. Un enjeu politique ? Probablement, une affaire de gros sous ? Assurément, mais pour Vendrell, nulle ne devrait se retrouver sur la touche et c'est bien là le problème. Les morts s’accumulent étrangement et elle est de trop dans une équation que personne n'arrive véritablement à résoudre et la voila accusée. Nous savons que c'est à tort, mais, car il y a un grand mais, comment toute cette histoire va bien pouvoir se terminer ? En moins de trois jours, 72 heures pour devenir la femme à abattre, une criminelle notoire sur la Lune, c'est un record à battre si je ne me trompe pas, mais dans ce récit, tout va vite au début et le temps semble se figer à un instant T. Nous suivons essentiellement Jeanne dans son enquête, dans ses déboires sans que nous puissions y faire grand-chose. Il serait simple de s'imaginer que tout est faux, sauf que les descriptions de l'auteur sont réalistes. Impossible de ne pas imaginer la façon dont la Lune est envahie par ses réseau tubulaires, par les enjeux, les coins sombres ou au mieux les endroits les plus côtés. Des explications entrainantes qui ne nous laissent pas sur le carreau et sont capables de nous faire prendre conscience que finalement, la Terre ce n'est pas si mal !


    Comme partout, nous avons des classes sociales différentes, des immeubles sous terre et non hors sol, mais qu'importe. L'imagination de l'auteur est à la fois surprenante et amusante. Une enquête policière au début, qui se transforme en thriller psychologique pour repasser par une enquête tout court, sur un fond de science-fiction et d'un soupçon de folie. Bien entendu, nous avons des Androïdes qui sont bien différenciés des humains, même si certains sont plus que ressemblants. Et des dirigeants qui contrôlent, contrôlent ET contrôlent tout ce qu'ils peuvent. De jour comme de nuit, mettre un pas dehors peut s'avérer dangereux et quand je parle qu'un jour nous aurons une puce électronique dans le bras pour tout faire... Voila ! dans ce récit nous y avons le droit, alors ? Qui est-ce qui avait raison ? mdr. Jeanne a du mal avec cette histoire de puce et cela se comprend. C'est une jeune femme vive d'esprit, trop caractériel qui va en faire les frais à plusieurs reprises. Un complot ? Pas obligatoirement, plutôt un "pas de chance" pour la nouvelle du BIL qui aurait mieux fait de mettre des œillères, mais c'est mal connaitre notre policière. Ses nerfs sont usés jusqu'à la moelle, tout lui est retirés, vraiment tout. Pour autant, une femme dans sa position se voit un avenir différent. Et cette voie intrigue. Que se passe-t-il réellement sur la Lune ? Le livre est comme découpée en deux parties, la première avec l'arrivée de Vendrell dans son nouvel environnement et tout ce que cela comporte, jusqu'à la date fatidique et nous basculons dans tout autre chose dont je ne dirais rien ici. Le rêve n'est plus un fantasme et elle va devoir trouver une solution pour s'en sortir indemne.


    Lunar CIty... Un fantasme pour tous ceux qui n'y sont pas, un cauchemar qui peut vite devenir une descente aux enfers, et même au-delà ! (Merci Buzz pour ton grand retour) L'émerveillement de la nouveauté fait place à la déception, au complot, au trahison, à une enquête qui est tout sauf instruite dans les règles de l'art. Si elle est parfaite aux yeux des autres, son collègue également et la plupart des "Luniens" aussi. Deux bémols dans la lecture et j'en parle rapidement : le fait que tout le monde soit beau, que Jeanne soit parfaite, qu'elle donne envie, que son collègue aussi et bien d'autre une fois ça passe, mais tout le long du livre, cela a été un peu lassant. Et le deuxième bémol est la fin qui est pas surprenante pour ma part, car j'ai terminé un policier il n'y a pas si longtemps que cela qui finit de la même manière (désolée pour le coup ce n'est pas la faute de l'auteur bien entendu, juste de moi) Voila, bémols faits, revenons à nos personnages et le fameux Silt Léonard. Il est présent depuis presqu deux ans sur cette planète et même s'il ne prend pas partie, n'est pas payé par une sorte de mafia ou autre, il ferme souvent les yeux et se préserve d'une manière particulière. Et puis nous avons d'autres protagonistes qui gravitent autour de notre héroïne : Kransky, Wolkoma, Judith, Maresh, Beksas, Adrian et bien d'autres encore. Si certains sont des gentils, d'autres sont... Non, en fait ils ont tous un trucs à cacher, quelque chose à garder secret, que ce soit honteux ou non, ils veulent du pouvoir, sauf Judith. Ce petit brin de femme a déjà roulé sa bosse et même si son rôle n'est pas important, elle a une humanité bien plus entière que le personnages réunis. Oh et Joshua qui est adorablement bloqué.


