Je remercie Merry Daurey pour m'avoir permis de lire sa nouvelle.

Nous sommes en présence d'une femme qui ne semble pas aller bien. Dans la salle d'attente d'un médecin, elle se pose des questions. Une mère est présente avec son enfant. Ce dernier sourit à tout le monde sans se rendre compte que lui est différent des autres. Est-ce que cette femme, Amélie qui attend dans la salle d'attente va faire le bon choix ?

Ce choix, c'est celui de toute femme lorsqu'elle se trouve en face d'un tel événement. Comment choisir justement entre faire un sacrifice sans savoir s'il sera réellement un sacrifice ou continuer à vivre comme les jours avant cette décision ? La vie n'est simple pour personne mais dans ce cas, c'est encore pire. La sensation d'être brisée, de n'avoir pas su faire correctement les choses. Se poser les questions sur le pourquoi cela arrive à eux et pas à quelqu'un d'autre. Tant de questions qui resteront sans réponses, car il n'y a qu'une seule réponse qui est sous les yeux : les résultats d'un double examen médical approfondit et les conséquences qui vont aller avec.

" Le deuil serait dur à affronter. Le deuil serait terrible, et inévitable. Mais nous pourrions essayer d’avoir un autre enfant. Un enfant en bonne santé, qui grandirait, irait à l’école. Un enfant que l’on gronderait car il ferait l’école buissonnière. Un enfant qui deviendrait un adolescent en pleine crise identitaire et qui détruirait les jantes de la voiture familiale car il aurait foncé dans un trottoir. Un adulte qui se marierait, qui aurait des enfants. Un adulte qui, peut-être, divorcerait car finalement ce n’était pas la bonne personne.

Un adulte qui déciderait d’être heureux ou malheureux. Un adulte qui vivrait sa propre vie en ayant le choix de faire des erreurs, qui aurait décidé de devenir banquier ou ramoneur. Ou écrivain. Ou saltimbanque.

Mais sûrement pas un adulte qui ne se rendrait pas compte que les yeux se baissaient sur son passage, que les enfants le pointaient du doigt car il souriait sans discontinuer."

Ce choix douloureux est traité dans ces quelques pages, plutôt bien amené d'ailleurs. Le regard des autres est toujours très importants pour la plupart des gens, sauf que c'est quoi le regard des gens ? Pour ma part, ceux qui regardent n'ont vraiment rien d'autre à faire et juger les autres sur leurs apparences signifient que leur vie est vraiment sans intérêt. Malheureusement nous sommes dans une société où le paraître est le plus important. Et ici, Amélie pense à son enfant s'il est regardé ainsi, est-ce que cela lui fera du mal, à lui ? Et sa vie, que deviendra-t-elle ?

Cette nouvelle est courte, j'aurai aimé en avoir plus, surtout que je l'ai relu deux fois car j'ai eu un doute à la fin. Mais elle est intéressante, car elle nous fait nous poser des questions sur ce que nous nous ferions dans cette situation. Il n'y a pas de jugement, juste des questions et des réponses que seuls nous avons. Le choix d'Amélie reste son choix, difficile, douloureux, mais c'est le sien.

Un petit mot sur les illustrations, certaines sont vraiment bien trouvées et bien positionnées. Sofy, qui en est l'illustratrice a su trouver le moyen de mettre en images certains passages. Par contre la couverture, je n'en suis pas fan.

En d'autres termes, une bonne lecture courte qui n'est pas si dramatique que cela, et qui fait réfléchir sur un sujet difficile.

Je remercie les éditions Sharon Kena pour l'envoi de ce service presse. J'aime beaucoup la couverture, sombre et sobre à la fois, annonçant que la romance sera érotique – ce qui je l'avoue m'a fait un peu peur, parce que l'érotisme et moi cela fait deux.

Sophia est une jeune femme qui a une vie normale. Pas d'enfance malheureuse, pas de violence conjugale. Elle vit normalement, a un travail, un mari aimant, une meilleure amie qui la soutient s'il y a besoin. Bref une vie rangée, simple, sans complications, le rêve pour beaucoup de femmes. Un soir, alors qu'elle va à un rendez-vous pour son travail, elle fait la rencontre de Dorian, un homme énigmatique, sombre, attirant. Cet homme décide d'acheter le bâtiment pourri que son agence lui propose. La transaction effectuée, Sophia n'arrivera pas à se l'ôter de la tête. Cet homme n'a pourtant pas fait grand chose, mais il y a une attraction animale entre eux qui se crée et qui ne la lâche plus. Sans compter l'invitation sous-entendu de ce fameux Dorian. A partir de ce moment, l'esprit de la jeune femme sera tourmenté. Que va-t-elle faire pour qu'il ne soit plus présent dans sa tête?