    La vie à Lunar City n'est  pas si idyllique que nous pourrions croire. C'est nouveau, attrayant, mais au final ce qui se trouve dans l'ombre est infiniment plus effrayant que n'importe quel croque-mitaine ! La technologie est un point important dans le récit sans pour autant nous faire perdre nos moyens. L'auteur nous donne des explications sans nous perdre et sans que cela ne soit aberrant, quant à ce qui en découle, je peux vous garantir que son imagination a fait des prouesses ! Des détails dignes d'un film de science-fiction qui pourraient bien être mis en valeur sur grand écran. Ce mélange de futuriste et d'enquête m'a fait rappeler un vieux film (pas aussi vieux que moi, mais presque) : je pense à Blade Runner. Attention, pas la nouvelle version, mais bien l'ancienne avec Harrison Ford. J'étais petite, mais je me souviens encore de certaines scènes imagées qui me font penser à ce livre. Bref, tout ça pour dire que le mélange passe très bien et que l'auteur sait ménager ses surprises. Nous avons des rebondissements en pagailles dont la plupart nous tombent dessus sans qu'ils ne se voient et j'adore ça ! En plus une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds... Nous aurions eu une femme plus posée, elle n'aurait pas fait la moitié du récit et même si c'est à cause de son caractère qu'elle a eu des situations extrêmement difficiles, cela lui a montré une voie qu'elle a pu prendre sans conséquences, enfin presque. Son esprit a su rester sain, enfin le plus possible, donc pourquoi pas ? Cette femme a dû se battre contre vents et marées ou plutôt entre rêves et réalités dans un monde complexe qui cachait très bien son jeu. Je regrette juste certains petits points de détails manquants, peut-être n'aie-je pas été assez attentive sur les autres personnages tellement focalisée sur elle et son devenir. Par contre même si j'ai parlé de la toute fin avec Vendrell, ce qui se passe avant fut une énorme surprise pour moi et une bonne !


    En conclusion ? J'ai adoré la manière de voir de l'auteur pour la construction, la vie sur la lune. créer une ville de cette façon, y intégrer des rêves, des fantasmes de la beauté agrémentée de noirceur nous montre bien que ce n'est pas la planète qui fait l'Homme, mais bien l'inverse : tout ce qu'il touche ne devient pas forcément de l'or. Je pourrais même sortir des phrases bateau comme "faites attention aux souhaits que vous pourriez exaucer" ou "les rêves sont dangereux". Un personnage féminin fort qui n'hésite pas à se mettre en avant quitte à tendre la joue avant même de recevoir la première claque. Vous retrouvez énormément d'éléments perturbants ou non : des scènes poignantes qui donnent des frissons de déplaisir, des moments de doutes avec cette prison et tout ce qui l'entoure, des protagonistes qui veulent du pouvoir, de l'argent et rien d'autres. Passer du rêve à la réalité, Vendrell va apprendre à ses dépends que la seule personne sur qui elle peut compter c'est elle-même. dans un monde de gladiateurs, seul le bras armé est capable de se défendre. Une héroïne qui peut taper sur les nerfs certes, mais si elle avait été différente, le récit n'aurait pas eu la même saveur et surtout sa force de caractère n'aurait pas pu surmonter toutes ces épreuves. Quant à l'enquête, elle n'aurait probablement jamais eu de point final à poser sur le dossier en cours. Oups, j'allais oublier : j'adore la couverture !

     Extrait choisi :   

     

    « Lorsqu'il était contrarié, il aimait se planter devant le gigantisme de la ville terrienne. L'affront des deux agents lui était resté en travers de la gorge. L'image de l'agent Vendrell en mamba noir persistait en son esprit. Le serpent avait planté ses crocs et le seul moyen de s'en débarrasser serait de le décapiter. Il se dirigea vers son bureau et s'installa dans son fauteuil l'air soucieux. D'un geste brusque, il appuya sur une touche. Le grand écran tridimensionnel sur le mur en face de son bureau se brouilla et une sonnerie de téléphone retentit. L'impatience gagne l'homme, il tapotait dans un roulement de doigts le dessus du bureau. Une image s'afficha enfin. Celle d'une tête aux cheveux courts, blonds peroxydés, les yeux d'un bleu délavé, un visage dur sans expression aux lèvres fines et un gros diamant accroché au lobe de chaque oreille. »

     

     

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