« Je m’appelle Sophia, j’ai trente et un ans et, dans ma vie, tout va bien. Je suis mariée depuis deux ans à un homme qui m’aime et que j’aime, j’ai un boulot qui me plaît, des amis. Je viens d’une famille unie, je n’ai jamais manqué de rien. Je n’ai pas connu de trahison, de drame ou d’épreuve impossible à surmonter. Je mène une existence calme et sereine, je suis heureuse, je ne souffre d’aucun manque et mes rêves sont ceux d’une femme ordinaire : posséder un jour une maison avec un grand jardin, où pourront jouer trois beaux enfants et un petit chien qui s’appellera Muffin. Rien d’extravagant, en somme, ce qui me va très bien.
Un long fleuve tranquille, voilà ce qu’était ma vie et ce que je pensais qu’elle resterait toujours. Mais quelqu’un, soudainement, va tout faire voler en éclats. »

L'histoire pourrait se baser sur une romance érotique classique, sauf que l'auteur rajoute cette petite pointe de fantastique qui passe très bien. Pas besoin de faire des tonnes pour comprendre ce que veut Dorian et lorsqu'il exige quelque chose, il est extrêmement difficile de refuser. Une jeune femme qui est mariée ne voulant pas céder aux avances d'un homme, une histoire banale qui aurait pu me déplaire, sauf que le personnage principal de Sophia ne se laisse pas faire. Elle ne se dit pas allez un petit coup vite fait et je retourne à ma vie bien rangée. Non elle va se battre pour l'éviter, l'oublier, faire en sorte que son mari soit plus présent. Sauf que son esprit, ses rêves sont peuplés de LUI. Est-ce uniquement l'esprit de la jeune femme qui le voit partout, ou lui-même qui réussirait à pénétrer en elle ? (sans mauvais jeux de mots)

J'ai apprécié le fait que Sophia se batte, dans un sens ou dans l'autre afin de ne pas devenir folle. Ses réactions sont, pour ma part, sensées. Elle aime son mari, sa vie, même si la passion manque au rendez-vous. Mais avec Dorian justement il y a cette passion et uniquement cela. Cet homme est dangereux bien plus que quiconque. Il est tellement riche qu'il ne compte plus rien. Il a beau être sexy, il n'en est pas moins dangereux. Lorsque sa colère est présente, la pièce ressent un besoin de disparaître pour ne pas exploser sous ce qu'il ressent. Et puis il y a David, le mari de Sophia. Il l'aime plus que tout, mais n'entretient pas la flamme entre eux. Est-ce un tort de lui si elle plonge dans les bras d'un autre au bout d'un moment, ou d'elle ne ne pas se refuser, ou encore de l'amant ? Un peu de tout, sans un entretien minimum du couple, la routine s'installe et les envies deviennent désirs insoutenables.

« Mon téléphone à la main, figée au milieu du hall comme si je venais de mettre le pied sur le déclencheur d’une mine anti-personnelle, je fixe le mot inscrit sur mon écran les yeux écarquillés et le cœur au bord de la rupture définitive.

« Aujourd’hui. »

Le texto provient de Dorian, évidemment. Qui d’autre se montrerait aussi loquace, poli et chaleureux ?
Les rouages de mon cerveau, grippés par l’affolement, mettent un temps fou à se remettre en fonctionnement et je me demande un instant ce qu’il veut dire par là. « Aujourd’hui » quoi ? Aujourd’hui on va à Saint-Malo ? Aujourd’hui on découvre enfin à quoi ressemble un rutabaga, parce que, vraiment, on n’en a aucune idée ? Aujourd’hui il pleut encore et ça commence à être très pénible, ce temps pourri ? »

J'ai adoré la fin. De toute manière je ne la voyait pas autrement, enfin si, disons que je voyais plus Dorian dans notre monde – pas évident de dire ce que j'imaginais sans dire ce qui se passe, mais je voyais bien ce qui se passe à Sophia arriver. Je n'imaginai pas autre chose du tout, donc cela me convient parfaitement. Oh, un petit mot sur Viktor, un personnage qui semble taciturne mais qui couvre les arrières de Dorian à la perfection. J'aime beaucoup cet homme qui ne dit pas grand chose, qui cache ses émotions, sauf dans son regard : un grand malade !

Côté bémols, je trouve dommage de ne pas en savoir plus sur Dorian. Nous savons qui il est, mais son passé est trouble, il m'a manqué des éléments pour mieux cerner sa personnalité et surtout le pourquoi il est ainsi – je parle de sa manière de parler essentiellement. Egalement le fait qu'il y ai pas mal de scènes de sexes m'ont fait tourner les pages plus vite pour arriver à la suite. En avoir une, deux, passe encore, mais dès que le quota d'érotisme dépasse un certain stade, je ne vois pas l’intérêt pour une romance surtout qu'ici, il y a de quoi faire. Entre la psychologie de la jeune femme qui est branlante, ses doutes et ses convictions qui se perdent en chemin et l'homme à découvrir, nous ne manquons pas de sujets au lieu des scènes d'intimité – ce n'est que mon avis bien entendu.

En conclusion, j'ai aimé le côté "psychose" de Sophia, car elle devient folle par moment, j'aime cela. Ce combat intérieur qui la brûle de l'intérieur, ces remords, ces regrets, ces envies et désirs qui ne savent plus où donner de la tête. Une romance fantastique très érotique – un peu trop pour moi – qui est bien écrite. Elle se laisse lire de manière très fluide. Les pages défilent et le mot de la fin arrive sans qu'on ne le voit vraiment. J'ai passé un bon moment de lecture en compagnie de ces personnages.